Ventes d'armes à l'Arabie saoudite : l'affaire Khashoggi met la France dans l'embarras

Emmanuel Macron aux côtés de la ministre des Armées Florence Parly, mardi, au Bourget.
Emmanuel Macron aux côtés de la ministre des Armées Florence Parly, mardi, au Bourget. © BENOIT TESSIER / X02011 / AFP
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Hadrien Bect, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
Au salon Euronaval du Bourget, mardi, Emmanuel Macron a botté en touche au moment de répondre à une question sur la suspension des ventes d'armes à l'Arabie saoudite, après le meurtre de Jamal Khashoggi.

La France est en désaccord avec l'Allemagne. Alors que la chancelière Angela Merkel a annoncé lundi que son pays suspendait ses ventes d'armes à l'Arabie saoudite, trois semaines après le meurtre de Jamal Khashoggi, Paris se refuse à prendre une telle mesure.

De bonnes relations avec le royaume. Mardi, au milieu des fleurons de l'industrie de la défense navale présents au salon Euronaval du Bourget, Emmanuel Macron a justifié ce refus de sévir envers Riyad : "Ça n'a rien à voir avec le sujet qu'on est en train de traiter. Ça n'est pas parce qu'un dirigeant dit quelque chose que je suis obligé de réagir à chaque fois." Un ton ferme, qui cache pourtant une position délicate de Paris dans ce dossier : via notamment Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires Étrangères, la France entretient de bonnes relations avec le royaume.

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Deuxième client français en matières d'armes. Cause ou conséquence de cette proximité, l'Arabie Saoudite est le deuxième client de la France en termes d'armement, derrière l'Égypte, avec 12 milliards d'euros de commande sur les dix dernières années. L'année dernière, la France et ses entreprises ont vendu pas moins de 1,4 milliard d'euros au royaume wahhabite. Emmanuel Macron devait même se rendre à Riyad en fin d'année pour signer de nouveaux contrats, à l'occasion du "Davos du désert". L'affaire Khashoggi a refroidi cet enthousiasme.

La "présomption d'innocence" de Riyad. Au quai d'Orsay, il semble urgent d'attendre, quitte à mettre en avant une forme de présomption d'innocence, en attendant, dit-on, les résultats d'une enquête crédible avant d'en tirer les conséquences. La patience semble également privilégiée par Emmanuel Macron à propos du meurtre de Jamal Khashoggi : "J’attends que la vérité soit établie", a-t-il déclaré, en dépit de plusieurs récits faisant état d'une implication de la tête du royaume saoudien dans cette affaire. Même les États-Unis, alliés de l'Arabie saoudite du prince héritier Mohammed ben Salmane, ont répliqué plus vigoureusement à son encontre, avec de nouvelles sanctions annoncées mardi soir.