Liban : Emmanuel Macron appelle à «accélérer» la mise en oeuvre du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah

Le président de la République, Emmanuel Macron, a appelé, ce vendredi 17 janvier, depuis le Liban à "accélérer" la mise en œuvre du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, entré en vigueur fin novembre.
Le président français, Emmanuel Macron, a affiché son soutien vendredi aux nouveaux dirigeants libanais et annoncé la tenue prochainement d'une conférence internationale à Paris pour aider à la reconstruction du pays qui sort d'une guerre avec Israël. Emmanuel Macron a salué le tout récent déblocage politique, qu'il n'avait pu obtenir lors de ses deux visites il y a quatre ans, dans la foulée d'une explosion dévastatrice.
Il a également appelé à accélérer l'application de l'accord de cessez-le-feu dans le sud du Liban, qu'il doit évoquer avec le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, également en visite à Beyrouth. "Depuis le 9 janvier dernier, en plein milieu de l'hiver, le printemps est apparu", a déclaré le chef de l'État français à son homologue Joseph Aoun.
Le commandant en chef de l'armée a été élu le 9 janvier, après plus de deux ans de crise politique, et a chargé Nawaf Salam quatre jours plus tard de former un gouvernement. "Vous êtes cet espoir. Et le Premier ministre désigné concrétise cet espoir à vos côtés", a-t-il ajouté.
Une source diplomatique française souligne que Nawaf Salam, un juge international respecté, "a une aura internationale et est une vraie figure réformatrice", mais estime que "cet espoir" doit encore se concrétiser "avec un gouvernement et des réformes". Nawaf Salam est engagé dans des consultations délicates pour former son gouvernement, mais se heurte encore aux réserves du puissant Hezbollah pro-iranien, incontournable au Liban.
"Soutien massif"
Emmanuel Macron a annoncé la tenue "dans quelques semaines", à l'occasion d'une visite de Joseph Aoun à Paris, d'une "conférence internationale pour la reconstruction, afin de mobiliser les financements". Il a estimé que "la communauté internationale" devait "anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures", au Liban, qui vit depuis cinq ans une crise économique inédite.
Le pays sort en outre d'une guerre dévastatrice entre le Hezbollah pro-iranien et Israël, à laquelle un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre. Le président français a appelé à "accélérer" la mise en œuvre de cet accord, avant la date butoir du 26 janvier. "Il faut un retrait total des forces israéliennes, un monopole total de l'armée libanaise sur les armes", a-t-il souligné.
Selon l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit se déployer aux côtés des Casques bleus dans le sud, d'où l'armée israélienne doit se retirer au 26 janvier. Le Hezbollah doit également retirer ses forces au nord du fleuve Litani. La France fait partie du mécanisme d'application du cessez-le-feu.
Retour sur ses pas
Emmanuel Macron a déambulé vendredi matin dans le quartier de Gemmayzé qui avait été dévasté par l'explosion au port de Beyrouth en 2020. Le quartier tendance où s’enchaînent les bars branchés et les galeries d’art est revenu à la vie grâce à l'initiative de ses habitants et d'ONG, certains projets ayant été financés avec des fonds français.
Acclamé par les habitants, il a pris des selfies avec les passants, qui lui ont offert du café. "C’est le premier qui est venu en 2020, après l’explosion, nous n'avons pas oublié", lui a dit une dame âgée.
Emmanuel Macron avait été accueilli en sauveur en 2020 par une population remontée contre ses dirigeants, qu'elle rendait responsable de l'incurie ayant abouti au drame. L'explosion, provoquée par le stockage de tonnes de nitrate d'ammonium, avait défiguré la capitale libanaise et fait plus de 220 morts.
Le président français avait effectué deux visites au Liban en 2020, arrachant à la classe politique un engagement à former un gouvernement réformateur, promesse qu'elle n'a jamais tenue. Depuis, il a continué de maintenir à distance la pression sur les dirigeants libanais, nommant en juin 2023 son ex-ministre, Jean-Yves Le Drian, comme émissaire personnel pour faciliter l'élection d'un président.
Mais il aura fallu encore un an et demi pour que le Parlement parvienne la semaine dernière à élire le général Aoun. Selon Ziad Majed, professeur à l'université américaine de Paris, plusieurs facteurs ont contribué au déblocage : "la guerre dévastatrice" entre Israël et le Hezbollah, "l'affaiblissement" de celui-ci par l'armée israélienne, "la crise économique qui dure". Mais aussi la chute de Bachar al-Assad en Syrie, allié de l'Iran, et "une crainte de l'arrivée de Donald Trump" à la Maison-Blanche, avec son "soutien à Israël".