Le candidat grimpe en flèche dans les sondages et a officialisé sa candidature, dimanche. 2:00
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Xavier Yvon, édité par Margaux Lannuzel , modifié à
Fils d'immigrés maltais, ce trentenaire (ouvertement homosexuel) a officialisé sa candidature à l'investiture démocrate pour 2020, dimanche, dans l'Indiana.

 

S'il était élu, il serait à la fois le plus jeune président américain et le premier homosexuel à la Maison-Blanche. Officiellement candidat à l'investiture démocrate pour 2020 depuis ce week-end, Pete Buttigieg - prononcez  "BOOT-edge-edge", préconise son compte Twitter - monte dans les sondages, crève l'écran et fait fi d'un patronyme imprononçable dont il se moque lui-même. Dimanche, dans le public de son dernier meeting, chez lui, dans l'Indiana, les militants rencontrés par Europe 1 en étaient persuadés : "Bientôt, tout le monde saura dire son nom".

Fils d'immigrés et ancien militaire. Sur scène, le candidat déroule un CV peu commun : fils d'immigrés maltais, étudiant brillant à Harvard, lieutenant déployé en Afghanistan, marié à un homme et maire d'une petite ville désindustrialisée du Midwest. "On vend un mythe aux communautés rurales et industrielles", selon lequel "on pourrait arrêter le temps et revenir en arrière", clame-t-il devant une foule en liesse, en référence au slogan de Donald Trump martelé depuis des années: "rendre sa grandeur à l'Amérique". "S'il y a bien une chose qu'a montré South Bend, c'est qu'il n'existe pas de politique honnête basée sur le mot 'encore'."

South Bend, c'est la ville du candidat à l'allure juvénile, mais déjà fédérateur. Pete Buttigieg vient de ces territoires qui ont fait basculer l'élection en faveur de Donald Trump, la "Rust Belt", cette "ceinture de la rouille" située au nord-est des États-Unis et abîmée par le déclin des industries. S'il n'y a fait aucune proposition concrète dimanche, ce que personne n'attendait à ce stade de sa campagne, Pete Buttigieg a rappelé les valeurs auxquelles il était attaché : égalité raciale et des sexes, droit à l'éducation et à la santé, politique migratoire raisonnée, protection des salariés et lutte contre le changement climatique.

"Un message d'espoir" pour l'Amérique. Dans la foule, dont une partie a dû rester sous la pluie à l'extérieur faute de place, ses administrés - il a été réélu en 2015 avec 80% des voix - sont ses principaux supporters. "Il a transformé le centre-ville, il a ramené de l'activité et de la vie", dit un vieil habitant. "Il va faire pareil pour l'Amérique." Quant à sa jeunesse - il a 37 ans -, Pete Buttigieg y voit un atout. Il l'explique à Europe 1 en français, l'une des huit langues qu'il maîtrise : "Notre message est un message d'espoir, fondé sur l'idée que notre génération doit traiter les problèmes du futur."

Dans l'Amérique de Donald Trump, ce message d'espoir résonne. Près de trois mois après le lancement de son comité exploratoire pour une candidature, les résultats sont au-dessus de ses espérances : le candidat a récolté 7 millions de dollars (environ 6,1 millions d'euros) de contributions, davantage que la plupart de ses concurrents, et figure à la troisième place dans les derniers sondages pour les primaires de l'Iowa et du New Hampshire, les premiers États à voter. Inconnu il y a encore quelques semaines, Pete Buttigieg a clos son meeting en embrassant son mari, dans une scène historique : ouvertement homosexuel, il est d'ores et déjà le premier candidat à la présidentielle marié à une personne de même sexe. Et répète, à l'envi, que la décision de la Cour suprême favorable au mariage pour tous (en 2015) lui a offert "la liberté la plus importante de sa vie".