Levée de boucliers contre le candidat russe à la présidence d'Interpol

Interpol cherche un successeur au chinois Meng Hongwei. Image d'illustration.
Interpol cherche un successeur au chinois Meng Hongwei. Image d'illustration. © ROSLAN RAHMAN / AFP
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avec AFP , modifié à
Alors qu'Interpol cherche un successeur à Meng Hongwei, disparu début octobre, l'hypothèse de l'élection d'un général russe effraie notamment les Américains et l'Ukraine. 

La candidature d'un général russe pour présider Interpol a provoqué une levée de boucliers, Moscou dénonçant une "politisation inadmissible", mardi, à la veille de l'élection du nouveau patron de cette organisation internationale que la Russie est régulièrement accusée d'instrumentaliser contre ses opposants politiques.

La police mondiale est privée de chef depuis la "démission" subite de son ancien patron Meng Hongwei, accusé de corruption en Chine et qui a mystérieusement disparu début octobre au cours d'un voyage dans son pays. Réunis en assemblée générale depuis dimanche à Dubaï, les délégués d'Interpol doivent élire son remplaçant et deux candidats sont en lice : l'actuel président par intérim, le Sud-Coréen Kim Jong-yang, et un haut-fonctionnaire russe, Alexandre Prokoptchouk. Ce dernier est favori, selon le quotidien The Times, qui cite des sources britanniques.

Moscou dénonce "une forme d'ingérence". L'information a fait bondir les critiques du Kremlin qui craignent que cette organisation internationale ne devienne un outil au service de la Russie. Et ce, au moment où les Occidentaux reprochent à Moscou d'envoyer ses soldats en Ukraine, de s'ingérer dans les élections américaines ou d'avoir empoisonné l'ex-agent double Sergueï Skripal.

Quatre sénateurs américains ont appelé dans une lettre ouverte rendue publique lundi les délégués des 192 pays membres d'Interpol à rejeter la candidature d'Alexandre Prokoptchouk. Mardi, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a fait savoir que Washington soutenait "fermement" le candidat sud-coréen. 

La réaction du Kremlin a été sèche, son porte-parole Dmitri Peskov s'indignant mardi d'"une forme d'ingérence", tandis que le ministère russe de l'Intérieur a jugé "inadmissible la politisation" de cette "organisation internationale professionnelle".

La Russie va "étendre ses tentacules criminelles à chaque coin de la planète". Parmi les opposants à cette candidature figure le financier britannique William Browder, dont la Russie tente d'obtenir l'extradition depuis des années et qui a brièvement été arrêté cette année en Espagne après un mandat d'arrêt émis par Interpol. Il assure que la Russie a tenté "à six reprises d'abuser Interpol" pour le faire arrêter, alors même qu'il se bat pour que des sanctions soient prises contre les responsables de la mort dans une prison russe en 2009 de son ex-employé, le juriste Sergueï Magnitski.

La Russie va "étendre ses tentacules criminelles à chaque coin de la planète" si Alexandre Prokoptchouk est élu président de l'organisation, a-t-il dénoncé sur Twitter. L'Ukraine, elle, a menacé de se retirer d'Interpol en cas d'élection d'Alexandre Prokoptchouk à sa tête.