Libye : après les inondations, l'ONU et l'OMS craignent une propagation des maladies

Libye sinistrée
Libye : après les inondations, l'ONU et l'OMS craignent une propagation des maladies © ABDULLAH DOMA / AFP
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avec AFP // Crédit photo : ABDULLAH DOMA / AFP
8 jours après les inondations provoquées par la tempête Daniel, l'ONU et l'OMS craignent une propagation de maladies dans la ville sinistrée de Derna. La contamination de l'eau et le manque d'hygiène favorisent la prolifération des maladies. Les équipes sur place veulent "éviter une deuxième crise dévastatrice". 

L'ONU a annoncé lundi que ses agences s'efforçaient de prévenir la propagation de maladies dans la ville libyenne de Derna, sinistrée par des inondations, où des secouristes cherchent toujours les corps de milliers de disparus présumés morts. Dans cette ville de 100.000 habitants bordant la Méditerranée dans l'est du pays, les inondations provoquées le 10 septembre par la rupture de deux barrages sous la pression des pluies torrentielles déversées par la tempête Daniel, ont fait près de 3.300 morts selon le dernier bilan officiel provisoire et laissé un paysage de désolation rappelant un champ de bataille.

 

Des organisations humanitaires internationales et des responsables libyens ont averti néanmoins que le bilan final pourrait être beaucoup plus lourd en raison du très grand nombre de disparus, évalué à des milliers et que des secouristes libyens et étrangers recherchaient toujours lundi. Le Croissant-Rouge libyen a annoncé avoir mis en place une plateforme de recensement des disparus, appelant la population à fournir des informations sur les personnes recherchées.

La mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul) a expliqué dans un communiqué que des équipes de neuf agences onusiennes étaient présentes sur le terrain à Derna et d'autres villes de l'Est libyen pour fournir de l'aide et du soutien aux personnes touchées par la tempête Daniel".

"Éviter une deuxième crise dévastatrice" 

"Les autorités locales, les agences d'aide et l'équipe de l'OMS (Organisation mondiale de la Santé) sont toutes préoccupées par le risque de propagation de maladies, notamment par l'eau contaminée et le manque d'hygiène", selon l'ONU. "L'équipe (de l'OMS) continue de travailler pour prévenir la propagation de maladies et éviter une deuxième crise dévastatrice dans la région", a ajouté le communiqué. Des secouristes envoyés par les Emirats arabes unis se sont réunis dimanche matin sur le port de Derna avec leurs homologues libyens pour coordonner les efforts de repêchage de corps en mer, selon une correspondante de l'AFP sur place.

"Il est interdit de toucher les corps ou d'ouvrir les voitures englouties sous l'eau", avise le chef de l'équipe émiratie en s'adressant à ses plongeurs. D'autres équipes de plongeurs envoyées par la Russie et la Turquie, s'activent dans le même secteur. Dimanche, cinq membres d'une équipe de secours grecque ont été tués dans un accident de la route peu après leur arrivée dans l'Est de la Libye pour participer aux opérations de sauvetage, selon un nouveau bilan des autorités grecques publié lundi.

Trois membres d'une famille libyenne à bord de la voiture entrée en collision avec le véhicule de l'équipe grecque ont également été tués et deux autres grièvement blessés, selon le ministre libyen de la Santé dans l'Est Othman Abdeljalil. Selon les médias libyens, six volontaires originaires de Benghazi, la grande ville de l'Est libyen, ont également péri dimanche dans un accident de la route en rentrant de Derna après y avoir distribué des aides.

"Lancement de la construction d'un pont temporaire"

La tempête Daniel a entraîné la rupture de deux barrages en amont et provoqué une crue de l'ampleur d'un tsunami le long de l'oued qui traverse la cité. Elle a tout emporté sur son passage. Quotidiennement, des dizaines de corps sont extraits des décombres de quartiers dévastés par les inondations ou rejetés par la mer et enterrés dans un paysage apocalyptique. D'après des habitants, la plupart des victimes ont été ensevelies sous la boue ou emportées vers la Méditerranée.

L'organisation des secours est rendue compliquée par le chaos politique qui règne dans le pays depuis la mort lors d'une révolte populaire du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011: deux gouvernements, l'un à Tripoli (ouest), reconnu par l'ONU, et l'autre dans l'Est, se disputent le pouvoir. Devant l'ampleur de la catastrophe les camps rivaux semblent avoir mis leurs querelles en veilleuse. D'importantes aides et des équipes de secours ont ainsi été envoyées depuis Tripoli vers les zones sinistrées.

 

Le gouvernement de Tripoli a aussi annoncé lundi le lancement de travaux pour la construction d'un "pont temporaire" sur l'oued qui traverse Derna, les deux rives de la ville étant coupées depuis que les flots ont emporté les quatre structures qui les reliaient. Les flots ont submergé une surface de 6 km2 densément peuplée à Derna, endommageant 1.500 bâtiments dont 891, y compris des immeubles de plusieurs étages, ont été "rasés de la carte", selon des estimations préliminaires du gouvernement de Tripoli basées sur des images satellitaires avant et après le drame.