La "mère de toutes les bombes" mérite-t-elle vraiment son surnom ?

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Conçue en 2003, la MOAB est une "bombe à effet de souffle massif". © AFP PHOTO / US AIR FORCE
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Laura Fernandez Rodriguez , modifié à
Larguée dans l'est de l'Afghanistan par les Etats-Unis jeudi, elle est la plus puissante bombe non-nucléaire de l'arsenal américain.

Pour la première fois, les Etats-Unis ont largué jeudi une bombe MOAB, surnommée “mère de toutes les bombes” car elle est la plus puissante bombe non-nucléaire de l’arsenal américain, sur un fief de l’Etat islamique dans l’est de l’Afghanistan. Mais mérite-t-elle vraiment ce surnom ?

Un tiers plus puissante que 59 Tomahawk. La MOAB est une bombe qui avait été conçue en 2003 dans l’Alabama, dans la perspective d’être utilisée dans les premiers temps de la guerre en Irak, mais elle n’avait encore jamais été larguée. L’engin pèse près de dix tonnes, avec une puissance explosive comparable à 11 tonnes de TNT. A titre de comparaison, elle est un tiers plus puissante que l'ensemble de 59 Tomahawk utilisés par l’armée américaine lors de leurs frappes en Syrie la semaine dernière, estime Inverse. Un écart de taille qui s'explique par des choix stratégiques.

"Un souffle extrêmement important". "Un Tomahawk est une frappe tactique utilisée sur des cibles précises, des hangars, une piste de décollage ou un dépôt de munitions", analyse Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Le risque en utilisant un Tomahawk pour cette frappe était de détruire l'entrée des souterrains mais de les laisser intacts, il fallait un souffle extrêmement important", détaille-t-il. Ce qui est bien le cas de la MOAB. 

Plus de 1.000 fois moins puissante qu'une bombe nucléaire. La MOAB étant une bombe non-nucléaire, sa puissance n'a rien de comparable à celles larguées sur Hiroshima et Nagasaki à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, Little Boy, bombe à l’uranium larguée à Hiroshima par Ennola Gay le 6 août 1945 - qui a provoqué la mort de 140.000 personnes - contenait l'équivalent de 15.000 tonnes de TNT, selon l’ICAN, la campagne internationale pour l’abolition de l’arme nucléaire. 

Fat man, larguée sur Nagasaki, était une bombe au plutonium d’une puissance évaluée à 21 kilotonnes de TNT, qui a provoqué la mort de 74.000 personnes. Elles sont donc plus de mille fois supérieures à la MOAB. "Et ce facteur 1.000 peut être bien supérieur", relève Antoine Bondaz. La comparaison entre des bombes conventionnelles et des bombes nucléaires, qui ont une capacité explosive bien supérieure, est donc délicate. "Aujourd'hui les Etats-Unis et la Russie disposent de bombes nucléaires bien plus puissantes. On en parle parfois en méga tonnes." 

Battue par la FOAB. Enfin, sur le terrain des bombes non-nucléaires, la MOAB n'est en réalité pas la plus puissante de toutes. La Russie a de son côté mis au point le "père de toutes les bombes" (FAOB). Testée en 2007, Moscou affirme que cette bombe est quatre fois plus puissante que la MOAB, avec l'équivalent de 44 tonnes de TNT.