L'ancien chef de Solidarité Lech Walesa se joint aux manifestants devant la Cour Suprême

"Je viens ici en paix. Je ne veux pas utiliser mon arme", a lancé aux médias l'ancien président polonais élu en 1990.
"Je viens ici en paix. Je ne veux pas utiliser mon arme", a lancé aux médias l'ancien président polonais élu en 1990. © AFP
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avec AFP , modifié à
L'ancien président polonais et prix Nobel de la paix en 1983 s'est joint mercredi soir aux manifestants qui soutiennent la résistance de la Cour Suprême, opposée à une réforme controversée.

Le conflit autour de la Cour suprême polonaise a gagné en intensité mercredi: l'ancien héros de la lutte contre le communisme Lech Walesa est venu apporter son soutien à la présidente de la cour qui refuse de quitter son poste, le Premier ministre accusant de son côté l'institution d'abriter d'anciens juges communistes, auteurs de "sentences honteuses".

Venu exprès de Gdansk, dans le nord du pays, Lech Walesa s'est joint mercredi soir aux manifestants rassemblés devant la Cour Suprême pour "défendre l'indépendance de la justice" en Pologne, promettant "de revenir" plus d'une fois "s'il le faut". "Ceux qui violent la Constitution sont des criminels", a dit l'ancien président, visant le parti conservateur au pouvoir.

"Défendre la justice indépendante". "Si nous cédons sur les tribunaux, cela continuera. Nous devons tout faire pour défendre" la justice indépendante, a poursuivi Lech Walesa, Prix Nobel de la Paix 1983 et ancien chef du syndicat Solidarnosc (solidarité) qui joua un rôle essentiel dans la chute du régime communiste. "Avec un tel nombre (de manifestants) on n'obtiendra pas grand-chose", a-t-il dit, avant d'encourager l'assistance à rassembler plus de gens. "Nous, patriotes, nous devons nous unir". "S'il le faut, je vais revenir ici pour vous voir et pour qu'on discute", a-t-il ajouté, avant de quitter la place.

La Constitution prioritaire par rapport à la loi. Mercredi matin, acclamée par une foule beaucoup plus importante de ses partisans, la présidente de la Cour suprême polonaise Malgorzata Gersdorf s'était rendue à son bureau et avait présidé une réunion du collège de la Cour, confirmant ainsi son refus de partir à la retraite aux termes d'une réforme controversée, critiquée aussi par Bruxelles. Elle a expliqué une nouvelle fois lors d'une conférence de presse que la Constitution - qui fixe la durée de son mandat à six ans - était prioritaire par rapport à la loi qui a abaissé l'âge de la retraite des juges de 70 à 65 ans. Pour les conservateurs au pouvoir, la loi est entrée en vigueur et Malgorzata Gersdorf, âgée de 65 ans, se retrouve automatiquement à la retraite.

La Commission européenne a lancé une procédure d'urgence. La réforme, si elle est appliquée, conduira au départ à la retraite de 27 juges de la Cour suprême. Une "purge" pour Malgorzata Gersdorf et une "ligne rouge" à ne pas franchir pour la Commission européenne. Celle-ci a lancé lundi une procédure d'infraction d'urgence contre Varsovie. Celle-ci pourrait mener, après plusieurs étapes, à saisir la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) et à des sanctions financières.