La CEDH refuse d'empêcher l'arrêt des soins d'un jeune Britannique en état de mort cérébrale

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La CEDH a rejeté le recours des parents d'Archie Battersbee (Illustration). © FREDERICK FLORIN / AFP
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avec AFP
La Cour européenne des droits de l'Homme a rejeté mercredi soir le recours des parents d'un enfant britannique de 12 ans en état de mort cérébrale contre l'arrêt des soins qui le maintiennent en vie. Malgré les revers en justice qui se succèdent, les parents ont multiplié les recours devant toutes les instances possibles.

La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a rejeté mercredi soir le recours des parents d'un enfant britannique de 12 ans en état de mort cérébrale contre l'arrêt des soins qui le maintiennent en vie. Archie Battersbee est maintenu dans le coma dans un hôpital londonien depuis avril. Il est considéré en état de mort cérébrale par les médecins et la justice britannique avait autorisé mi-juillet l'hôpital à mettre fin aux traitements qui permettent de le maintenir en vie.

Ses parents, Hollie Dance et Paul Battersbee, qui sont soutenus par une organisation chrétienne, refusent de se résoudre à laisser leur fils mourir. Ils disent vouloir lui laisser toutes les chances possibles de se rétablir et avoir constaté des signes de vie, dans ses yeux ou par une pression de ses doigts.

Multiplication des recours devant toutes les instances

Malgré les revers en justice qui se succèdent, ils ont multiplié les recours devant toutes les instances possibles, obtenant plusieurs répits ces derniers jours malgré les dates butoirs fixées par les juges. Alors que la fin des soins était programmée à la mi-journée à la suite d'une nouvelle décision de la Cour Suprême britannique, ils ont sollicité quelques heures auparavant la Cour européenne des droits de l'Homme afin de l'empêcher. Mais la CEDH a jugé mercredi soir leur requête irrecevable.

Le système britannique de santé, "le gouvernement, et les tribunaux dans ce pays et en Europe ont peut-être abandonné l'idée de le soigner, mais pas nous", a réagi dans un communiqué la mère de l'enfant. "Nous nous battrons jusqu'à la fin pour le droit d'Archie de vivre", a déclaré Hollie Dance, qui donne régulièrement des nouvelles de son fils et de son combat devant les caméras massées devant le Royal London Hospital de Whitechapel, dans l'est de Londres.

Un défi sur les réseaux sociaux à l'origine de l'accident

Archie avait été retrouvé inconscient chez lui le 7 avril et n'a pas retrouvé connaissance depuis. Selon sa mère, il aurait participé à un défi sur les réseaux sociaux consistant à retenir sa respiration jusqu'à l'évanouissement. Avant cet accident, c'était un garçon sportif, pratiquant la gym et les arts martiaux. Selon ses proches, voyant des sportifs prier avant les compétitions, il était devenu plus croyant. Pour sa famille, ces convictions religieuses devraient être prises en compte.

Mais pour le corps médical, son cas est sans espoir, justifiant l'arrêt des soins. "Son organisme, ses organes et son coeur sont en train de s'éteindre", a souligné lundi le juge Andrew McFarlane de la Cour d'appel.

"Le cauchemar de tout parent"

Les juges de la Cour suprême qui se sont également penchés sur l'affaire ont exprimé pour leur part leur "grande sympathie" pour les parents d'Archie qui vivent "le cauchemar de tout parent - la perte d'un enfant très aimé". Ils ont cependant affirmé qu'il leur revenait d'appliquer la loi. Alistair Chesser, médecin-chef du Barts Health NHS Trust, a expliqué chercher "à apporter le meilleur soutien possible à tout le monde en cette période difficile".

"Conformément aux instructions des tribunaux, nous travaillerons avec la famille pour préparer l'arrêt du traitement, mais nous n'apporterons aucun changement aux soins d'Archie tant que les problèmes juridiques en cours ne seront pas résolus", a-t-il ajouté mercredi. Hollie Dance a indiqué à des médias avoir été contactée par des médecins dans plusieurs pays, dont le Japon et l'Italie, qui affirment pouvoir aider Archie à se rétablir. Elle dit réfléchir à des options pour lui faire quitter le pays.

Deux autres affaires comparables ont marqué le Royaume-Uni

Le Royaume-Uni a dans un passé récent déjà été marqué par deux autres affaires comparables. En avril 2018, un enfant de 23 mois, Alfie Evans, atteint d'une maladie neurodégénérative rare était mort après un long combat judiciaire de ses parents contre l'arrêt des soins. Ses parents avaient notamment reçu le soutien du pape François, qui avait lancé plusieurs appels pour le maintien en vie du garçonnet.

En 2017, Charlie Gard, atteint d'une maladie génétique rare, était mort peu avant son premier anniversaire, après l'arrêt de la ventilation artificielle malgré la multiplication des recours par ses parents.