Un pétrolier quitte un port libyen pour la première fois depuis 2014

Pétrole, Libye, port Ras Lanouf crédit : STRINGER / AFP - 1280
Les terminaux pétroliers sont au centre des luttes de pouvoir en Libye © STRINGER / AFP
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avec AFP , modifié à
Une cargaison de pétrole a quitté la Libye pour les côtes italiennes, une première depuis 2014.

Un pétrolier a appareillé avec 776.000 barils pour l'Italie mardi depuis le port libyen de Ras Lanouf pour la première fois depuis fin 2014, lorsque des combats ont éclaté pour le contrôle de terminaux du Croissant pétrolier, a-t-on appris auprès d'un responsable portuaire.

Une première cargaison. "Le Seadelta, qui bat pavillon maltais, vient de quitter le port de Ras Lanouf avec 776.000 barils de pétrole et il se dirige vers l'Italie. C'est la première cargaison de pétrole à quitter Ras Lanouf depuis novembre 2014", a déclaré à l'AFP Omran el-Fitouri, le coordinateur des exportations pétrolières du port. Il s'agit également de la première confirmation du départ d'un pétrolier depuis l'un des quatre ports du Croissant pétrolier depuis que les forces armées commandées par le controversé maréchal Khalifa Haftar en ont pris le contrôle.

Le Seadelta devait initialement recevoir une cargaison de pétrole brut de Ras Lanouf destinée à l'Italie et quitter le port dimanche. Il avait finalement dû se retirer vers un lieu sûr au large après les nouveaux combats près du port, avait expliqué la Compagnie nationale du pétrole (NOC). Les forces du maréchal Haftar se sont emparées il y a une semaine des quatre terminaux de la région du Croissant pétrolier (nord-est) : Zoueitina, Brega, Ras Lanouf et Al-Sedra qui étaient jusqu'alors contrôlés par la milice des Gardes des installations pétrolières (GIP), alliée au gouvernement d'union nationale (GNA).

Le pétrole au centre des luttes de pouvoir. En proie au chaos et aux divisions depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye compte deux autorités se disputant le pouvoir. Basé à Tripoli, le gouvernement d'union nationale, issu d'un accord parrainé par l'ONU, est reconnu par la communauté internationale. Mais dans l'Est, l'autorité rivale du maréchal Haftar ne reconnaît pas sa légitimité et continue d'exercer le pouvoir sur de vastes portions de territoire.  

Un besoin économique. Dans un pays où les exportations de pétrole brut représentent la principale ressource économique, les terminaux du Croissant pétrolier sont depuis 2011 au coeur de toutes les luttes de pouvoir. La Libye a un besoin pressant de relancer son secteur pétrolier, sa principale ressource économique. Sa production de brut a été divisée par cinq depuis 2010, alors que le pays dispose des plus importantes réserves pétrolières d'Afrique (estimées à 48 milliards de barils). 

Mais le départ du Seadelta, s'il devait marquer la reprise des exportations depuis Ras Lanouf, "ne devrait pas avoir d'impact sur le prix du brut aujourd'hui", a estimé Jeffrey Halley, analyste chez OANDA, car "le volume de pétrole exporté par la Libye est relativement limité".