Méditerranée : à bord d'un avion traqueur de passeurs

Frédéric photographie un navire suspect qui n’émet aucun signal d’identification.
Frédéric photographie un navire suspect qui n’émet aucun signal d’identification.
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Walid Berrissoul, à bord de l'avion patrouilleur, avec AW , modifié à
Un reporter d'Europe 1 a embarqué à bord d'un avion français en patrouille près des côtes libyennes. 
REPORTAGE

Tous les jours, ils sont des centaines à fuir leur pays et à tout risquer pour traverser la Méditerranée : plus de 150.000 migrants sont arrivés en Europe depuis le début de l'année avec parfois des naufrages dramatiques. Pour assister les gardes-côtes italiens débordés qui n'arrivent pas à traquer tous les bateaux de fortune, l'Union européenne a lancé il y a un mois une opération militaire pour lutter contre les réseaux de passeurs. Un reporter d'Europe 1 a pu embarquer dans un avion français de la Marine nationale, un Falcon 50, pour voir comment les militaires traquent les passeurs. 

Le falcon 50, sur la base de l’OTAN à Sigonella, en Sicile, avant son décollage pour pour le large de la Libye.

"Le moindre indice compte". Sur l'écran radar de Sylvain, l'un des cinq militaires à bord de l'avion qui survole la Méditerranée à moins de cinquante kilomètres des cotes libyennes, des centaines de petits points clignotent : des cargos, des bateaux de pêche, des navires militaires... "Là, on voit un bâtiment qui est train de quitter notre zone et qui ne répond pas. Il n'a pas de signal d'identification. C'est un bâtiment qui fait 80 mètres de long et il est suspect car il ne répond pas", explique-t-il au micro d'Europe 1.

L'équipage

Pour obtenir davantage d'informations, l'avion descend à très basse altitude. Le navire apparaît désormais à travers le hublot mais aucun migrant n'est visible sur le pont. Cela ne lève pas la suspicion : "le moindre indice compte", explique le commandant de bord Frédéric. "Un bateau de pêche sans matériel de pêche, sans matériel sur le pont… tout peut être important. On recherche l'anormal dans une situation normale", précise-t-il. Le bateau en question est un pétrolier battant pavillon des îles Cook, auparavant pavillon syrien. Son signalement est transmis à l’état-major. 

Collecter un maximum d'informations. Les patrouilleurs ne disposent que de quelques secondes pour prendre des photos, obtenir le nom du navire. Une collecte d'informations qui a un objectif : "élaborer une liste des bateaux de passeurs". "Cela nous permet de remonter dans la filière jusqu'aux individus, de savoir qui fait quoi, quels sont les acteurs de ce réseau. On prépare tout ce travail qui va permettre de procéder à des fouilles, à des saisies de navires pour démanteler le système mis en place par trafiquants et passeurs", détaille le capitaine de corvette, Yann Bizien.

Frédéric, le radio, photographie un navire suspect, qui n’émet aucun signal d’identification.

En trois heures, l'avion explore 16.000 kilomètres carrés soit une tout petite partie de la zone immense d'où partent les navires de migrants au large de la Libye.