Italie : dix ponts effondrés ces cinq dernières années, signe d'un réseau routier en manque d'investissements

pont Morandi, Italie, Gênes crédit : PIERO CRUCIATTI / PIERO CRUCIATTI / AFP / AFP - 1280
Le pont Morandi aurait été construit sur la base d'erreurs de calculs et faisait l'objet de travaux de consolidation © PIERO CRUCIATTI / PIERO CRUCIATTI / AFP / AFP
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Marthe Ronteix
Dix ponts se sont effondrés en Italie depuis 2013, causant la mort de plusieurs personnes et faisant jusqu'à 145 blessés.

L'effondrement partiel du pont Morandi à Gênes mardi est le plus meurtrier de ces dernières années avec au moins 39 morts, à la mi-journée mercredi, dont trois Français. Mais cet incident n'est pas le premier. Pas moins de dix ponts se sont déjà écroulés en Italie depuis 2013, rapporte le journal italien le Corriere della sera. Qu'ils soient dus à un manque d'entretien des infrastructures ou un incident annexe comme l'explosion d'un camion, ces effondrements soulignent l'état vieillissant du réseau routier italien.

Dix effondrements en cinq ans

Qu'ils soient dus à un manque d'investissement ou à des accidents, dix ponts se sont effondrés depuis 2013 dans toute l'Italie, dont trois rien qu'en 2017, comme le rappelle le Corriere della sera.

Trois ponts effondrés en 2017. En août 2017, le pont Fiumara Allaro s'est écroulé en Calabre sans faire de victime. En avril, un viaduc s'est effondré dans la province de Cuneo, dans le nord-ouest du pays. Ce pont ouvert dans les années 2000, n'était emprunté par personne. Enfin en mars de la même année, un pont enjambant une autoroute près d'Ancône (sur la côte adriatique dans le centre de l'Italie) s'est effondré, faisant deux morts et deux blessés.  La société de gestion des autoroutes a précisé que l'écroulement du pont était survenu à la suite de la chute d'une structure qui devait justement le soutenir pendant les travaux.

En juillet 2014, un tronçon du viaduc de Petrulla, dans la province d'Agrigente (en Sicile) s'est écroulé sur une route nationale. Quatre personnes dont une femme enceinte ont été légèrement blessés.

Des effondrements provoqués par des intempéries ou des accidents. Plusieurs incidents ont également été provoqués par des intempéries, comme un glissement de terrain en Sicile en avril 2015 ou encore une forte inondation en Sardaigne en 2013 qui a provoqué la mort d'un policier et blessé trois autres agents.

L'effondrement du viaduc sur une autoroute de la région de Bologne le 6 août dernier a, quant à lui, été provoqué par l'explosion d'un camion transportant du GPL. Une personne a été tuée dans l'incident et 145 autres blessées.

En octobre 2016, c'est le passage d'un remorqueur de 108 tonnes qui a fait s'effondrer le viaduc d'Annone, dans la province de Lecco. Un homme de 68 ans était alors mort écrasé dans sa voiture.

Un réseau routier en mauvais état

Un pont construit sur la base d'erreurs de calcul. Concernant le pont Morandi, le professeur d'ingénierie de l'Université de Gênes, Antonio Brencich, assure depuis deux ans qu'il est "une erreur d'ingénierie", comme le rapporte Marianne. Il affirme que ce viaduc a été construit sur la base d'une série d'erreurs de calculs qui ont déjà provoqué l'effondrement d'un pont jumeau, construit par le même Riccardo Morandi, au Vénézuela en 1961. Le pont de Gênes avait d'ailleurs été renforcé par des câbles en acier en raison de défaillances structurelles dans les années 1990 et des travaux de consolidation étaient en cours.

Un matériau en question. La solidité des ponts fait débat en Italie depuis plusieurs années. D'abord à cause du matériau utilisé pour les construire :  le béton armé. Constitué de ciment, d'eau et de graviers renforcé avec des barres de fer et d'acier, ce matériau peut être fragilisé par l'action de l'eau notamment, explique un site italien de chauffeur de camion qui cite le journal La Stampa.

Par ailleurs, le trafic de marchandises se fait essentiellement par la route, selon l'Association italienne des ingénieurs routiers. Le réseau de viaducs et d'autoroutes est donc particulièrement sollicité et soumis à l'usure et à l'obsolescence, détaille Les Échos.

Un manque d'investissement pour l'entretien. D'autre part, l'investissement pour l'entretien, la sécurité et la modernisation de ce réseau routier de 26.400 kilomètres ne serait pas à la hauteur. Selon l'Anas, la société publique qui en a la charge, 2,5 milliards d'euros sont nécessaires pour ces missions chaque année. Or le plan 2016-2020 prévoit de n'y consacrer que 1,04 milliard d'euros en moyenne, rapporte encore Les Échos. En 2018, seuls 650 millions sont prévus pour l'entretien de ce réseau vieillissant.