1:30
  • Copié
Aviva Fried avec AFP / Crédit photo : JOSEPH PREZIOSO / AFP , modifié à
Une centaine de personnes considérées comme des manifestants pro-palestiniens ont été interpellées samedi matin dans une université de Boston. Parti il y a dix jours de l'université new-yorkaise Columbia, ce nouvel épisode de la vague de soutien aux Palestiniens s'est étendu à nombre d'établissements aux États-Unis.

Une centaine de personnes considérées comme des manifestants pro-palestiniens ont été interpellées samedi matin dans une université de Boston et leur campement "illégal" évacué par la police en tenue anti-émeute, dernier épisode d'un mouvement qui se généralise sur les campus américains. Parti il y a dix jours de l'université new-yorkaise Columbia, ce nouvel épisode de la vague de soutien aux Palestiniens et contre la guerre que conduit Israël dans la bande de Gaza s'est étendu à nombre d'établissements aux États-Unis, de la Californie à la Nouvelle-Angleterre (nord-est) en passant par le sud du pays.

Sur le campus de la Northeastern University à Boston, "environ 100 individus ont été interpellés par la police ; les étudiants qui ont présenté leurs cartes de Northeastern U. ont été libérés (...) Ceux qui ont refusé de prouver leur affiliation ont été arrêtés", selon un communiqué de l'université sur X (ex-Twitter).

"Tuer des juifs"

L'établissement a ajouté que des "insultes antisémites violentes" telles que "tuer des juifs" avaient été proférées sur le campus la nuit dernière et que cela "allait trop loin". Un campement "illégal" de quelques tentes a été démantelé par des policiers de l'université et des forces de l'ordre locales en tenue anti-émeute, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux. "Ce qui a commencé il y a deux jours comme une manifestation étudiante a été infiltré par des organisateurs professionnels sans lien avec Northeastern U." a dit l'université.

Les étudiants interpellés feront l'objet de "procédures disciplinaires" mais "pas de mesures juridiques". Par ailleurs, la présidence de Columbia, épicentre du mouvement de mobilisation estudiantine, a indiqué vendredi soir qu'elle avait renoncé à faire évacuer par la police de New York un village de tentes de 200 personnes sur une pelouse de son campus, mais a annoncé qu'un dirigeant du mouvement avait été interdit d'y entrer après des propos jugés antisionistes dans une vidéo.

Les tensions sont aussi montées d'un cran à l'université de Pennsylvanie (UPenn), dont la présidente avait dû démissionner cet hiver après des déclarations devant le Congrès des États-Unis jugées ambiguës sur la lutte contre l'antisémitisme. La présidence a ordonné samedi le démantèlement immédiat d'un campement sur le campus après des "informations crédibles de cas de harcèlement et d'intimidation".

Policiers anti-émeute

Les images de policiers anti-émeute arrêtant des étudiants, après l'appel aux forces de l'ordre de dirigeants d'universités, ont fait le tour du monde. Elles font écho au mouvement sur les campus américains lors de la guerre du Vietnam. Voire au souvenir douloureux lorsque la Garde nationale de l'Ohio avait ouvert le feu en mai 1970 sur le campus de l'université d'État de Kent, tuant quatre étudiants pacifiques. Le mouvement de solidarité avec Gaza a pris une tournure très politique à sept mois de la présidentielle américaine, entre allégations d'antisionisme et d'antisémitisme et défense de la liberté d'expression qui est un droit constitutionnel aux États-Unis.

 

Le pays compte le plus grand nombre de juifs au monde derrière Israël (quelque six millions) et aussi des millions d'Américains arabo-musulmans. Cette semaine, à travers les États-Unis - notamment en Californie et au Texas - des centaines étudiants et activistes pro-palestiniens ont été interpellés et le plus souvent relâchés sans poursuites en justice. Et dans ces rassemblements pour Gaza de nombreux étudiants juifs, souvent de gauche, soutiennent activement la cause palestinienne, keffieh sur les épaules, dénonçant aux aussi un "génocide" perpétré par Israël contre les Palestiniens.

"Ils nous traitent de terroristes" 

Mais beaucoup d'autres étudiants juifs américains ont exprimé leur malaise, et même leur peur, face à des slogans qu'ils jugent antisémites. Ainsi, Skyler Sieradzky, 21 ans, étudie la philosophie et les sciences politiques à l'université George Washington (GW), de la capitale, a affirmé s'être fait cracher dessus en arrivant jeudi avec un drapeau israélien. "Ils nous traitent de terroristes, ils nous traitent de violents. Mais le seul outil dont nous disposons, ce sont nos voix", avait déclaré de son côté à Columbia une étudiante se présentant sous le seul nom de "Mimi".

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des terroristes du Hamas, et qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement terroriste, et sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait jusqu'à présent 34.388 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.