L'effondrement du viaduc à Gênes dû à "un défaut d’investissements publics" ?

L'effondrement de l'ouvrage a coûté la vie à au moins 30 personnes.
L'effondrement de l'ouvrage a coûté la vie à au moins 30 personnes. © Valery HACHE / AFP
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L'effondrement du viaduc à Gênes mardi pourrait résulter d'un concours de facteurs, liés à la vétusté de l'ouvrage et au manque d'investissements publics, selon des journalistes italiens, invités d'Europe Soir mardi.
INTERVIEW

A peine les victimes ont-elles été extraites des décombres du viaduc de Morandi, qui s’est effondré mardi à Gênes, que les hypothèses fusent déjà sur les causes de la catastrophe. Orages, vétusté de l’ouvrage, manque d’entretien et d’investissements publics : des observateurs italiens font part de leurs premières impressions dans Europe Soir mardi. 

Des sols fragiles. Le viaduc de Morandi s’est effondré alors que la ville de Gênes était placée en alerte orange pour de violentes averses depuis deux jours. L’éditorialiste du Corriere della Sera, Massimo Nava, évoque la fragilité des sols de la région de Gênes comme l'une des causes possibles. "Il y a un problème hydrogéologique du territoire de la Ligurie. Dès qu’il y a un orage, Gênes est presque inondée", assure-t-il. "Des médias sérieux rapportent des témoignages d’habitants évoquant la foudre qui aurait frappé le pont… Peut-être que cela a contribué à faire effondrer une structure déjà fragile et vétuste", complète Paolo Levi, journaliste italien de l'ANSA, l'agence de presse italienne.

Entendu sur europe1 :
On ne peut pas entretenir les infrastructures sans argent, donc les municipalités pleurent, mais la dette publique est déjà énorme

La vétusté de l’ouvrage. L'ouvrage, construit dans les années 1960, était en effet réputé pour sa vétusté. La base du viaduc faisait d’ailleurs l'objet de travaux de consolidation. "Aujourd’hui, on paye les conséquences d’une vétusté et d’un pari peut-être un peu fou, de faire courir une autoroute à quatre voies suspendue à 100 mètres de haut et d’y faire circuler des centaines de milliers de véhicules chaque jour", estime Paolo Levi. Si l’ouvrage a été mal entretenu, cela résulte notamment d’un manque de financements publics, complète Massimo Nava : "Il y a un défaut d’investissements publics, et de gestion de dépenses publiques. On ne peut pas entretenir les infrastructures sans argent, donc les municipalités pleurent, mais la dette publique est déjà énorme."

Responsabilité mafieuse ? Virginie Riva, ancienne correspondante d'Europe 1 de l'autre côté des Alpes, note à ce titre la défiance des Italiens à l’égard de la classe politique et des acteurs privés après chacun de ce type de drame. "On ne sait encore rien (de la catastrophe de mardi, ndlr) mais souvent, à chaque fois qu’on creuse, les responsabilités sont d’ordre mafieuse, la maintenance qui n’a pas lieu, le manque d’investissements", résume-t-elle.

Mardi, le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini a affirmé faire "tout pour avoir les noms des responsables", et selon Virginie Riva, le gouvernement populiste élu au printemps a tout intérêt à trouver rapidement les responsabilités du drame. "En Italie, on arrive jamais aux conclusions de l’enquête, parce que la justice est lente, l'administration moins bien fournie… Ce nouveau gouvernement va vouloir imprimer sa marque, et avec sa rhétorique d’extrême droite qui est de pointer du doigt l’impunité de la classe populaire, ils vont peut-être vouloir être exemplaires cette fois".