Soudan : l'ONU s'alarme sur les atrocités commises à El-Facher, des photos satellites confirment l'ampleur des massacres
La situation au Soudan inquiète les plus hautes sphères mondiales. Depuis la chute de la commune d'El-Facher aux mains des paramilitaires soudanais des Force de soutien rapide, des milliers de civils ont fui la ville. Tous assurent que des exactions ont lieu dans la région. Des propos appuyer par des photos satellites d'une organisation américaine, qui conclut "un processus systématique et intentionnel de nettoyage ethnique" contre les peuples non arabes du Darfour.
L'ONU tire la sonnette d'alarme : le conseil de sécurité de l'organisation a exprimé jeudi sa "profonde inquiétude" sur "l'escalade" au Soudan, après que la ville d'El-Facher soit tombé aux mains des paramilitaires soudanais des Forces de soutien de rapide (FSR), dimanche 26 octobre.
Dans cette commune qui a été assiégée pendant 18 mois, des milliers de civils ont fui ces derniers jours et rapportent des massacres sur les populations locales. De son côté, le chef des opérations humanitaires onusiennes a parlé d'"informations crédibles d'exécutions de masse". Des informations qui ont été confirmées via des photos aériennes.
"Nettoyage ethnique"
"L'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a insisté le chef des opérations humanitaires de l'ONU Tom Fletcher. Au total, plus de 36.000 civils ont fui depuis le 26 octobre El-Facher, alors que des organisations humanitaires craignant des massacres et des ciblages "ethniques" dans cette ville coupée des secours.
De son côté, le Humanitarian Research Lab de l'Université américaine Yale (HRL), qui analyse des vidéos et des images satellite, conclut à "un processus systématique et intentionnel de nettoyage ethnique" contre les peuples non arabes du Darfour comme les Fours et les Zaghawas, "des déplacements forcés et des exécutions massives".
Au moins de 2.000 victimes
Parmi les attaques les plus marquantes : celle d'une maternité, dans laquelle 460 personnes ont été tuées, indique l'Organisation Mondiale de la Santé. De leur côté, le réseau des médecins du Soudan estiment que près de 2.000 personnes ont été tués rien que durant les deux premiers jours de l'entrée des FSR dans El-Facher.
Face aux accusations, les paramilitaires soudanais des Forces de soutien de rapide ont affirmé avoir arrêté certains de leurs combattants soupçonnés d'exactions massives. "En conformité avec les ordres de la hiérarchie et dans le respect de la loi, des règles d'engagement et de la discipline en temps de guerre, nos forces ont arrêté plusieurs individus (de nos forces) accusés d'exactions commises lors de la libération d'El-Facher", ont indiqué les FSR dans un communiqué jeudi soir.
Elles ont précisé notamment avoir écroué un combattant surnommé Abou Loulou, vu en train d'exécuter des personnes non armées dans plusieurs vidéos dont l'authenticité a été confirmée.
Rivalités régionales
Le conflit au Soudan s'enlise. les pourparlers en vue d'une trêve menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les États-Unis, l'Égypte, les Émirats arabes Unis et l'Arabie saoudite sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.
La guerre au Soudan, qui fait aussi craindre la séparation du pays déjà, amputé du Soudan du Sud en 2011, se joue sur fond de rivalités régionales. Les FSR ont reçu armes et drones des Émirats arabes unis d'après des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Égypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.