Jean-Pierre Caillot était l'invité de Philippe Vandel, lundi matin sur Europe 1. 4:53
  • Copié
Margaux Lannuzel , modifié à
"Tous les conflits se règlent à partir du moment où les gens se parlent", estime sur Europe 1 le président du Stade de Reims et membre du bureau de la Ligue de football professionnel (LFP), Jean-Pierre Caillot, alors que la crise ouverte par la fermeture de la chaîne Téléfoot semble s'installer. 
INTERVIEW

"On est des organisateurs de spectacles sans spectateurs et sans recettes", résume Jean-Pierre Caillot, président du Stade de Reims et membre du bureau de la Ligue de football professionnel. Invité de Culture Médias, lundi matin sur Europe 1, le responsable témoigne d'un "stress financier énorme" pour les clubs alors que la crise entre la LFP et les diffuseurs semble s'installer, un mois après l'échec de Mediapro. "Je pense qu'il ne faut pas regarder si on va sortir gagnants, il faut sauver les meubles", estime-t-il désormais. 

"L'effort à réaliser n'est pas totalement impossible"

"Pour cette année, on a 683 millions d'euros de sécurisés" par des annonceurs, explique Jean-Pierre Caillot. "Nos analyses économiques laissent penser qu'il faudrait arriver au minimum à 800 millions. Je pense que l'effort à réaliser par un diffuseur n'est pas non plus totalement impossible, quand on sait les sommes et les enjeux qui sont mis en place."

Les propositions de TF1, France Télévisions et M6 de diffuser gratuitement les matches prouvent que "le produit est premium et intéresse", estime le président du Stade de Reims à propos de la Ligue 1. Lundi, le groupe Mediapro a aussi proposé de continuer la diffusion des rencontres après le 31 janvier et "au moins jusqu'à la fin de la saison". Mais ces options ne sont pas à privilégier selon lui, ni celle d'un rachat de Téléfoot - la chaîne créée par Mediapro - par la LFP : "Je ne suis pas sûr que ce soit le business des clubs de football, de faire leur propre télé." 

Jean-Pierre Caillot est davantage séduit par l'hypothèse d'un service "OTT", notamment proposée par Jean-Michel Aulas, et qui proposerait une offre unique à un prix attractif, sans passer par les chaînes. "Ca peut être une solution. On est aujourd'hui dans un tel contexte que toutes les pistes sont à creuser", souffle-t-il. 

"J'espère que cette semaine nous ramènera du chaud"

Mais la piste à privilégier reste, selon lui, celle d'un accord avec Canal+, diffuseur historique de la Ligue 1. Alors que la chaîne semblait la plus à même de récupérer les droits du championnat, le patron de celle-ci, Maxime Saada, s'est pourtant prononcé la semaine dernière pour un nouvel appel d'offre - qui pourrait permettre une négociation à la baisse. "Ca souffle le chaud et le froid", commente Jean-Pierre Caillot. "On a pris un coup de froid en fin de semaine, j'espère que cette semaine nous ramènera du chaud." 

"Tous les conflits se règlent à partir du moment où les gens se parlent", estime encore le membre du bureau de la Ligue de football professionnel, ne trouvant pas "illogique" qu'il y ait "un peu de rancœur" du côté de Canal+ après le fiasco Mediapro. Si ce sentiment devait l'emporter et en l'absence d'accord, "on aurait une réunion entre présidents pour savoir s'il faut mieux diffuser gratuitement et maintenir notre produit, ou se servir de l'écran noir [en cessant momentanément de diffuser la Ligue 1, ndlr] pour faire pression", avance Jean-Pierre Caillot. 

Et le président du Stade de Reims de noter que malgré la crise, "il n'y a pas de désengagement des abonnés" à Canal+, qui aurait selon lui "intérêt" à rester la chaîne du foot. "On pense que si la situation durait, Canal perdrait des abonnés. Moi le premier, qui suis toujours abonné à Canal, même si je ne peux pas y voir de matches de foot." Jusqu'à quand ?