Plus grand, plus robuste, plus durable... Comment le nouveau porte-avions français surpassera son prédécesseur ?

Le porte-avions Charles-de-Gaulle
Le porte-avions Charles-de-Gaulle sera remplacé d'ici à 2038. © SAJJAD HUSSAIN / AFP
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Romain Rouillard , modifié à
Dans un entretien accordé au "Parisien" ce dimanche, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a dévoilé le calendrier de construction du tout nouveau porte-avions français qui entrera en fonction d'ici à 2038. Un bâtiment plus grand, plus stable et globalement bien plus performant que le Charles-de-Gaulle. 

Un monstre des mers de plusieurs dizaines de milliers de tonnes, grand comme trois terrains de football qui pourra accueillir près de 2.000 marins à l'horizon 2038. En 2025, débutera le titanesque chantier du nouveau porte-avions français. Celui qui devra mettre à la retraite le célèbre Charles-de-Gaulle, en fonction depuis le début du siècle. Une opération estimée à 10 milliards d'euros qui doit offrir à la France un bâtiment capable de répondre aux nombreux défis militaires qui s'imposeront dans les décennies à venir. 

"Ce nouveau porte-avions sera un bâtiment du 21e siècle tandis que le Charles-de-Gaulle est un bâtiment du 20e siècle", résume auprès d'Europe 1 le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale. Tout en soulignant l'efficacité de l'actuel porte-avions tricolore - un outil "parfaitement opérationnel" - il a égrené la liste des améliorations qui embarqueront à bord du nouveau joyau de la marine. 

Grand, stable, robuste mais aussi plus confortable

Avec tout d'abord, un constat assez basique mais ô combien primordial en la matière : le nouveau géant des mers tricolore sera "plus grand" que son prédécesseur avec ses 305 mètres de long et son poids total à vide de 75.000 tonnes (contre 42.000 pour le Charles-de-Gaulle). "Plus un bateau est grand et plus il sera stable, surtout lorsque la mer est mauvaise", souligne le général Pellistrandi.

Un gabarit plus imposant qui facilitera également les opérations à mener à l'intérieur du bâtiment. "Un porte-avions, c'est une vingtaine d'ascenseurs. Certains réservés aux personnels, d'autres pour les vivres et les munitions et tous n'ont pas les mêmes caractéristiques de sécurité. Leur modernisation est plus facile sur un porte-avions plus grand", fait remarquer Jérôme Pellistrandi. Ses dimensions lui permettront, par ailleurs, d'embarquer l'avion de combat de nouvelle génération qui doit succéder au fameux "Rafale" produit par le groupe Dassault Aviation. Enfin, l'habitabilité réservée aux marins sera considérablement revue à la hausse. "Dans le Charles-de-Gaulle, on avait une habitabilité des années 80. Là, dans les cabines des équipages, ce ne sera pas comme sur les paquebots de luxe mais le confort sera bien supérieur", note le général Pellistrandi.

Sur le volet purement militaire, ce nouveau porte-avions offrira des performances de tout premier plan. Il pourra ainsi accueillir une trentaine d'avions de chasse mais aussi des drones d'accompagnement. Tout en faisant preuve d'une robustesse de tous les instants. "Il saura aussi encaisser les coups", promet Jérôme Pellistrandi. Enfin, les moyens de communication dont il disposera outrepasseront largement ceux qui équipent actuellement le Charles-de-Gaulle. "En clair, il sera capable de répondre aux menaces de 2030-2040", synthétise le général. 

Une meilleure durée de vie

Cette nouvelle version du porte-avions français sera également dotée d'une meilleure durée de vie et devrait pouvoir sillonner les mers pendant 50 ans, contre 30 actuellement. De quoi faire aussi bien que ses homologues américains. À l'instar du Charles-de-Gaulle, il profitera lui aussi d'une propulsion nucléaire, la France étant le seul pays au monde, avec les États-Unis, à maîtriser cette technologie. 

De l'avis d'une majorité de spécialiste, acquérir ce nouveau porte-avions était indispensable. "Il s'agit d'un outil politique puissant, capable d'agir partout où les intérêts de la France sont mis en cause", analyse le général Pellistrandi. Pour rappel, l'Hexagone dispose du deuxième domaine maritime au monde derrière les États-Unis. Un enjeu de puissance et de crédibilité militaire à qui il convient désormais de trouver un nom. Une charge qui incombe à Emmanuel Macron qui devra baptiser ce nouveau fleuron du savoir-faire maritime français avant la fin de son quinquennat.