Kiev soupçonne la Croix-Rouge d'être «complice» de «déportations» de réfugiés vers la Russie

CICR
Selon une responsable ukrainienne, le CICR évacue de force des réfugiés vers la Russie (Illustration). © FABRICE COFFRINI / AFP
  • Copié
Europe 1 avec AFP , modifié à
Le Comité international de la Croix-Rouge a été accusé par une responsable ukrainienne de ne pas coopérer avec son pays sur le sort de réfugiés. Cette dernière le soupçonne d'être "complice" de "déportations" en Russie, ce que dément fermement le CICR. L'organisation assure avoir "facilité le passage volontaire de civils et de blessés en toute sécurité".

Une responsable ukrainienne a reproché mercredi au Comité international de la Croix-Rouge de ne pas coopérer avec son pays sur le sort de réfugiés ukrainiens en Russie, le soupçonnant d'être "complice" de "déportations", des accusations vivement rejetées par le CICR. "Le CICR ne remplit pas son mandat" concernant les personnes évacuées, selon elle de force vers la Russie par l'armée russe, a lancé Lioudmyla Denissova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien à la télévision ukrainienne.

120 lettres sans réponse

"Je les soupçonne d'être complices" de la Russie, a-t-elle poursuivi, après s'être entretenue mercredi avec un responsable de la branche ukrainienne du CICR. "Cela fait un mois que j'essaie de voir le président du CICR pour discuter avec lui de la déportation de nos citoyens vers la Russie. J'essaie de le faire après que le président du CICR a dit que le CICR allait ouvrir une représentation à Rostov-sur-le Don (sud de la Russie à la frontière avec l'Ukraine, ndlr) et encourager l'accueil des Ukrainiens sur le territoire de l'Etat-agresseur", a déclaré Lioudmyla Denissova.

"Aujourd'hui j'ai rencontré le représentant de la branche ukrainienne de la Croix-Rouge à qui j'ai écrit 120 lettres au sujet de la recherche de nos citoyens. Je n'ai reçu aucune réponse", a-t-elle dit mercredi. Elle a cité les chiffres de l'ONU, selon lesquels 550.000 réfugiés ukrainiens se trouvent en Russie dont 121.000 enfants. "Où se trouvent-ils? Dans des camps de filtration? Dans des foyers temporaires? On a des témoignages de gens qui ont été amenés" en Russie, a-t-elle dit. Lioudmyla Denissova a dit avoir demandé à son homologue russe Tatiana Moskalkova de lui fournir les listes des Ukrainiens réfugiés en Russie afin de travailler avec la Croix-Rouge pour leur rapatriement: "Zéro réponse de sa part et de la part du CICR".

Des accusations "fermement rejetées" par la Croix-Rouge

Le CICR a "fermement rejeté ces fausses accusations" en assurant une nouvelle fois ne pas "effectuer d'évacuations forcées" et en rappelant que l'organisation avait "facilité le passage volontaire de civils et de blessés en toute sécurité vers d'autres villes ukrainiennes".

L'organisation a confirmé "avoir exploré la possibilité d'ouvrir un bureau à Rostov-sur-le-Don" afin "d'alléger les souffrances des personnes touchées par le conflit armé". "Construire et entretenir un dialogue avec les parties d'un conflit est essentiel pour avoir accès à toutes les personnes affectées et obtenir les garanties de sécurité nécessaires pour que nos équipes apportent une aide vitale", a souligné le CICR.

Le CICR a également dit avoir eu mercredi "une réunion positive et constructive" avec la chargée des droits humains ukrainienne et avoir "répondu aux préoccupations des autorités sur ces questions de manière bilatérale et confidentielle". Les autorités ukrainiennes accusent régulièrement l'armée russe d'amener des civils ukrainiens de force vers la Russie.