"Merci, gloire à l'Ukraine !", "Gloire aux héros ! Cela fera 50 hryvnia s'il vous plaît", peut-on entendre sur ce petit marché de Novobilichi, le dernier quartier du nord-ouest de Kiev avant Irpin et les zones du front nord-ouest. Alors que les autorités de l'Ukraine ont annoncé la libération totale de la capitale, ce marché qui se tient les mercredis et vendredis s'est toujours tenu, malgré des semaines de vie dans les déflagrations et la peur de sortir de chez soi. L'envoyé spécial d'Europe 1 Nicolas Tonev s'y est rendu pour apprécier la ténacité et le soulagement des locaux.
Une situation "terrible, mais c'est normal"
Devant les étals variés de viandes, légumes, fleurs ou fromages, les clients de ce quartier harassé par les déflagrations depuis des semaines restent fidèles. "Quand tu veux manger, il n'y a rien de terrifiant, et ici la viande est fraîche et le prix est intéressant en plus", explique une cliente ukrainienne au micro de Nicolas Tonev. Un autre enchaîne : "On a peut-être passé le plus difficile."
Ce dernier client a peut-être raison. Les Russes reculent en Ukraine, alors le parc voisin, où l'extrémité de la rue est barrée par des hommes en armes, n'empêche pas de se faire du bien. "Pour qui sont ces fleurs ?", demande l'envoyé spécial à une femme, qui lui répond : "Elles sont pour moi !", rigole-t-elle. "Elles sont pour ma voisine. Elle fête son anniversaire demain (dimanche), elle a 72 ans. C'est important pour elle." Plus loin dans ce petit marché, le boucher résume la situation en une étrange formule : "On a peur, mais que faire ? C'est terrible, mais c'est normal."