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Wilfried Devillers (envoyé spécial en Israël), avec AFP / Crédit photo : MOHAMMED ABED / AFP , modifié à
De nouveaux bombardements de l'armée israélienne ont touché la bande de Gaza ce dimanche. Les violences meurtrières se multiplient également en Cisjordanie. D'un autre côté, la Chambre des représentants des États-Unis a approuvé samedi une aide militaire de 13 milliards de dollars à Israël.
L'ESSENTIEL

L'armée israélienne a bombardé dimanche la bande de Gaza, notamment la ville de Rafah, six mois et demi après le début de la guerre contre le Hamas dans le territoire palestinien, à l'origine d'une poussée de fièvre à travers le Moyen-Orient. Engagé dans un bras de fer avec l'Iran, son ennemi juré, et en pleine offensive contre le mouvement islamiste, allié de Téhéran, Israël a reçu samedi un nouveau soutien des États-Unis, où la Chambre des représentants a approuvé une aide militaire de 13 milliards de dollars. Pour le Hamas, Washington a ainsi donné à Israël le "feu vert" pour continuer à "agresser" les Palestiniens.

Après une semaine de tensions au plus haut depuis le début de la guerre le 7 octobre, l'Iran et Israël ont semblé s'éloigner d'une escalade samedi. Mais dans la bande de Gaza, assiégée et menacée de famine, la guerre fait rage sans aucun signe de trêve tandis que des violences meurtrières secouent la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967. Selon la Défense civile de Gaza, des frappes israéliennes sur deux maisons de Rafah, dans le sud, ont fait dimanche au moins 16 morts. Le Hamas a dénombré 48 morts en 24 heures dans le territoire.

Les informations à retenir : 

  • L'armée israélienne a de nouveau bombardé la bande de Gaza ce dimanche, notamment la ville de Rafah
  • La Chambre des représentants des États-Unis a approuvé samedi une aide militaire de 13 milliards de dollars à Israël
  • L'escalade entre Israël et l'Iran semble s'éloigner
  • Aucun signe de trêve n'est à l'horizon à Gaza

"Vivre ou mourir"

Rafah, une ville frontalière avec l'Égypte où sont massés environ un million et demi de Palestiniens, vit sous la menace d'une offensive terrestre qu'Israël a promis de lancer pour vaincre le Hamas. Comme chaque jour, des rescapés fouillaient dimanche les décombres après les scènes de panique de la nuit. "Nous dormions et nous avons soudain été réveillés par le cauchemar d'une explosion. Le plafond est tombé sur les enfants", a raconté une femme de 35 ans, Umm Hassan Kloub, dont la maison abritait des familles déplacées. "A chaque instant, nous vivons dans la terreur. Nous ne savons pas si nous allons vivre ou mourir", a-t-elle ajouté.

Vendredi, les pays du G7 avaient exprimé leur opposition à "une opération militaire d'ampleur à Rafah", tout en dénonçant le "nombre inacceptable de civils" tués à Gaza. En Cisjordanie, deux jeunes Palestiniens ont été tués dimanche par des soldats israéliens, selon le Hamas. L'armée a affirmé qu'ils avaient tenté de poignarder et d'ouvrir le feu sur des militaires près du village de Beit Einoun, dans le sud de ce territoire palestinien.

Samedi, un raid israélien dans le camp de Nour-Shams, près de Tulkarem, avait fait 14 morts, selon le Croissant rouge palestinien.

Une région "en feu"

La tension était brusquement montée au Moyen-Orient le 13 avril, lorsque l'Iran a mené une attaque sans précédent contre Israël, son ennemi depuis la Révolution iranienne de 1979, avec des centaines de drones et de missiles dont la plupart ont été interceptés. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a salué dimanche les "succès" des forces armées, qui illustrent selon lui la "grandeur" de l'Iran sur la scène internationale.

Israël avait promis de riposter tandis que l'Iran disait avoir agi en "légitime défense" après l'attaque meurtrière, attribuée à Israël, qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril. Vendredi, une attaque imputée à Israël a touché le centre de l'Iran, sans faire ni victime ni dégâts selon les autorités. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a relativisé samedi cette opération, qu'il a comparée à un jeu d'enfant.

 

Pour l'expert politique iranien Hamid Gholamzadeh, cet incident "très insignifiant" doit cependant être placé dans le contexte de "la lutte pour l'équilibre du pouvoir" entre l'Iran et Israël. "La région est en feu et une guerre totale peut être déclenchée à tout moment, et de telles actions la rendent plus imminente", a-t-il prévenu.

Israël a salué samedi l'aide financière votée à Washington, malgré les tensions avec les États-Unis nées des inquiétudes américaines sur le sort des civils à Gaza. Le président Joe Biden a parlé d'une "aide cruciale". Mais pour la Russie, cette aide attribuée à Israël, comme à l'Ukraine et à Taïwan, "va exacerber les crises mondiales".

Une chaise vide

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent lancée le 7 octobre contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 129 d'entre elles sont retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 34.097 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.

Alors que les négociations en vue d'une trêve piétinent, l'opinion israélienne réclame avec force à ses dirigeants un accord qui permettrait la libération des otages. Des manifestants ont une nouvelle fois réclamé samedi soir à Tel-Aviv la démission du Premier ministre Benjamin Netanyahu. "Nous avons besoin que Bibi s'en aille car il est un désastre pour Israël, économiquement et surtout pour la sécurité de la population", a affirmé l'un d'eux, Benni Tirosh.

Les familles des otages ont appelé les Israéliens à laisser une chaise vide lors du repas rituel de Seder lundi soir, qui marque le début de la fête juive de Pessah, pour ne pas les oublier. "La nuit de Seder approche, et cette année, nous allons devoir laisser une chaise vide", a lancé Ofir Angrest, dont le frère Matan est otage depuis le 7 octobre.