En Iran, les manifestations contre le régime de Téhéran se multiplient après la mort de Mahsa Amini. 1:43
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Caroline Baudry, édité par Laura Laplaud
Trois personnes sont mortes durant des manifestations au Kurdistan iranien déclenchées samedi par la mort de Mahsa Amini, détenue par la police des mœurs pour "port de vêtements inappropriés". En Iran, se couvrir les cheveux est obligatoire en public pour une femme mais le cas de cette jeune femme de 22 ans est en train de devenir le symbole de l'oppression du régime.

Trois personnes ont été tuées durant des manifestations au Kurdistan iranien déclenchées samedi par la mort d'une jeune femme détenue par la police des mœurs, a annoncé mardi un responsable. Cinq personnes sont mortes selon l'ONU. Mahsa Amini, âgée de 22 ans, a été arrêtée parce qu'une mèche de cheveux dépassait de son voile. Elle est décédée à l'hôpital après trois jours de coma. Son cas est en train de devenir le symbole de l'oppression des femmes.

Des petites villes du Kurdistan Iranien à l'Ouest, d'où est originaire la jeune femme jusqu'à l'extrême Sud et l'Est de l'Iran, les manifestations ont eu lieu dans 16 villes selon la BBC.

Même à Sari, ville de 300.000 habitants au nord-est de Téhéran, des femmes dansent, cheveux au vent, autour d'un feu avant d'y brûler, chacune, leur hijab, toutes acclamées par la foule. Ce voile qui cache les cheveux est obligatoire en public. En Iran, l'ôter est passible de prison.

Les femmes défilent tête dénudée

Mais selon ces nombreuses vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, c'est bien tête dénudée que des femmes défilent parmi les centaines de manifestants, qui affrontent la police du régime aux quatre coins du pays. À Téhéran, la capitale, les manifestants entonnent ce cri : "À bas la République Islamique".

Farhad Khosrokhavar, ancien directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales à Paris, est spécialiste de l'Iran. Ce qui est nouveau, selon lui, est le point de départ de cette insurrection : la protestation contre le code vestimentaire strict de la République Islamique d'Iran. 

"Il y a des femmes maintenant qui n'acceptent plus et qui vont provoquer le régime. Or, énormément de manifestants sont des hommes. Il y a une sorte de solidarité entre les hommes et les femmes. Si cela continue pendant une certaine période, on risque d'assister à l'ébranlement du régime, ce n'est pas encore le cas à ce moment précis", explique-t-il.

330 personnes auraient été exécutées en 2021

Une situation explosive, sur fond de grave crise économique et d'une vague de répression depuis l'arrivée au pouvoir du président ultra-conservateur Raïssi en 2021. Cette même année, au moins 330 personnes auraient été exécutées par le régime, parmi lesquelles un nombre croissant de femmes, selon des ONG. C'est 25% de plus qu’en 2020.