Menacé de mort, l'avocat de la chrétienne Asia Bibi a quitté le Pakistan

Saif-ul-Mulook, l'avocat d'Asia Bibi, a quitté le Pakistan samedi, craignant pour sa vie.
Saif-ul-Mulook, l'avocat d'Asia Bibi, a quitté le Pakistan samedi, craignant pour sa vie. © AAMIR QURESHI / AFP
  • Copié
Europe1.fr avec AFP
Menacé par les islamistes qui s'opposent à l'acquittement de la chrétienne Asia Bibi, son avocat Saif-ul-Mulook a quitté le Pakistan. 

La tension monte encore autour de l'affaire Asia Bibi. L'avocat qui a sauvé la Pakistanaise chrétienne d'une pendaison pour blasphème, Saif-ul-Mulook, a quitté le pays samedi, déclarant craindre pour sa vie après des menaces d'islamistes. Il était le défenseur de Mme Bibi dans l'affaire qui lui a valu de passer près de dix ans dans le couloir de la mort avant d'être acquittée mercredi par la Cour suprême qui a provoqué la fureur des milieux extrémistes musulmans. Ceux-ci sont descendus dans les rues, paralysant une partie du pays pendant trois jours, avant qu'un accord y mettant fin ne soit conclu dans la nuit de vendredi à samedi entre les autorités et les manifestants.

"Dans le scénario actuel, il ne m'est pas possible de vivre au Pakistan", a déclaré l'avocat. "J'ai besoin de rester en vie car je dois poursuivre la bataille judiciaire pour Asia Bibi", a expliqué le sexagénaire, qui ne s'est vu accorder aucune protection rapprochée. La réaction des extrémistes au jugement était selon lui "malheureuse mais pas inattendue". "Ce qui est douloureux, c'est la réponse du gouvernement. Ils ne peuvent même pas (faire) appliquer un jugement de la plus haute cour du pays", a-t-il déploré.

Un accord controversé. Après trois jours de chaos, les manifestants et le gouvernement ont indiqué être parvenus à un accord tard vendredi. Le texte prévoit notamment que le gouvernement ne s'oppose pas au dépôt d'une requête en révision du jugement de la Cour suprême et qu'il lancera une procédure visant à interdire à Mme Bibi de quitter le territoire. Selon M. Mulook, cela signifie qu'elle devra demeurer en prison ou dans un autre endroit sûr en attendant que la requête soit examinée. 

Le gouvernement était vivement critiqué samedi pour cet accord, qualifié de "nouvelle reddition". "Un gouvernement de plus a capitulé face à des extrémistes religieux violents qui ne croient ni en la démocratie, ni en la Constitution", déplore le quotidien Dawn. Il semble que le discours de fermeté à l'égard des islamistes prononcé mercredi soir par le Premier ministre Imran Khan "soit déjà condamné à la poubelle de l'Histoire", conclut le journal. Le départ de M. Mulook parait lui donner raison.