Les heurts ont commencé à Jérusalem. 7:26
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Antoine Terrel , modifié à
Vincent Lemire, historien et directeur du Centre de recherche français à Jérusalem, livre son analyse des heurts dans la ville sainte et dans les villes mixtes. Selon ce spécialiste, "on n'avait jamais vu" ce niveau de violence, "y compris pendant la deuxième Intifada".
INTERVIEW

Malgré les efforts diplomatiques de la communauté internationale, la situation reste extrêmement tendue en Israël. Le pays a frappé plusieurs sites de Gaza dans la nuit de vendredi à samedi, après cinq jours de combats contre les militants palestiniens. À Jérusalem, où ont commencé les premiers heurts la semaine dernière, Vincent Lemire, directeur du Centre de recherche français installé dans la ville, a constaté une "relative accalmie depuis mardi", puis des tensions qui sont un peu remontées vendredi. Mais l'historien, marqué par la violence inédite des affrontements intercommunautaires, estime que les troubles pourraient durer sur la longueur dans la ville sainte. 

"Le niveau de violence à Jérusalem et les scènes d'émeutes et de lynchages dans les villes mixtes, ça, on ne l'avait jamais vu, y compris pendant la deuxième Intifada", assure-t-il. À cette époque, "il y avait des affrontements très importants mais c'était contre la police et les militaires. Là, ce sont vraiment des affrontements intercommunautaires qui sont beaucoup plus difficiles à canaliser", ajoute-t-il. 

Une guerre civile ? "On n'en est pas encore là, mais ça pourrait arriver" 

Faut-il pour autant craindre une véritable guerre civile ? "On n'en est pas encore là", répond Vincent Lemire. Pour une guerre civile, "il faudrait notamment que les armes à feu soient de sortie", et ce alors qu'en Israël, rappelle-t-il, "40% des hommes adultes sont armés et ont des munitions". Or, fait remarquer l'historien, pour l'instant, "on a vu très peu d'armes à feu".

Certes, les affrontements sont "terribles et d'une violence effroyable, mais on est dans des pierres sur des voitures, des barres de fer, des lynchages, des coups de poing, des cocktails Molotov. C'est atroce, mais une guerre civile c'est encore autre chose. Cela pourrait néanmoins arriver parce qu'on est dans une société qui est armée."

"La guerre de Gaza va se terminer"

Au micro d'Europe 1, Vincent Lemire se montre pessimiste au moment d'évoquer un potentiel processus de paix dans le futur. En revanche, indique-t-il, "la guerre de Gaza va se terminer". "Dans quelques jours, dans quelques semaines... On ne le sait pas, mais elle va se terminer." Pour l'invité d'Europe 1, "on connaît le scénario... Faute de combattants et faute de munitions, le Qatar va petit à petit commencer à faire sa médiation avec l'Egypte, et on va avoir un cessez-le-feu".

Par contre, ajoute-t-il aussitôt, "ce qui a tout déclenché, c'est-à-dire Jérusalem et les explosions de violence dans les villes mixtes, ça ne va pas se terminer de sitôt. Et c'est plutôt ce qui inquiète le plus les observateurs des deux côtés." Et de conclure : "Tout le monde dit qu'à Gaza, c'est horrible, mais on sait comment ça va se finir. Alors que Jérusalem et les villes mixtes, on ne sait pas où ça va aller et combien de temps ça va durer."