«Un moment extraordinaire» : présent dans la chapelle Sixtine, le cardinal d'Ajaccio revient sur le conclave
Jeudi, pour la première fois de son histoire, l'Église catholique a élu un pape américain, Robert Francis Prevost, 69 ans, devenu jeudi Léon XIV. Présent dans la chapelle Sixtine lors du conclave, le cardinal d'Ajaccio François Bustillo revient pour Europe 1 sur les coulisses de cet événement.
Une grande première. Jeudi, les fidèles de la place Saint-Pierre avaient les yeux rivés vers la cheminée de la chapelle Sixtine, à attendre le résultat du conclave. Et, lorsque la fumée blanche s'y est échappée, la foule a exulté en apprenant l'élection du nouveau pape, le cardinal américain, Robert Francis Prevost, 69 ans, devenu jeudi Léon XIV. Un vote historique pour l'Église catholique qui n'avait jamais élu un pape provenant des États-Unis.
Alors que les 133 cardinaux avaient prêté solennellement serment dans la chapelle Sixtine, jurant de garder le secret sur leur vote et sur toutes les discussions autour de l'élection du successeur de François, le cardinal d'Ajaccio François Bustillo revient pour Europe 1 sur les coulisses du conclave.
"Quel privilège et quelle responsabilité"
"D'un point de vue humain et spirituel, je peux dire que l'événement est unique dans mon histoire. Quel privilège et quelle responsabilité que d'être à l'intérieur du conclave et de vivre dans la chapelle Sixtine, un lieu où tant de papes sont nés", s'est-il réjoui.
Pour le cardinal, être présent "dans un cadre spirituel absolument magnifique pour élire le nouveau pape était un moment extraordinaire". "Dans la mémoire d'un être humain et dans la mémoire d'un homme d'église, cela fait partie des événements uniques parce que l'on vit dans le secret et la confiance", insiste-t-il.
Ce rôle de cardinal n'est pas à prendre à la légère, comme le rappelle François Bustillo. "Il y a une responsabilité, c'est de donner le nouveau pape à l'Église catholique", souligne-t-il.
"La possibilité d'être pédagogue"
Mais alors, comment cela se passe-t-il ? "C'est un moment où l'on va vivre une liturgie. Et dans cette liturgie, on va faire naître un nouveau pape. Il y a des rites codés, simples, mais traditionnels, à travers lesquels on va élire un homme parmi nous comme pape. On va lui demander s'il accepte avant qu'il ne choisisse un nom", raconte le cardinal.
Toutes ces procédures représentent "des moments extrêmement importants et de responsabilité pour l'Église catholique". "Et on a vu avec quelle dévotion tous les médias ont suivi ce moment. Donc ça nous a donné la possibilité aussi d'être pédagogue", ajoute-t-il.
"Un effet positif et fécond pour l'Église"
En revanche, ce qui a étonné le monde au moment de la fumée blanche, c'est la rapidité du conclave qui a élu un pape en moins de deux jours. Un point sur lequel est revenu le cardinal d'Ajaccio. "Nous avons entendu beaucoup de journalistes et de médias dire qu'on ne se connaissait pas et que cela serait long", se souvient François Bustillo.
Mais cela n'a pas eu d'incidence sur le déroulé du conclave, au contraire. "C'était très intéressant, car si on arrivait à faire naître le pape en moins de 24 heures, cela signifiait que nous avions bien travaillé pendant les congrégations. On s'est connu, on a vu les visions et personnalités. Donc, la dizaine de jours où l'on s'est retrouvé pour travailler a eu un effet positif et fécond pour l'Église", assure-t-il.
François Bustillo a également pris le temps de rappeler que le cardinal Robert Francis Prevost ne faisait pas partie des favoris dans les différents médias, ni même le pape François lors de son élection en 2013.
"J'ai vu des choses absurdes"
Interrogé sur le détail des votes, le cardinal d'Ajaccio a rappelé son serment, jurant de ne pas dévoiler son vote et les discussions sur la succession. Mais il s'est tout de même exprimé sur les informations publiées dans la presse, notamment en Italie.
"Dans les médias, on a dit des choses qui ne sont pas très ajustées. Ici, en Italie, j'ai vu des choses absurdes qui n'ont aucun sens. Après, on laisse parler et on ne dogmatisait pas l'opinion des journalistes ou de quelqu'un", affirme François Bustillo. En revanche, il reconnait que le conclave a été très rapide.
"Ce que nous devions viser, ce n'était pas une tactique ou une stratégie. Le pape, il est un principe d'unité, donc il ne gagne pas contre un côté, mais il gagne pour les deux côtés. On a des sensibilités différentes, des visions qui divergent, mais le pape est le pape de tous", souligne-t-il. Et pour lui, Léon XIV "a la capacité", avec une "vision large et approfondie". "Il va pouvoir rassembler et faire l'unité", conclut François Bustillo en rappelant que les cardinaux ne sont pas "divisés" mais "différents".