Marie Mendras : "La tension est maximale entre Washington et Moscou"

Pour Marie Mendras, le départ de Barack Obama de la Maison Blanche pourrait ne pas suffire à apaiser les tensions avec Vladimir Poutine.
Pour Marie Mendras, le départ de Barack Obama de la Maison Blanche pourrait ne pas suffire à apaiser les tensions avec Vladimir Poutine. © BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
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M.L
Sur Europe 1, la politologue spécialiste de la Russie a estimé que les révélations sur le piratage de la vie politique américaine par Moscou risquaient d'"assombrir" les relations entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
INTERVIEW

La tension est montée d'un cran entre Washington et Moscou, jeudi. Dénonçant l'implication de la Russie dans le piratage informatique de dizaines de milliers d'emails de responsables démocrates, Barack Obama a annoncé une série de mesures de représailles, dont l'expulsion de 35 agents du renseignement russe des Etats-Unis. En réaction, Moscou a d'abord annoncé que 31 diplomates américains seraient expulsés de Russie, avant de se raviser, Vladimir Poutine se réservant toutefois "le droit de prendre des mesures de rétorsion" ultérieures. Et d'après la spécialiste de la Russie Marie Mendras, politologue au CNRS et à Sciences Po, invitée d'Europe 1, vendredi, cette escalade ne prendra pas fin avec la présidence de Donald Trump, pourtant pro-Poutine.

"L'activité des services russes est établie". "Ce qui se passe en ce moment, c'est que l'Etat russe et les deux services de renseignement russes, le militaire et le successeur du KGB, le FSB, ont été pris la main dans le sac", explique Marie Mendras. Selon la spécialiste, il n'est plus question de "soupçons" quant à l'implication de la Russie dans le piratage. "J'ai pu aujourd'hui lire le résumé du rapport commun au FBI et à la CIA, (...) l'activité des services russes est établie, les preuves sont là", affirme-t-elle. "On a même le nom des experts des services de renseignement qui ont été en charge de ces campagnes de piratage. (...) Donc la tension est effectivement maximale entre Moscou et Washington."

Aucune déclaration de Donald Trump. Une tension que le "président-élu" Donald Trump, qui a affiché sa volonté de se rapprocher de la Russie pendant la campagne, ne pourra pas ignorer après son entrée en fonction le 20 janvier, selon Marie Mendras. "Avec les preuves qui sont apportées du piratage de l'Etat russe dans la vie politique américaine et les mails de responsables politiques américains depuis 2015, je crois que ça va assombrir dès maintenant les relations entre Donald Trump et Vladimir Poutine, parce que c'est une affaire d'Etat", explique-t-elle. Preuve à l'appui : "Donald Trump, contrairement à son habitude, n'a fait aucune déclaration, aucun tweet rageur hier, quand le rapport est formellement sorti et qu'Obama a annoncé les expulsions et les sanctions."

"Tout à fait différent" de la Guerre froide. Malgré cette crispation, la spécialiste de la Russie réfute tout parallèle avec la Guerre froide : "on est dans un contexte tout à fait différent et la Russie est seule face à tous les pays occidentaux donc il n'y a pas deux blocs à l'Est et à l'Ouest." "Mais on a vu, depuis deux ans, qu'à chaque fois, la Russie a été prise la main dans le sac. La question est : pourquoi est-ce-qu'ils continuent à aller aussi loin avec ces méthodes de subversions ?", s'interroge-t-elle.