Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 135e jour du conflit

rafah gaza
© SAID KHATIB / AFP
  • Copié
avec AFP / Crédit photo : SAID KHATIB / AFP , modifié à
Au 135e jour du conflit, la situation humanitaire reste catastrophique mardi dans la bande de Gaza où près d'un million et demi de Palestiniens s'entassent dans la ville de Rafah menacée d'assaut par Israël, au moment où les Etats-Unis ont mis leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU exigeant un cessez-le-feu "immédiat" à Gaza.
L'ESSENTIEL

Des frappes israéliennes meurtrières ont visé mardi la bande de Gaza plongée dans une situation humanitaire catastrophique, au moment où les Etats-Unis ont mis leur veto à un projet de résolution à l'ONU exigeant un cessez-le-feu "immédiat". Près d'un million et demi de personnes, selon l'ONU, sont massées dans la ville de Rafah, située dans le sud du territoire palestinien contre la frontière fermée avec l'Egypte, dont la population a été multipliée par six depuis le début de la guerre, le 7 octobre, entre Israël et le Hamas.

Les principales informations à retenir :

  • Dans la nuit de lundi à mardi, les bombardements israéliens se concentrent sur l'est de la bande de Gaza et la ville de Khan Younès
  • La riposte israélienne a fait 29.092 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le Hamas
  • Les Etats-Unis ont mis leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU exigeant un cessez-le-feu "immédiat" à Gaza
  • Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, est arrivé mardi au Caire pour discuter d'une nouvelle trêve à Gaza

Les Etats-Unis mettent leur veto à un projet de cessez-le-feu immédiat

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé une prochaine offensive sur la ville surpeuplée, visée quotidiennement par des frappes israéliennes, afin de vaincre le mouvement terroriste dans son "dernier bastion" et libérer les otages retenus à Gaza. Cette perspective inquiète la communauté internationale, alors que les espoirs d'un arrêt des combats sont de plus en plus minces. Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, installé au Qatar, est toutefois arrivé mardi au Caire pour de nouvelles discussions sur une trêve avec des responsables égyptiens.

Dans le même temps, les Etats-Unis ont mis leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui exigeait un cessez-le-feu "humanitaire immédiat". Premier soutien d'Israël, les Etats-Unis estiment en effet que cette résolution aurait mis en danger les négociations diplomatiques délicates sur le terrain pour obtenir une trêve incluant une nouvelle libération d'otages.

Mardi, le Hamas a annoncé que les bombardements sur Gaza avaient fait 103 morts en 24 heures. Des frappes ont notamment visé Khan Younès, à quelques kilomètres au nord de Rafah, selon un journaliste de l'AFP, où les soldats israéliens traquent les combattants du Hamas au milieu des ruines. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé mardi avoir transféré 32 patients hors de l'hôpital assiégé Nasser de Khan Younès vers d'autres établissements du territoire. L'OMS dit s'inquiéter pour les autres patients et le personnel toujours dans cet hôpital.

La distribution de l'aide alimentaire du PAM suspendue dans le nord de Gaza

"Nous ne savons pas où aller", a raconté Abdullah Al-Qadi, un homme de 67 ans qui habite Zaytoun, un quartier de Gaza-ville, dans le nord, également bombardé: "Nous mourrons dans notre maison et cela vaut mieux que l'humiliation dont nous parlent nos proches qui ont été déplacés. Les gens sont humiliés et détruits".

Les rapports des organisations humanitaires sont de plus en plus alarmants sur la situation dans la bande de Gaza, dévastée et assiégée par Israël, où 2,2 millions de personnes sont menacées de famine, selon l'ONU. Les denrées alimentaires et l'eau potable sont devenues "extrêmement rares" à Gaza, selon les agences de l'ONU qui s'inquiètent d'une "explosion" imminente du nombre de décès d'enfants.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a suspendu à nouveau mardi la distribution de son aide dans le nord du territoire, en proie "au chaos et à la violence". L'aide humanitaire, toujours insuffisante, entre dans la bande de Gaza essentiellement par Rafah via l'Egypte, mais son acheminement dans le nord est rendu presque impossible par les combats et les destructions. "Les gens au nord meurent de faim et nous, ici, nous mourons à cause des bombardements", déclare Ayman Abou Shammali, blessé lors d'une frappe à Zawayda, dans le centre du territoire.

En bref

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent lancée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d'Israël. Plus de 1.160 personnes ont été tuées, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. En représailles, Israël a juré d'anéantir le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

L'armée israélienne a lancé une offensive qui a fait 29.195 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le Hamas. D'après Israël, 130 otages sont encore détenus à Gaza, dont 30 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre.

Les États-Unis pour un cessez-le-feu, mais pas dans l'immédiat

"Le monde doit empêcher l'invasion de Rafah. Rafah est devenue un réservoir explosif et son invasion signifierait des milliers de morts", a affirmé mardi le Premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh. À New York, le texte auquel Washington a mis son veto s'opposait au "déplacement forcé de la population civile palestinienne", alors qu'Israël a évoqué une évacuation des civils avant une offensive à Rafah.

Les Etats-Unis ont présenté un projet alternatif. Alors qu'ils s'étaient jusqu'ici systématiquement opposés à l'utilisation du terme "cessez-le-feu", mettant leur veto à deux textes en octobre et en décembre, leur version soutient un cessez-le-feu mais pas immédiat, et sous conditions. Ce projet prévient en outre qu'"une offensive terrestre d'ampleur" sur Rafah "ne devrait pas avoir lieu dans les conditions actuelles". Selon une source diplomatique, ce texte n'a aucune chance d'être adopté en l'état, notamment en raison du risque de veto russe.

En Israël, les familles d'otages continuent à faire pression sur le gouvernement pour qu'il obtienne la libération de leurs proches. "Nous appelons désespérément les décideurs en Israël et à travers le monde à s'impliquer dans des négociations et à les ramener à la maison immédiatement", a lancé mardi Ofri Bibas, dont le frère Yarden a été enlevé le 7 octobre avec sa femme et ses deux enfants, dont l'un alors âgé de moins de neuf mois.