Interdiction libyenne aux navires étrangers : deux ONG suspendent leurs opérations de secours

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(image d'illustration) © ANGELOS TZORTZINIS / AFP
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avec agences , modifié à
Après Médecins Sans Frontières, deux ONG ont annoncé dimanche la fin de leurs opérations de secours de migrants en Méditerranée pour des raisons de sécurité. 

L'ONG allemande Sea Eye a annoncé dimanche la suspension de ses opérations de secours en Méditerranée, invoquant des problèmes de sécurité après l'interdiction lancée par la marine libyenne aux navires étrangers sur une partie de ses côtes. La marine libyenne a annoncé jeudi la création au large du territoire d'une zone de recherche et de sauvetage, qu'elle interdit sauf autorisation aux navires étrangers, en particulier aux ONG patrouillant pour secourir des migrants.

Sea Eye et Save The Children. Dans un communiqué, Sea Eye a dit avoir pris cette décision "le cœur lourd", en raison d'une "menace explicite (du gouvernement libyen) aux ONG privées". "La poursuite de nos opérations de secours n'est pas possible dans ces circonstances, et nous ne pouvons pas les justifier auprès de nos équipages", a déclaré le fondateur de Sea Eye, Michael Buschheuer. "Nous laissons derrière nous un fossé mortel", a-t-il déploré, tout en s'engageant à continuer à surveiller "la situation sécuritaire modifiée" au large de la Libye.

L'ONG britannique Save The Children a également annoncé dimanche avoir stoppé ses opérations de secours en Méditerranée dimanche, en raison de menaces des garde-côtes libyens. Ces annonces interviennent au lendemain d'une décision similaire de Médecins sans frontières (MSF) de suspendre les activités du Prudence, le plus gros des navires de secours aux migrants en Méditerranée, pour les mêmes raisons.

L'Italie tente de réduire le flux d'arrivées. Parallèlement à la décision libyenne, l'Italie a instauré une "code de bonne conduite" destiné aux ONG et introduisant des règles précises pour continuer à participer à des opérations de secours au large de la Libye. Alors que l'Italie a vu débarquer plus de 600.000 migrants depuis 2014, essentiellement passés par la Libye, Rome tente de fermer la route, avec le soutien de ses partenaires européens et de l'ONU. L'Italie cherche également à limiter l'afflux de migrants en Libye même, grâce à un meilleur contrôle des frontières sud et à une coopération avec des pays de transit comme le Niger, le Tchad et le Mali.