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avec AFP , modifié à
Au 86e jour de guerre en Ukraine, les forces russes accentuent toujours la pression dans le Donbass, dans l'est du pays, qu'elles ont transformé en "enfer", a affirmé vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Europe 1 fait le point sur l'évolution de la situation.
L'ESSENTIEL

Une pression toujours plus forte dans la région du Donbass, nerf du conflit dans l'invasion russe en Ukraine. Les forces russes ont transformé cette zone en "enfer", a affirmé vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a par ailleurs estimé que l'aide massive annoncée par Washington à Kiev constitue un investissement pour la sécurité de l'Occident. Le Congrès américain a débloqué jeudi une enveloppe gigantesque de 40 milliards de dollars pour soutenir l'effort de guerre de l'Ukraine face à la Russie. Et les ministres des Finances du G7 ont commencé à faire le compte des milliards que chaque pays pourrait verser à Kiev.

Les principales informations à retenir :

  • 40 milliards de dollars débloqués par le Congrès américain pour soutenir l'Ukraine
  • 12 personnes ont péri à Severodonetsk dans la région de Lougansk
  • Fin de la résistance à Marioupol
  • Le G7 mobilise 19,8 milliards de dollars

Pour la première fois depuis le début du conflit, les chefs d'état-major américain et russe, les généraux Mark Milley et Valéri Guerassimov, se sont parlé jeudi au téléphone, a par ailleurs rapporté le ministère américain de la Défense.

Une aide américaine pour financer des équipements lourds

"Pour nos partenaires, ce ne sont pas juste des dépenses ou un don", a réagi le président ukrainien dans son adresse vidéo dans la nuit de jeudi à vendredi. "C'est leur contribution à leur propre sécurité car la protection de l'Ukraine signifie leur propre protection contre de nouvelles guerres et crises que la Russie peut provoquer", a-t-il affirmé.

La nouvelle aide américaine doit notamment permettre à l'Ukraine de s'équiper en blindés et de renforcer sa défense anti-aérienne, à l'heure où la Russie concentre ses efforts dans l'est et le sud du pays après avoir échoué à prendre Kiev et Kharkiv, dans le nord. Moscou cherche notamment à conquérir totalement le Donbass, région russophone partiellement contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses.

"Les forces armées ukrainiennes continuent de faire des progrès dans la libération de la région de Kharkiv. Mais les occupants tentent de renforcer davantage la pression dans le Donbass. C'est l'enfer, et ce n'est pas une exagération", a déclaré le président ukrainien.

Severodonetsk écrasée sous les tirs

Les bombardements russes ont fait 12 morts et 40 blessés jeudi à Severodonetsk, dans la région de Lougansk, selon le gouverneur local Serguiï Gaïdaï. Il a affirmé que la plupart des tirs avaient touché des immeubles d'habitation, et que le bilan pourrait s'alourdir. Une équipe de l'AFP sur place a constaté que cette cité industrielle était transformée depuis plusieurs jours en champ de bataille et écrasée sous les tirs d'artillerie.

"Je ne sais pas combien de temps nous pouvons tenir", a dit Nella Kachkina, 65 ans, ancienne employée de la municipalité, aujourd'hui à la retraite. Severodonetsk et Lyssytchansk constituent la dernière poche de résistance ukrainienne dans la région de Lougansk. Les Russes encerclent ces deux localités, séparées par une rivière, et les bombardent sans relâche. Par ailleurs, les soldats russes ont tué jeudi cinq civils dans la région de Donetsk, également dans le Donbass, selon le gouverneur Pavlo Kyrylenko.

Statu quo dans le Nord

Après le retrait russe des environs de Kharkiv (Nord-Est) qui a permis à l'Ukraine de reprendre du terrain autour de la deuxième ville du pays, "les forces armées ukrainiennes continuent de faire des progrès dans la libération de la région", selon le président Zelensky. Mais l'ISW fait état d'informations sur des "tentatives par les forces russes de reprendre le contrôle de localités perdues lors de la contre-offensive ukrainienne au nord de Kharkiv". 

Aide occidentale massive à l'Ukraine

Les pays du G7 ont promis vendredi de mobiliser 19,8 milliards de dollars (18,7 milliards d'euros) pour soutenir les finances ukrainiennes, lors d'une réunion des ministres des Finances en Allemagne. La veille, le Congrès américain a débloqué une gigantesque enveloppe de 40 milliards de dollars pour l'Ukraine.

"C'est leur contribution à leur propre sécurité, car la protection de l'Ukraine signifie leur propre protection contre de nouvelles guerres et crises que la Russie peut provoquer", a réagi Volodymyr Zelensky.

Poussée russe dans l'Est

Dans le bassin houiller du Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a affirmé que les forces de Moscou et des séparatistes avaient pris le contrôle de la quasi-totalité de Lougansk, une des deux régions du Donbass. L'armée russe "a intensifié ses offensives et tentatives d'assaut" dans le Donbass, globalement toutes repoussées, et a bombardé "toute la ligne de front", selon le ministère ukrainien de la Défense. Les forces russes ont transformé le Donbass en "enfer", a affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de son allocution dans la nuit de jeudi à vendredi.

Les villes jumelles de Severodonetsk et Lyssytchansk, bombardées sans relâche, constituent la dernière poche de résistance ukrainienne dans la région de Lougansk. "Les forces russes intensifient leurs opérations pour avancer au nord et à l'ouest de Popasna en vue d'une offensive vers Severodonetsk", indique l'Institut américain d'étude de la guerre (ISW).

Fin de la résistance à Marioupol

Les derniers combattants ukrainiens retranchés dans les entrailles de l'aciérie Azovstal, à Marioupol, ultime poche de résistance dans ce port stratégique sur la mer d'Azov désormais contrôlé par les troupes russes, ont annoncé vendredi avoir reçu l'ordre de cesser le combat. Ces derniers jours, 1.908 d'entre eux ont "déposé les armes", a déclaré le ministre russe de la Défense, mais Kiev récuse le terme de reddition, Volodymyr Zelensky évoquant "le sauvetage de nos héros". "La forte résistance ukrainienne à Marioupol depuis le début de la guerre implique que les forces russes dans la zone soient rééquipées et réapprovisionnées avant de pouvoir être redéployées efficacement", ce qui peut prendre du temps, souligne le ministère britannique de la Défense.

"Mais les commandants russes sont sous pression pour atteindre de manière visible des objectifs opérationnels, ce qui signifie que la Russie redistribuera probablement ses forces rapidement sans préparation adéquate, ce qui risque d'entraîner une attrition supplémentaire", ajoute-t-il. Plus à l'Ouest, près d'Odessa, le grand port ukrainien sur la mer Noire, "les forces russes renforcent leur présence navale autour de l'île aux Serpents pour consolider leur dispositif" sur cette position stratégique, selon l'ISW.

L'Ukraine veut organiser un échange de prisonniers

Membres pour l'essentiel d'une unité de fusiliers marins et du régiment Azov fondé par des nationalistes ukrainiens, les combattants évacués étaient retranchés depuis plusieurs semaines dans le dédale de galeries souterraines creusées à l'époque soviétique sous la gigantesque aciérie, massivement bombardée par les Russes.

Dans une vidéo publiée jeudi, Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment Azov, a confirmé être toujours dans l'usine avec le reste du commandement, refusant de dévoiler les détails de l'"opération" en cours. Leur sort reste en suspens : l'Ukraine veut organiser un échange de prisonniers de guerre, mais la Russie a fait savoir qu'elle considérait au moins une partie d'entre eux non pas comme des soldats, mais comme des combattants "néonazis".

Une menace pour l'alimentation mondiale

La guerre menace d'aggraver la crise alimentaire mondiale, car elle perturbe gravement l'activité agricole et les exportations céréalières de l'Ukraine, pays qui était jusque-là le quatrième exportateur mondial de maïs et en passe de devenir le troisième exportateur de blé.

"Arrêtez de bloquer les ports de la mer Noire ! Autorisez la libre circulation des navires, des trains et des camions transportant de la nourriture hors d'Ukraine", a lancé jeudi soir le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU. Ce à quoi l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, a rétorqué en dénonçant une volonté occidentale "de faire porter le chapeau à la Russie pour tous les problèmes du monde".