Selon notre éditorialiste, quelque soit l'élu, l'incertitude va dominer. 2:01
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Vincent Hervouet , modifié à
Pas d’état de grâce, pas de surprise, pas de choc…mercredi matin, dans le résultat de la course à la Maison-Blanche, c'est l'incertitude qui domine, constate sur Europe 1 l'éditorialiste Vincent Hervouët, et probablement encore pour plusieurs jours voire semaines.

Le suspense est total mercredi sur l'issue de l'élection présidentielle américaine, alors que les résultats définitifs dans plusieurs Etats, dont certains susceptibles de basculer d'un côté ou de l'autre, étaient encore inconnus.
L'ancien vice-président démocrate Joe Biden devance légèrement le président républicain Donald Trump au nombre des grands électeurs. Pour notre éditorialiste Vincent Hervouët, cette incertitude va probablement durer plusieurs jours voire semaines.

"Mercredi matin, le suspense continue, et c'est la frustration qui domine. Il faut attendre. C'est un supplice, on a perdu l'habitude. On n'en peut plus des commentaires, on veut des chiffres ! Mais la Pennsylvanie dort et le devoir est accompli. Tous les 4 ans, on redécouvre donc que l'Amérique, c'est loin, que le système électoral est bizarre, que la seule chose prévisible, c'est la date du vote, le coût dément de la campagne et la passion qui saisit les Français.

La machine électorale américaine ménage ses surprises

Alors, on ne voit pas la vague bleue attendue. Pas encore. Tous les quatre ans, la machine électorale américaine ménage ses surprises. Ce matin, on se croirait de retour en l'an 2000. Rappelez-vous la confusion : on a cru Al Gore élu, puis George Bush. On a commencé à recompter les bulletins en Floride. La Cour suprême y a mis le holà et a tranché. C'était le 12 décembre, cinq semaines après le vote, et Bush l'a emporté. En fait, le recomptage a d'ailleurs montré que Al Gore aurait pu être président.

>> PODCAST - (Ré)écoutez Mister President

Le politologue Olivier Duhamel vous raconte l'incroyable histoire des élections présidentielles américaines depuis 1948, de Truman à Obama, de Kennedy à Clinton en passant par les Bush, père et fils… >>> Retrouvez les 12 épisodes sur notre site Europe1.fr,  sur Apple Podcasts, Google Podcasts, SoundCloud ou vos plateformes habituelles d’écoute.

Le cas est unique, mais il y a toujours toujours une surprise. En 2008, l'élection de Barack Obama était une illusion lyrique. Un black à la Maison-Blanche, l'impensable qui arrive, l'Amérique en état de grâce, c'est le monde qui reste baba devant son sourire ravageur. On lui a même donné le prix Nobel de la paix avant qu'il ait fait quoi que ce soit.

La base de Trump résiste

2008, c'était une révélation. 2016, c'est la révolution avec Donald Trump. La revanche de l'Amérique profonde sur l'État profond. Un bras d'honneur aux sondeurs, aux médias, au système. Un coup de théâtre qu'ils ressentent comme un coup d'Etat. Et pendant quatre ans, Trump s'est employé à mériter le mépris dans lequel le tiennent les professionnels de la politique.

2020 devait être sa répudiation. Eh bien, c'est raté. Sa base résiste. Alors que les républicains semblent en train de perdre le Sénat, Joe Biden a mené campagne sur le retour du bon vieux temps, la parenthèse qui se referme, le retour à la normalité. Eh bien dans la frustration ce matin, on sait au moins que ça n'arrivera pas".