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avec AFP / Crédit photo : FABRICE COFFRINI / AFP
La proposition en faveur d'un 13ème mois de retraite a recueilli 58,24% des voix dans le pays, selon les résultats définitifs. En revanche, la proposition visant à relever progressivement l'âge de départ à la retraite de 65 à 66 ans a été largement rejeté par 74,72% des voix.

La Suisse, dont la population vieillissante est confrontée à un coût de la vie en hausse, a voté dimanche en faveur d'un 13ème mois de retraite, un pas "historique" selon ses défenseurs, mais a rejeté le relèvement de l'âge du départ. La proposition en faveur d'un 13ème mois de retraite a recueilli 58,24% des voix dans le pays, selon les résultats définitifs, avec une participation légèrement supérieure à 58%.

Ils montrent également qu'elle a remporté une majorité des suffrages dans 16 des 26 cantons suisses, soit plus de la moitié, ce qui était une condition pour être adoptée. En revanche, la proposition visant à relever progressivement l'âge de départ à la retraite de 65 à 66 ans a été largement rejeté par 74,72% des voix. Le 13ème mois annuel de pension de retraite, à l'instar du 13ème mois de salaire de nombreux actifs en Suisse, était une proposition des syndicats intitulée "Mieux vivre sa retraite".

"Le niveau de vie des retraités s'érode"

"On va faire la fête!". "C'est historique", a commenté auprès de l'AFP Pierre-Yves Maillard, président de la Fédération syndicale suisse (SGB) qui a milité pour le "oui". Car, "il y a, comme partout, une crise de pouvoir d'achat en Suisse. Le niveau de vie des retraités s'érode", a-t-il souligné. C'est la première fois que les syndicats parviennent à faire adopter une proposition par la voie de la démocratie directe.

Les pensions mensuelles de la Sécurité sociale suisse sont plafonnées à 2.450 francs suisses (2.570 euros) pour une personne seule et à 3.675 francs pour un couple marié, dans un pays régulièrement classé parmi les plus chers du monde. En ville, le loyer d'un appartement de trois pièces s'élève à au moins 3.000 francs (3.150 euros). Un café coûte plus de cinq francs. Cette initiative a un précédent en Europe : le Liechtenstein voisin, autre pays cher qui utilise le franc suisse, a mis en place un système similaire il y a plusieurs années.

"Victoire significative"

Le parti des Verts a salué aussi une "victoire significative" pour de nombreux retraités. Jakob Hauri, un retraité cité par la campagne du "Oui", est du même avis : "Le coût de la vie monte en flèche", et la caisse de retraite, "censée garantir le minimum vital, ne suit pas". Les partis de gauche ont soutenu l'initiative, mais elle était farouchement combattue par les partis de droite et centristes. De même que le gouvernement et le Parlement.

 

Le gouvernement a affirmé que l'augmentation proposée coûterait plus de quatre milliards de francs suisses par an, avertissant qu'elle nécessiterait des augmentations d'impôts et pourrait menacer la stabilité financière du système de Sécurité sociale. Il a également estimé que le changement proposé, pour tous les retraités quelle que soit leur situation financière, n'apporterait qu'un bénéfice social limité. L'UDC, la droite radicale et premier parti du pays, avait prévenu que cette initiative "irresponsable" permettrait aux pique-assiette d'épuiser le système.

Ce parti a fait campagne pour le non à l'aide de publicités, dont une montrant des billets de cent francs aspirés dans une bouche d'égout. Ce vote intervient moins de deux ans après que les électeurs suisses ont décidé, de justesse, de relever l'âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, comme pour les hommes.