Les Assises de l'attention auront lieu le samedi 1er février à La Bellevilloise, à Paris. 1:42
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Céline Brégand
Pour alerter sur l'omniprésence des écrans dans nos vies et la façon dont les GAFA exploitent notre attention, des associations organisent les Assises de l'attention le 1er février. Yves Marry, cofondateur de l'association à l'initiative de cette journée et la docteure Anne-Lise Ducanda en parlent dans "Culture Médias" lundi.
INTERVIEW

Les écrans sont devenus omniprésents dans nos vies, créant chez nous une dépendance vis-à-vis de nos smartphones notamment, que l'on ne peut s'empêcher de consulter frénétiquement. Et l'attention est désormais une donnée très précieuse pour l'industrie des médias et du divertissement. Alors des associations et des représentants de la société civile ont décidé d'organiser les Assises de l'attention le samedi 1er février à La Bellevilloise, à Paris. 

"On aura besoin de solutions collectives et politiques pour réduire notre dépendance aux écrans"

"On a voulu se regrouper pour alerter et sensibiliser le plus largement possible l'opinion publique, les médias, et les décideurs politiques pour faire comprendre qu'arriver à se débarrasser de notre dépendance et de notre addiction aux écrans est non seulement une question individuelle, mais que c'est aussi un problème collectif. Et qu'on aura besoin de solutions collectives et politiques pour réduire notre dépendance aux écrans", explique, au micro de Philippe Vandel lundi, Yves Marry, le cofondateur de l'association "Lève les yeux !", à l'initiative de ces Assises.  

Les effets nocifs des écrans, notamment chez les plus jeunes, ont été corroborés par de nombreuses études, que des chercheurs comme Michel Desmurget en France ont étudiées. Egalement invitée de l'émission "Culture Médias" lundi, Anne-Lise Ducanda, médecin et cofondatrice du CoSE, le collectif Surexposition Écrans, dénonce le fait que les parents ne soient pas informés de ces dangers. "On a tellement répété que c'étaient de merveilleux outils d'apprentissage et que ça permettait l'autonomie, que tout le monde l'a cru. Mais aucune étude n'a montré que les enfants apprenaient mieux avec des écrans les mathématiques et le français. Bien au contraire", estime-t-elle. 

"Les retards de langage ont augmenté de 94% en huit ans"

"L'enfant a besoin d'humains. Toutes les études ont montré que les meilleurs apprentissages se faisaient dans l'interaction humaine, avec pour les petits la participation de tous les sens", note la médecin. "Les écrans volent du temps à tous ces apprentissages et en plus, il y a un bombardement sensoriel sur le cerveau de l'enfant qui stresse l'enfant plutôt que de le nourrir."

Anne-Lise Ducanda liste les effets nocifs de la surexposition aux écrans pour les enfants : des troubles de l'attention, "or sans attention, vous ne pouvez pas rentrer dans les apprentissages scolaires" ; des retards de langage "qui ont augmenté de 94% en huit ans selon les chiffres de l'Education nationale" ; des difficultés de compréhension ; des retards intellectuels ; des retards de motricités globale et fine ; des troubles des apprentissages "donc difficultés aussi à gérer les émotions et de l'intolérance à la frustration", de l'agressivité…

"Beaucoup d'entreprises obtiennent des revenus grâce au temps qu'on passe sur nos écrans"

Mais au-delà des impacts sanitaires et cognitifs, "il y a des impacts sociétaux et démocratiques", note Yves Marry. "Le débat public est monopolisé par des plateformes notamment américaines comme Twitter et Facebook, ce qui pose question quant à la qualité de notre débat démocratique", estime-t-il. 

Il explique qu'il existe en réalité "une économie de l'attention". "Beaucoup d'entreprises obtiennent des revenus grâce au temps qu'on passe sur nos écrans. Donc des mécanismes sont mis en place pour solliciter notre attention et nous prendre de notre temps parce que ça leur rapporte des revenus publicitaires et en données personnelles. C'est pour cela qu'on est autant sollicités", détaille Yves Marry. Des mécanismes face auxquels "on est en réalité un peu impuissants".