Maurice Gourdault Montagne, ancien secrétaire général au Quai d'Orsay, est l'invité d'Europe 1 ce mercredi 11 mai. (Ilustration) 4:04
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Au micro de Sonia Mabrouk, Maurice Gourdault Montagne, ancien secrétaire général au Quai d'Orsay a notamment évoqué la vision des puissances non-occidentales sur la guerre qui oppose la Russie à l'Ukraine. D'après l'expert, des pays à l'instar de la Chine et l'Inde sont tiraillées entre des intérêts économiques liés à la fois à la Russie et l'Occident.

Invité politique de la matinale d'Europe 1, Maurice Gourdault Montagne, ancien secrétaire général au Quai d'Orsay, a évoqué la perception des pays non-occidentaux à la guerre qui oppose la Russie à l'Ukraine. Il analyse notamment la place de la Chine dans le conflit et estime que le soutien qui unirait la Chine à la Russie est à nuancer. 

Selon l'ancien secrétaire général du Quai d'Orsay, la Chine tient "à préserver des liens essentiels pour eux avec le monde occidental, les Etats-Unis et l'Union européenne avec lesquels ils font l'essentiel de leur commerce extérieur."

"Un rapport de l'ancien ambassadeur chinois en Ukraine effectue un bilan de la Russie. Le rapport explique que la guerre est un échec stratégique et que la Russie a été incapable de succéder à l'Union soviétique et de développer un système qui fonctionne, ce qui est une prise de distance", analyse Maurice Gourdault Montagne. D'après l'ancien secrétaire général au Quai d'Orsay, la Chine développe deux discours. Ainsi, "la propagande officielle chinoise continue à développer des thèses russes, mais il n'y a aucun geste de la Chine pour soutenir la Russie", a-t-il analysé sur Europe 1. 

La reconstitution de circuits économiques 

Maurice Gourdault Montagne a également évoqué le regard des autres puissances non-occidentales sur le conflit en Ukraine. "Aux Nations-Unies, il y a eu une quarantaine d'abstentions sur centre-quatre vingt dix pays. D'une certaine manière, ces pays nous regardent en disant c'est un conflit entre Blancs, c'est un conflit entre l'OTAN, les Américains et la Russie. Est-ce que ça nous concerne ? Est-ce que nous devons prendre parti ?", a-t-il déclaré.

L'ancien secrétaire général a étayé son propos grâce à l'exemple de l'Inde : "Le Premier ministre Narendra Modi était en France en visite la semaine dernière. Nous avons essayé de le convaincre de se rallier à cette condamnation de la guerre. L'Inde condamne mais souhaite préserver ses relations avec la Russie. Ils sont voisins de la Chine et ils souhaitent donc préserver l'alliance russe face aux Chinois. Chaque sujet est compliqué."

 

"Ces pays se disent, après tout, est-ce qu'il ne faut pas continuer à prendre nos distances ? Faisons très attention car des circuits économiques, des circuits d'échanges, des circuits financiers sont en train de se reconstituer, en dehors de nous, en dehors des Européens, en dehors des Américains. Les Russes vont continuer à exporter par d'autres moyens. Les Chinois vont continuer à acheter aux Russes. Toutes les puissances non-occidentales vont continuer à acheter aux Russes. Et donc nous sommes en train de perdre des canaux et des circuits économiques qui sont très importants pour nous", prévient Maurice Gourdault Montagne.