Khashoggi : pour Macron, "c'est pure démagogie que de dire d'arrêter de vendre des armes" à Ryad

Les ventes d'armes n'ont "rien à voir avec Jamal Khashoggi, il ne faut pas tout confondre", a estimé Emmanuel Macron.
Les ventes d'armes n'ont "rien à voir avec Jamal Khashoggi, il ne faut pas tout confondre", a estimé Emmanuel Macron. © AFP
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avec AFP , modifié à
"Il ne faut pas tout confondre", s'est défendu vendredi le chef de l'État, plaidant pour "une réponse européenne, dans tous les domaines", une fois que les faits seraient établis. 

Le président français Emmanuel Macron a estimé vendredi que "c'est pure démagogie que de dire d'arrêter les ventes d'armes" à Ryad suite à l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.

Les ventes d'armes n'ont "rien à voir avec Jamal Khashoggi, il ne faut pas tout confondre", s'est-il écrié lors d'une conférence de presse à Bratislava. "Je suis très admiratif envers ceux qui, avant de savoir, disent 'on ne vendra plus d'armes' ! Ils en vendent déjà parfois plus que la France à travers les joint ventures qu'ils ont !" a lancé le président français, alors que l'Allemagne a appelé les Européens à cesser leur ventes d'armes à Ryad.

"Quel est le rapport ?". "Et quel est le rapport entre les ventes d'armes et Jamal Khashoggi ? Je comprends le lien avec le Yemen mais il n'y en a aucun avec Jamal Khashoggi ! Si on veut prendre des sanctions, il faut en prendre dans tous les domaines ! Il faut dans ce cas arrêter de vendre des véhicules", a poursuivi avec agacement Emmanuel Macron, interrogé par la presse. "Ou prendre des sanctions individuelles" contre les responsables, a-t-il jugé.

"J'attends que les faits soient établis clairement et surtout les responsables et les commanditaires, pour en tirer les conséquences et les sanctions", qui doivent être "claires, cohérentes" "dans tous les domaines et "avec une réponse européenne". "Et il faut qu'elles aient un lien" avec cet assassinat, qu'il "condamne avec fermeté".

"L'un de nos partenaires dans la lutte contre Daech". Dans cette affaire, le dirigeant français a aussi voulu rappeler sans détour l'importance de l'alliance avec l'Arabie saoudite pour la France et les autres pays occidentaux, qu'il s'agisse de lutte anti-Daech, de coopération militaire ou encore de fourniture de pétrole. "L'Arabie saoudite est l'un de nos partenaires dans la région, en particulier en matière de lutte contre Daech et le terrorisme. Il y a une coopération forte avec la plupart des pays occidentaux, avec des relations militaires qui sont claires, revendiquées, et totalement transparentes", a-t-il averti.

Un pays "stratégique" dans la fourniture de pétrole. "Contrairement à ce que j'ai pu lire, depuis que je suis président, ce n'est pas du tout l'un de nos principaux partenaires en matière d'échange d'armement, il y eu un pic de livraison en 2014-15 mais c'est beaucoup moins vrai aujourd'hui", a-t-il affirmé. En outre "la France a demandé des gages et de la clarté sur le conflit au Yémen, où nous sommes très attachés aux règles humanitaires", a-t-il argué. Enfin "l'Arabie saoudite est un pays stratégique dans la géopolitique mondiale, dans la fourniture de pétrole au reste de la planète. Beaucoup s'interrogent sur la montée du prix du pétrole. Qu'ils s'interrogent aussi sur les conséquences qu'il promeuvent compte tenu de la place de ce pays dans cette géopolitique. Nous n'en sommes pas dépendant mais nous avons des partenariats et des règles se sont mises en place", a-t-il souligné.

 

Le royaume saoudien est le deuxième plus gros client de la France pour les armes. L'Arabie Saoudite est l'un des principaux clients de la France en matière d'armement. La France a ainsi livré pour 1,38 milliard d'euros d'armement à Ryad l'an dernier, sur un total de 6,7 milliards, faisant de l'Arabie Saoudite le deuxième plus gros client de la France dans ce secteur l'an dernier après l'Égypte. En 2017, les exportations commerciales (hors militaire) vers l'Arabie saoudite ont atteint 4,51 milliards d'euros, soit une hausse de 8,8% sur un an. En 2016 (derniers chiffres disponibles), la France était le 8ème fournisseur de l'Arabie saoudite, derrière les États-Unis, la Chine ou l'Allemagne.