Jean-Yves Le Drian, ministre de L’Europe et des Affaires Étrangères, était l'invité d'Europe 1. 3:00
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Séverine Mermilliod , modifié à
Mardi, près de 1.400 arrestations ont eu lieu lors de rassemblements pro-Alexeï Navalny, après la condamnation de l'opposant russe à Vladimir Poutine à trois ans de prison. Jean-Yves Le Drian, ministre de L’Europe et des Affaires Étrangères, a estimé sur Europe 1, mercredi, que la situation en Russie relevait d'une "dérive autoritaire manifeste".
INTERVIEW

Mardi, un tribunal russe a ordonné l'emprisonnement pour près de trois ans de l'opposant Alexeï Navalny, première sentence longue pour celui qui accuse notamment le président russe Vladimir Poutine d'avoir commandé son empoisonnement en août. Depuis son arrestation à son retour en Russie le 17 janvier, l'opposant a réussi à mobiliser des soutiens qui ont manifesté à plusieurs reprises à Moscou. Mardi, près de 1.400 arrestations ont eu lieu dans la journée lors de ces rassemblements pro-Navalny. "Il y a une situation en Russie qui est très grave, avec une dérive autoritaire manifeste, avec ces arrestations arbitraires, préventives", a constaté Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, sur Europe 1 mercredi.

"On comprend ces manifestations de la part de la population russe"

Alexeï Navalny a été jugé en 2014, condamné à de la prison avec sursis. "Puis il a été empoisonné par un produit chimique russe, sur le territoire russe", a rappelé Jean-Yves Le Drian. "Nous avons demandé à plusieurs reprises à la Russie de faire la transparence sur cet empoisonnement, cette tentative d’assassinat en réalité. Et puis voilà qu’il a été condamné à 3 ans de prison uniquement pour ne pas avoir respecté le contrôle judiciaire lié à sa prison avec sursis. Nous sommes dans Kafka ! On comprend qu’il y ait de la part de la population russe ces manifestations et ces demandes d’explications", a-t-il souligné.

Un "message d'exigence à l'égard des autorités russes"

Jean-Yves Le Drian a précisé que "le début de l’action pour la Russie" de la part de la France, et les demandes à son égard, "c’est que l’on constate la libération de Navalny, qu’il y ait la transparence autour de cette tentative d’assassinat et que l’État de droit revienne. D’autant que la Russie est membre de la CEDH, qui a jugé que le procès fait à Navalny n’était pas équitable". Il a aussi souligné qu'au niveau européen ont "déjà été prises des sanctions après la tentative d'assassinat, avec un gel des avoirs des personnes concernées, qui ne peuvent pas se déplacer. "

Josep Borrell, Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères, va par ailleurs se rendre à Moscou "dans quelques jours" concernant la situation de l'opposant russe, pour porter "un message d'exigence à l'égard des autorités russes. A son retour, les Européens envisageront les conséquences à tirer de cette visite." Avec toutefois une limite, signifiée par le ministre des Affaires étrangères : "En même temps, nous voulons garder un lien de dialogue, ferme mais réel, car la Russie est notre voisin".