al-Sissi et Emmanuel Macron. 2:14
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Didier François, édité par Manon Fossat , modifié à
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi est en visite d'Etat en France et dîne lundi à l'Elysée avec Emmanuel Macron. Mais sa venue fait polémique, notamment auprès des organisations de défense des droits de l'Homme, qui dénoncent le sort réservé aux 60 .000 prisonniers politiques qui croupissent dans les geôles de son pays. 
ANALYSE

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi est en visite d'Etat lundi en France, et c'est peu dire que sa venue dérange. Si Emmanuel Macron a tenu à saluer le soutien de son homologue face aux appels au boycott dont l'Hexagone a été la cible dans le monde arabe, les organisations humanitaires sont vent debout contre ce déplacement. Et contre tout le faste qui l’accompagne. Lundi après-midi, le maréchal Sissi a été escorté par un escadron monté de la garde républicain lors de son trajet entre le ministère des Armées et le palais de l’Elysée, et ce avant d’être reçu en grande pompe par le président de la République.

Mardi, il déposera même une gerbe à la mémoire du soldat inconnu, au cours d’une cérémonie de ravivage de la flamme sous l’Arc de Triomphe. La France a donc tenu à lui dérouler le tapis rouge pour un traitement qui soit à la hauteur de l’excellente qualité des relations stratégiques entre la France et l’Egypte. 

Pourtant, des ONG ont quant à elles prévu un tout autre programme et manifesteront mardi pour dénoncer les atteintes aux droits de l'Homme du régime égyptien alors que quelques 60 .000 prisonniers politiques croupissent à ce jour dans les geôles du pays. Tous ne sont pas des islamistes arrêtés à l’issu du coup d’Etat de 2013 au cours duquel le maréchal Sissi a renversé le gouvernement élu, dirigé par les Frères Musulmans. Et il est vrai que les militaires égyptiens ont souvent la main lourde, voire très lourde, contre toute forme d’opposition, y compris les critiques démocratiques ou libérales. 

Le dilemme diplomatique d'Emmanuel Macron  

Mais c'est un dilemme classique de la diplomatie auquel Emmanuel Macron fait face. Peut-on parler avec des dictateurs ou doit-on s’interdire tout commerce, toute alliance avec eux ? La position des ONG est claire puisqu'elle rappelle les atteintes au droit du pouvoir égyptien et elles sont tout à fait dans leur rôle lorsqu’elles dénoncent les emprisonnement arbitraires.

Cela fait partie des valeurs de la France et de l’Europe et il n’est absolument pas question de les taire, mais la défense des droits de l’Homme ne peut être l’unique marqueur de la diplomatie. Le président de la République doit construire une politique étrangère dont l’objectif est de défendre les intérêts de la France, ce qui passe obligatoirement par des échanges commerciaux et par des alliances. 

Or l’Egypte du maréchal Sissi est l’un des rares pays du monde arabe qui soutient sans états d’âme la laïcité française face aux campagnes des islamistes contre les caricatures et qui a pris clairement position en Libye comme en Méditerranée face aux ambitions de la Turquie. Ce qui en fait incontestablement un partenaire stratégique de première importance.