Bugaled Breizh 1:14
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Anaïs Cordoba et Sandrine Prioul, édité par Manon Fossat
Près de 18 ans après, le naufrage du Bugaled Breizh reste un mystère. Le chalutier breton a sombré dans les eaux anglaises en janvier 2004, faisant disparaître avec lui son capitaine et ses quatre marins, qui ne sont jamais remontés à la surface. Ce lundi s'ouvre à Londres une enquête publique menée par un juge afin d'établir les circonstances de leur mort.

"Viens vite, je chavire !". La justice britannique se penche à partir de ce lundi sur le mystérieux naufrage du Bugaled Breizh, un chalutier français qui avait sombré en moins d'une minute en 2004 au large de l'Angleterre, emportant par le fond ses cinq membres d'équipage. Près de 18 ans après la tragédie, cette enquête publique, prévue jusqu'au 22 octobre à Londres, nourrit l'espoir des familles des cinq marins bretons d'enfin connaître la vérité. 

L'enquête qui s'ouvre ce lundi n'est pas à proprement parler un procès puisque personne ne se trouve en position d'accusé. "Inquest" est une enquête publique menée par un juge et son but est d'établir les circonstances et les causes de la mort des marins Yves Gloaguen et Pascal Le Floch. C'est parce que leurs corps ont été retrouvés dans les eaux anglaises qu'une procédure au Royaume-Uni a été possible.

"Une chance unique"

Pendant trois semaines, le juge Nigel Lickley, à la tête de l'"Inquest", va donc permettre à la cour d'examiner certaines preuves et d'entendre plusieurs témoins. Parmi eux, Andrew Coles, l'ex-commandant du sous-marin britannique de la Royal Navy, le Turbulent. Un submersible mis hors de cause par la justice française, mais toujours jugé suspect par les familles des victimes.

C'est la première fois en 17 ans qu'Andrew Coles sera entendu. Une audition dont se réjouit l'avocat Dominique Tricaud. "Les marins ont une dignité, un honneur et une solidarité qui à un moment seront plus forts que l'omerta qui leur est imposée par leur marine nationale. Et je regrette que ce soit la justice anglaise qui consacre à cette affaire l'importance qu'elle mérite", explique-t-il. 

En cas d'aveux ou preuves permettant d'expliquer le drame, la réouverture d'une procédure en France n'est pas exclue. De quoi inciter également Me Anis Harabi à l'optimisme. "Depuis trois ans, les autorités judiciaires anglaises ont montré qu'elles accordaient de l'importance à ce dossier en le transférant à Londres et en réservant trois semaines d'audience et des dizaines de témoins. C'est une chance unique de parvenir enfin à la vérité et les familles placent beaucoup d'espoirs dans cette procédure", assure-t-il. Les familles suivront cette enquête publique en visio depuis la France jusqu'au 22 octobre.