En Belgique, la modernisation de l'équipement militaire tourne au casse-tête. C'est une information révélée par le quotidien flamand Het Nieuwsblad, que rapporte Isabelle Ory, correspondante d'Europe 1 à Bruxelles, dans la revue de presse internationale : l'armée belge a engagé en 2016 la modernisation de quarante-quatre blindés de type Pandur pour 31 millions d'euros. Une nécessité pour des véhicules utilisés depuis 1996. Mais avec le blindage renforcé, la climatisation et les appareils de transmission, il reste trop peu de place dans l'habitacle, créant "un risque très élevé" à l'usage et rendant "la vie à bord très inconfortable".
Ainsi, le pilote du char doit conduire dans une position inconfortable, voire dangereuse : avec le volant entre les genoux. Mais surtout, ils doivent pour l'heure faire moins d'1m68, et les tireurs moins d'1m70. comme l'explique un responsable militaire dans une lettre que s'est procurée le journal. Cette norme de taille exclut d'office 85% du personnel selon lui.
"C'est une très mauvaise histoire belge"
Les réactions de responsables politiques ne se sont pas fait attendre. "Nous sommes ridicules, ça me fait honte pour mon pays" a ainsi déclaré un député à la RTBF. Le chef de groupe du parti Ecolo, George Gilkinet, a, lui, dénoncé de "l'argent jeté par les fenêtres". De son côté, La Défense belge, par la voix de son responsable des systèmes d’armes de la défense, l’amiral Yves Dupont, a précisé que la modernisation, originellement prévue pour un envoi au Mali en 2021, ne serait pas terminée avant 2023 et que donc l'état actuel des blindés n'était qu'un résultat intermédiaire, qui n'avait pas vocation à être utilisé en l'état. "Dire que ce véhicule-là est le véhicule que l’on va mettre en opération, ça n’a pas de sens."
Le ministre de la Défense belge, Philippe Goffin, a précisé qu'un "briefing complet" allait avoir lieu. Sur le problème de taille maximale il a néanmoins fait remarquer que ce ne serait pas une première : "Il y a d’autres engins de l’armée qui requièrent des gabarits particuliers". Une restriction de taille à 1m70 ne serait ni exceptionnelle ni inenvisageable selon l'état-major. Selon le président du Centre démocrate humaniste, en revanche, "c'est une très mauvaise histoire belge".