Syrie : Carla Del Ponte estime avoir assez de preuves pour condamner Assad

Carla Del Ponte
Carla Del Ponte, ancienne procureure, est membre démissionnaire de la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie. © FABRICE COFFRINI / AFP
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avec AFP
L'ancienne procureure, qui vient d'annoncer sa démission de la Commission d'enquête de l'ONU, affirme dans une interview avoir suffisamment d'éléments pour condamner le dictateur pour crimes de guerre.

La Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a suffisamment de preuves pour condamner Bachar al-Assad pour crimes de guerre. C'est ce qu'affirme, dans une interview aux médias suisses Le Matin Dimanche et SonntagsZeitung publiée dimanche, l'un de ses membres éminents, Carla Del Ponte, qui vient d'annoncer sa démission.

"Les preuves sont suffisantes". "Les preuves sont suffisantes pour condamner le président syrien Bachar al-Assad de crimes de guerre, j'en suis convaincue", déclare l'ancienne procureure spécialiste des crimes de guerre. "Mais en raison du veto de la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU sur la création d'un tribunal international, il n'y aura ni accusation ni tribunal spécial pour l'instant." Et Carla Del Ponte de juger la situation "frustrante". "C'est une tragédie", ajoute-t-elle. "Sans justice en Syrie, il n'y aura jamais de paix, et donc aucun avenir."

Une Commission "qui ne fait absolument rien"... "Je n'ai jamais vu un conflit aussi violent, dans lequel il y a autant d'enfants morts, torturés, décapités. Les enfants sont les premières victimes de ce conflit", souligne encore Carla Del Ponte, connue pour son franc-parler. De nationalité suisse, cette femme de 70 ans avait annoncé la semaine dernière son départ de la Commission d'enquête, affirmant être "frustrée" face à une institution qui "ne fait absolument rien". Dans cet entretien, elle précise avoir envoyé jeudi sa lettre de démission, et ajoute qu'elle démissionnera officiellement le 18 septembre, date de la prochaine session de la commission. "Ma démission est aussi une provocation. Elle doit servir à mettre la pression sur le Conseil de sécurité, qui doit rendre justice aux victimes", dit encore Carla Del Ponte, qui travaillait pour la Commission depuis septembre 2012.

...et n'a jamais été autorisée à se rendre en Syrie. La Commission d'enquête indépendante de l'ONU avait été créée en août 2011 par le Conseil des droits de l'homme, quelques mois après le début du conflit syrien. Présidé par le Brésilien Paulo Pinheiro, l'organisme a déjà rendu de nombreux rapports mais n'a jamais été autorisé par Damas à se rendre en Syrie. Après le départ de Carla Del Ponte, la Commission d'enquête ne comptera plus que deux membres. Mais le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a estimé lundi qu'elle devait poursuivre ses travaux malgré tout. Carla Del Ponte, elle, affirme être partante pour diriger un tribunal pour la Syrie, si jamais un tel tribunal devait être mis en place.