Russie : plus de deux ans de prison pour l'opposant Navalny

Alexeï Navalny a été condamné à une peine de prison ferme.
Alexeï Navalny a été condamné à une peine de prison ferme. © HANDOUT / MOSCOW CITY COURT PRESS SERVICE / AFP
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avec AFP , modifié à
Un tribunal russe a ordonné une peine de prison pour ferme pour Alexeï Navalny. Il devra purger trois ans et demi de prison de sa peine prononcée en 2014, moins les mois qu'il avait passés assigné à résidence cette année-là. L'organisation de l'opposant à Vladimir Poutine a appelé à une manifestation immédiate à Moscou.

Un tribunal de Moscou a ordonné mardi l'emprisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny, révoquant le sursis d'une précédente condamnation, une décision suivie d'un appel à manifester de ses partisans. La juge Natalia Repnikova a indiqué que le détracteur du Kremlin devra purger trois ans et demi de prison de sa peine prononcée en 2014, moins les mois qu'il avait passés assigné à résidence cette année-là. L'opposant peut encore faire appel.

Selon la cour, il a violé les conditions du contrôle judiciaire qui accompagnait sa peine, comme cela lui était reproché dans une demande des services pénitentiaires et du parquet.

La peine la plus lourde infligée au principal détracteur de Poutine

Son avocate, Olga Mikhaïlova, a indiqué que son client devrait effectuer "environ" deux ans et huit mois de prison, et qu'il fera appel. "Nous nous rassemblons dans le centre de Moscou immédiatement, on vous attend sur la Place du Manège", au pied du Kremlin, a indiqué dans la foulée son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption. Des dizaines de policiers casqués ont été rapidement déployés sur les lieux, selon un journaliste de l'AFP. Les stations de métro environnantes ont été fermées dans la foulée, selon les agences russes qui font état de premières interpellations.

Il s'agit de la peine de prison la plus longue infligée à celui qui s'est imposé en dix ans comme le principal détracteur de Vladimir Poutine. Ses précédentes détentions se comptaient en jour ou en semaines. Selon l'opposant, le pouvoir russe cherche ainsi à le faire taire et à intimider un mouvement de contestation naissant qui a vu des dizaines de milliers de Russes manifester ces deux dernières semaines.

Alexeï Navalny avait été condamné à ce sursis en 2014 pour des détournements dans la filiale russe du groupe français Yves Rocher, via une entreprise de transport qu'il détenait avec son frère Oleg. La Cour européenne des droits de l'Homme avait dénoncé ce verdict.

Des milliers d'arrestations le week-end dernier lors de manifestations

Navalny a été arrêté le 17 janvier puis incarcéré au moins jusqu'au 15 février à son retour d'Allemagne où il avait été soigné cinq mois durant des conséquences d'un empoisonnement dont il accuse le Kremlin. Il a appelé depuis à des manifestations qui, malgré leur interdiction, ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes en Russie les 23 et 31 janvier. Des milliers de manifestants ont été arrêtés à chaque fois.

Avant le jugement mardi, la police russe, équipée de moyens anti-émeutes, avait d'ailleurs été déployée en nombre dans le centre de la capitale russe, selon des journalistes de l'AFP. La répression des manifestations et l'incarcération d'Alexeï Navalny ont aussi été vivement dénoncées en Occident, l'UE et les Etats-Unis appelant à sa libération immédiate.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a demandé mardi la libération d'Alexei Navalny, qualifiant la peine de prison infligée à l'opposant au Kremlin de "coup sévère" porté à l'Etat de droit en Russie. "Le verdict d'aujourd'hui contre Alexeï Navalny est un coup sevère contre les libertés fondamentales et l'Etat de droit en Russie", a déclaré Heiko Maas dans un tweet. "Navalny doit être libéré immédiatement".

De son côté, Emmanuel Macron a jugé "inacceptable" cette condamnation et a appelé à la "libération immédiate" de l'opposant russe. "La condamnation d'Alexeï Navalny est inacceptable. Un désaccord politique n'est jamais un crime. Nous appelons à sa libération immédiate. Le respect des droits humains comme celui de la liberté démocratique ne sont pas négociables", a réagi le président dans un tweet.