L'avocate était une indic : des centaines de condamnations menacées en Australie

L'identité de l'avocate, qui a officié de 2005 à 2009 sous le code 3838 n'a pas été révélée. (Illustration)
L'identité de l'avocate, qui a officié de 2005 à 2009 sous le code 3838 n'a pas été révélée. (Illustration) © AFP
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avec AFP
Une ténor du barreau de Melbourne jouait le rôle d'indic au service de la police de l'État de Victoria tout en assurant la défense du parrain de la drogue Tony Mokbel et de six de ses associés.

Un État australien a annoncé lundi une enquête sur un scandale judiciaire qui jette le doute sur des jugements rendus dans des centaines d'affaires pénales, y compris contre des célébrités du grand banditisme local, avec la révélation que leur avocate était une informatrice de la police.

Selon des documents judiciaires rendus publics lundi, une ténor du barreau de Melbourne, dans le sud du pays, jouait le rôle d'indic au service de la police de l'État de Victoria tout en assurant la défense du parrain de la drogue Tony Mokbel et de six de ses associés.

Une défense qui aurait laissé à désirer ? Ces révélations font suite à un arrêt rendu par la Haute cour le mois dernier contre la police qui bataillait en secret depuis deux ans devant la justice. Les policiers avaient ainsi obtenu des tribunaux des injonctions interdisant au parquet de l'État d'informer ces sept personnes que leur défense avait peut-être laissé à désirer. La Haute cour a accusé la police de s'être rendue "coupable de comportements répréhensibles" et d'avoir "contribué à avaliser des manquements atroces au devoir de chaque policier". "Les poursuites engagées contre chaque personne condamnée ont été perverties d'une façon qui avilit les bases fondamentales de la justice pénale", ajoute la plus haute juridiction australienne.

Code 3838. L'avocate, qui a officié de 2005 à 2009 sous le code 3838 et dont l'identité n'a pas été révélée, était en contact quotidien avec ses officiers traitants, lesquels transmettaient ses informations aux services de police pertinents. Les documents ne mentionnent que sept personnes mais, d'après le Herald Sun de Melbourne, plus de 600 dossiers pourraient être concernés. Ces personnes pourraient se servir de ces révélations pour faire appel de leur condamnation. La directrice du parquet de Victoria Kerri Judd a déclaré dans un communiqué avoir déjà écrit à 20 condamnés et être en train d'évaluer d'autres cas.

Une commission d'enquête sur le scandale. Le Premier ministre de l'État de Victoria Daniel Andrews a annoncé l'ouverture d'une commission d'enquête sur le scandale, au motif que les gens "ont le droit de savoir que tous les rouages du système judiciaire fonctionnent de manière légale et juste". Le patron de la police de l'État Graham Ashton a ajouté que la gestion des indics avait changé depuis 2009 et que de tels incidents n'étaient plus possibles. La police va coopérer à l'enquête, a-t-il dit, mais la commission doit tenir compte de la situation de la pègre à l'époque. "Melbourne était en proie à une guerre des gangs", a-t-il dit à la presse. "Les risques pour la population étaient significatifs".

Extradé en 2007 par la Grèce où il s'était installé avec un faux passeport, Tony Mokbel avait été condamné en 2012 à 30 ans de prison, avec une peine-plancher de 22 ans, pour avoir dirigé un vaste réseau de trafic de drogue.