Alexeï Navalny 1:38
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Jean-Sébastien Soldaini, édité par Manon Fossat
L'opposant russe Alexeï Navalny purge actuellement un peine de prison après avoir été condamné dans une affaire qui l'opposait à la filiale russe d'Yves Rocher. Il avait été accusé avec son frère d'escroquerie par la société de cosmétiques en 2014, et condamné à trois ans et demi de sursis pour surfacturation. 

Alexeï Navalny purge depuis mardi soir en Russie une peine de prison de trois ans et demi pour violation d'un contrôle judiciaire. Si l'opposant en est là aujourd'hui, c'est parce que la filiale russe d'Yves Rocher les a fait condamner lui et son frère en 2014 dans une affaire d'escroquerie.

"Un acte de complaisance pour nourrir un coup monté judiciaire"

À l'époque, les deux frères étaient à la tête d'une entreprise de transport et de logistique appelée Glavpodpiska et collaboraient sans encombre depuis quatre ans avec la société de cosmétiques. Mais les choses se sont compliquées au moment où Alexeï Navalny a entamé ses démarches contre la corruption en Russie. Surveillé de près par les autorités du pays, il a été visé à ce moment-là par une plainte de la filiale russe d'Yves Rocher pour escroquerie et surfacturation de 370.000 euros.

Pour William Bourdon, l'avocat français de l'opposant russe, il s'agit d'une dénonciation calomnieuse bien opportune. "Bruno Leproux, alors directeur d'Yves Rocher Vostok, gribouille une lettre de dénonciation extrêmement succincte après avoir reçu la visite du comité national d'enquête criminelle. On ne peut donc pas ignorer que c'est forcément un acte de complaisance, pour nourrir un coup monté judiciaire et pour criminaliser Navalny, qui a déjà été criminalisé artificiellement à plusieurs reprises. Et en contrepartie on comprend qu'il y a eu résolution d'un certain nombre de problèmes douaniers."

"Aucun préjudice" subi par Yves Rocher

Dans le cadre de sa peine avec sursis, Alexeï Navalny devait pointer régulièrement à l'administration pénitentiaire et ce jusqu'au 30 décembre 2020. Or celle-ci lui reproche d'avoir raté ces rendez-vous, notamment durant sa convalescence en Allemagne suite à son empoisonnement présumé en août 2020. À son retour en Russie mi-janvier, il a donc été placé en détention avant son jugement le 2 février, lors duquel le sursis de sa peine a été révoqué par le tribunal. 

Après sa condamnation, la société Yves Rocher a reconnu qu'elle n'avait subi aucun préjudice ou dommage. Mais au lendemain de la décision de la justice russe, à La Gacilly, dans le Morbihan, au siège historique du fabriquant français, aucun commentaire n'a été fait. Un simple communiqué précise que l'entreprise ne participe pas au débat politique et ne commente pas la situation internationale.