Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 240e jour de l'invasion russe

En cas de rupture du barrage, la ville de Kherson pourrait être inondée.
En cas de rupture du barrage, la ville de Kherson pourrait être inondée. © Maciek Musialek / NurPhoto / NurPhoto via AFP
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avec AFP , modifié à
Au 240e jour de la guerre en Ukraine, Kiev a accusé Moscou d'avoir miné un barrage hydro-électrique près de Kherson, en vue de provoquer une "catastrophe" dans cette région qu'elle a commencé à évacuer face à l'avancée des troupes ukrainiennes. Des bombardements ukrainiens ont fait quatre morts à Kherson, selon Moscou.
L'ESSENTIEL

Les autorités d'occupation russes de la région méridionale de Kherson en Ukraine, annexée par Moscou, ont accusé vendredi les forces de Kiev d'avoir tué quatre personnes en bombardant le pont Antonovski sur le fleuve Dniepr, utilisé pour des évacuations. "Quatre personnes ont été tuées", a indiqué sur Telegram Kirill Stremooussov, le chef adjoint de l'occupation russe à Kherson. "La ville de Kherson, comme une forteresse, prépare sa défense", a-t-il ajouté. Les forces pro-russes ont exhorté les civils à se déplacer sur la rive gauche du Dniepr alors que les forces ukrainiennes mènent une contre-offensive. Kiev qualifie de "déportation" ce genre de déplacement de population.

L'administration russe d'occupation avait affirmé plus tôt que Kiev avait tiré "12 (roquettes de longue portée) HIMARS sur un point de passage de civils près du pont Antonovski" et que la défense antiaérienne russe en avait abattu onze. La télévision russe a diffusé des images d'une voiture endommagée et d'un embouteillage de véhicules attendant pour traverser le fleuve.

Les informations à retenir :

  • Quatre civils seraient morts dans des bombardements de l'armée ukrainienne sur Kherson
  • Volodymyr Zelensky accuse Moscou d'avoir miné un barrage et des unités de la centrale hydroélectrique de Kakhovka
  • Selon Kiev, l'objectif serait d'arrêter l'avancée des troupes ukrainiennes dans la région
  • L'Ukraine alerte sur la possibilité d'un nouveau front, depuis le Bélarus
  • Aux États-Unis, la Maison Blanche a affirmé que l'Iran avait envoyé des militaires en Crimée pour venir en aide à l'armée russe

Jeudi, M. Stremousov avait affirmé que 15.000 personnes avaient passé le fleuve pour se réfugier sur la rive gauche, lors d'évacuations organisées par les forces pro-russes. Il avait assuré que la Russie n'abandonnerait pas Kherson, la première ville d'importance en Ukraine tombée aux mains des forces russes en mars, peu après le début de leur offensive. "Kherson résistera jusqu'au dernier" homme, avait-il déclaré. Mercredi, le président russe Vladimir Poutine a instauré la loi martiale dans les régions ukrainiennes de Kherson, Lougansk, Donetsk et Zaporijjia, annexées en septembre par Moscou, mais que l'armée russe ne contrôle pas entièrement.

La Russie aurait miné un barrage près de Kherson

L'Ukraine a accusé la Russie d'avoir miné un barrage hydro-électrique près de Kherson, dans le sud du pays, en vue de provoquer une "catastrophe" dans cette région qu'elle a commencé à évacuer face à l'avancée des troupes de Kiev. "La Russie prépare consciemment le terrain pour une catastrophe de grande ampleur dans le sud de l'Ukraine", a dénoncé Volodymyr Zelensky à distance devant le Conseil de l'Union européenne jeudi. Selon lui, les forces russes "ont miné le barrage et les unités de la centrale hydroélectrique de Kakhovka", une des plus grandes infrastructures de ce type en Ukraine. Si le barrage explose, "plus de 80 localités, dont Kherson, se retrouveront dans la zone d'inondation rapide", s'est-il alarmé.

"Cela pourrait détruire l'approvisionnement en eau d'une grande partie du sud de l'Ukraine", et affecter le refroidissement des réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijjia, qui puise son eau dans ce lac artificiel de 18 millions de mètres cubes, a ajouté M. Zelensky. Le but de la Russie est d'arrêter l'avancée des troupes ukrainiennes dans la région et de protéger les forces russes, a estimé sur Twitter un des conseillers Volodymyr Zelensky, Mykhailo Podolyak. L'administration russe de la région de Kherson a assuré que les évacuations de civils avaient débuté, avec jeudi 15.000 personnes évacuées de ce territoire annexé par Moscou. Elle prévoit d'en déplacer "50.000 à 60.000" en quelques jours sur l'autre rive du Dniepr.

Le général Sergueï Sourovikine, récemment nommé chef des opérations russes en Ukraine, avait reconnu mardi que la situation y était "très difficile". Pour le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien, Oleksiy Danilov, on assiste à "la préparation de la déportation massive de la population ukrainienne" vers la Russie "afin de modifier la composition ethnique des territoires occupés".

L'Ukraine réclame une mission d'observation internationale au barrage de Kakhovka

L'Ukraine a réclamé vendredi une mission d'observation internationale au barrage de Kakhovka, dans la région de Kherson (sud) occupée par les forces russes, que Kiev accuse Moscou d'avoir miné. "Nous appelons l'ONU, l'UE et d'autres organisations à organiser une mission d'observation internationale de Kakhovka. Des experts internationaux doivent arriver immédiatement (sur le site), ainsi que le personnel ukrainien", a exhorté le Premier ministre, Denys Chmygal, lors d'une réunion du gouvernement.

L'UE prévoit une aide de 1,5 milliard d'euros par mois pour l'Ukraine

L'Union européenne projette de fournir une aide de 1,5 milliard d'euros par mois à l'Ukraine en 2023 pour soutenir ce pays en guerre, a annoncé vendredi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à l'issue d'un sommet des Vingt-Sept. "Cela donnera donc un chiffre global de 18 milliards pour l'année prochaine (...), un flux de revenus prévisibles, stables et fiables", a déclaré Mme von der Leyen lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

"Nous avons chargé les ministres des Finances de développer le mécanisme approprié", a-t-elle ajouté. Alors que l'économie ukrainienne est dévastée par huit mois d'offensive russe, Kiev évalue à entre trois et quatre milliards d'euros les besoins de financement mensuels du gouvernement.

Un journaliste tué, 10 autres blessés dans une frappe à Kherson, selon un responsable russe

Un responsable russe a affirmé vendredi qu'un journaliste avait été tué et dix autres blessés lors d'une frappe nocturne sur un pont de la ville de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, où des évacuations sont en cours face à l'avancée des troupes ukrainiennes. "Parmi les journalistes, il y a dix blessés et un tué", a déclaré sur la chaîne russe Rossiya-24 Alexandre Malkevitch, un responsable russe de la Chambre civique russe, une institution consultative. Plus tôt vendredi, les autorités d'occupation russe ont accusé Kiev, qui a aussitôt démenti, d'avoir tué quatre personnes lors d'un bombardement sur le pont Antonovski sur le fleuve Dniepr.

Le Bélarus "n'a pas avoir besoin de la guerre" affirme Loukachenko

Le Bélarus "n'a pas besoin de la guerre", a affirmé vendredi son président Alexandre Loukachenko, allié de Moscou, alors que son pays a créé une force militaire commune avec la Russie, laissant craindre une intervention directe dans le conflit en Ukraine. "Aujourd'hui, nous n'avons l'intention d'aller nulle part. Il n'y a pas de guerre à ce stade. On n'en n'a pas besoin", a martelé Alexandre Loukachenko lors de la visite d'un centre d'entraînement militaire.

Alexandre Loukachenko, 68 ans, a pu observer lors de cette visite dans l'ouest du pays des drones de fabrication bélarusse, selon des images diffusées par la télévision. Le dirigeant bélarusse a toutefois indiqué n'avoir aucune intention à ce stade de les utiliser contre son voisin ukrainien. "Ce n'est pas souhaitable que ces modèles combattent en Ukraine", a-t-il jugé, précisant par ailleurs que le Bélarus vendrait ces drones "à ceux qui les achèteront".