Migrants : l'Union européenne veut mettre la pression sur la Turquie

Turquie Allemagne Merkel Davutoglu
Le Premier ministre turc, Davutoglu, et la chancelière allemande, Angela Merkel. © AFP
  • Copié
M.B. avec AFP , modifié à
RÉFUGIÉS - Un sommet entre l'Union européenne et la Turquie se tient lundi. L'objectif est de pousser Ankara à mieux contrôler les flux migratoires sur son territoire.

C'est le deuxième sommet extraordinaire en moins de quatre mois. L'Union européenne rencontre la Turquie lundi à Bruxelles pour se pencher sur la question des migrants. Les 28 Etats membres se retrouvent à midi avec le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, pour le convaincre de les aider dans la gestion de la crise migratoire sans précédent qui touche le Vieux Continent.

Crise migratoire sans précédent. De fait, plus de 1,25 million de demandes d'asile ont été déposées en 2015 dans l'Union européenne. Et les flux migratoires ne faiblissent pas depuis le début de l'année. Venus de Turquie, quelque 2.000 migrants débarquent chaque jour sur les côtes grecques, poussant le pays au bord de la crise humanitaire. L'Union européenne souhaiterait donc qu'Ankara s'engage concrètement dans le contrôle de ses frontières. Fin novembre, elle avait déjà signé un "plan d'action" avec le gouvernement turc pour stopper les migrants quittant par milliers les côtes turques à destination des îles grecques. Cette fois, les 28 souhaiteraient que la Turquie accepte de mettre en oeuvre, dès le 1er juin, un accord de "réadmission" des migrants irréguliers. Ankara s'engagerait alors à "reprendre" les migrants économiques, dont l'Union européenne ne veut pas, pour les expulser vers leur pays d'origine.

La Grèce ne "peut plus supporter ce poids seule". En signe de bonne volonté, Ankara vient d'accepter de reprendre plus de 800 migrants originaires du Maghreb depuis la Grèce. Largement insuffisant, cependant, au vu de la situation dramatique qui se joue en Grèce. Plus de 30.000 migrants demeurent bloqués dans le pays dans des conditions misérables, les Etats des Balkans ayant fermé leurs frontières. A Idoméni, entre la Grèce et la Macédoine, "il y a 13.000 personnes et nous ne pouvons plus supporter ce poids seuls", témoigne le gouverneur local, Apostolos Tzitzikostas. 

Un contexte tendu avec Ankara. Néanmoins, les négociations restent difficiles car elles se déroulent dans un contexte tendu. D'une part, la Turquie veut intégrer l'Union européenne depuis longtemps, en vain. Venir au secours de pays européens qui ne veulent pas d'elle n'est donc pas sa priorité. "Après avoir été ignorés ces dix dernières années, on s'est soudainement souvenus de nous", lâche, non sans ironie, l'ambassadeur de Turquie auprès de l'Union, Selim Yenel. D'autre part, les Européens s'inquiètent des récentes répressions du pouvoir turc contre les médias hostiles au président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan. Enfin, l'Europe elle-même est divisée sur la gestion de la crise migratoire. Si Paris et Berlin ont réussi à dégager une position commune, de nombreux pays refusent de mettre en oeuvre le plan de répartition de 160.000 réfugiés agréé en septembre dernier.

Des gages donnés à la Turquie. Pour convaincre la Turquie, l'Union européenne a déjà donné des gages à Ankara. Les 28 envisagent de supprimer, peut-être dès l'automne, les visas imposés aux ressortissants turcs. Elle a également promis de relancer le processus d'adhésion du pays à l'Union européenne. Sans oublier qu'elle a déboursé trois milliards d'euros d'aide pour les 2,7 millions de Syriens réfugiés dans le pays. "On a demandé leur aide, ils nous le font payer très cher", résume un haut responsable.