Charles Enderlin 2:23
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Laetitia Drevet , modifié à
Après avoir travaillé 34 ans en tant que correspondant de France 2 à Jérusalem, Charles Enderlin publie un livre où il raconte non seulement ses années de reportage mais aussi, et en détails, les relations entre journalistes de terrain et leur rédaction. Des rapports qui ont largement évolué ces dernières années. 
INTERVIEW

Des histoires à raconter, Charles Enderlin en a plein ses carnets. Après 34 ans en poste au bureau de France 2 en Israël, le journaliste les a rassemblées en un livre intitulé De notre correspondant à Jérusalem, le journaliste comme identité, qu'il publie aux éditions Don Quichotte. "L'idée est d’expliquer le travail du correspondant en poste à l'étranger et de raconter les relations entre le correspondant, l’envoyé spécial et la rédaction", explique-t-il lundi dans Culture Médias, sur Europe 1.

Charles Enderlin a quitté la France pour Israël, dont il a la nationalité, au début des années 1970. D'abord journaliste pour RMC, il rejoint en 1981 le bureau d'Antenne 2 à Jérusalem, qu'il dirigera de 1991 à 2015. Au fil des années, il a vu sa profession profondément évoluer. Il parle des années 1980 comme d'une "époque bénie" : "on n'avait pas internet, on nous fichait la paix." Pour joindre Paris, il fallait alors mettre une pièce dans une cabine téléphonique et appeler en PCV. "Et puis les portables et internet sont arrivés. Subitement, les rédacteurs en chef et les patrons nous appelaient de plus en plus souvent pour nous réclamer telle ou telle image dans nos reportages, qu'ils avaient vue sur internet. Si je leur disais que je ne l'avais pas filmée, ils me répondaient 'Ça ne fait rien, tu te débrouilles'", raconte-il. 

En 1987, une question surgit : Enderlin, Israélien, peut-il couvrir le côté palestinien ?

Cette liaison permanente entre le correspondant et ses patrons a selon lui une conséquence directe : "l'indépendance du journaliste de terrain est entrain de se perdre". Il prend l'exemple dans son livre d'un correspondant de France 2 en Birmanie auquel ses chefs avaient demandé, il y a quelques années, d'enregistrer un sujet en lui envoyant au préalable le texte de son commentaire. "Et plusieurs de ses reportages ont été réenregistrés avec une autre voix que la sienne", ajoute le journaliste. Il précise : "Personnellement, je n'ai pas eu tellement de difficultés de ce côté-là. On m'a plutôt laissé tranquille."

Dans son livre, Charles Enderlin aborde aussi les réflexions un peu plus personnelles qui ont jalonné sa carrière. En 1987, lors de la première intifada, une question se pose au sein de la rédaction parisienne de France 2 : Charles Enderlin, Israélien, peut-il couvrir le côté palestinien ? "La réponse a été oui. Je suppose que j'ai été sous la loupe d'un certain nombre de personnes à Paris pendant un moment. Mais ils m'ont finalement apporté leur confiance et leur soutien", conclut-il.