Indiens bloqués en France : l'avion a atterri à Bombay avec 276 passagers à son bord

L'avion qui avait été immobilisé depuis jeudi en France avec ses 303 passagers indiens en raison de soupçons de trafic d'être humains, a atterri mardi à Bombay.
L'avion qui avait été immobilisé depuis jeudi en France avec ses 303 passagers indiens en raison de soupçons de trafic d'être humains, a atterri mardi à Bombay. © FRANCOIS NASCIMBENI / AFP
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avec AFP
L'avion qui avait été immobilisé depuis jeudi en France avec ses 303 passagers indiens en raison de soupçons de trafic d'être humains, a atterri mardi à Bombay, après avoir été autorisé à repartir. Les autorités indiennes n'ont pas communiqué sur l'arrivée de l'avion, ni indiqué quand ses passagers pourraient sortir de l'aéroport.

Un avion qui avait été immobilisé depuis jeudi en France avec ses 303 passagers indiens en raison de soupçons de trafic d'être humains a atterri mardi à Bombay, après avoir été autorisé à repartir. L'avion, qui avait décollé lundi avec à son bord 276 des passagers initiaux, s'est posé à 04 heures, heures locales (22H30 GMT) dans la métropole de l'ouest de l'Inde, a déclaré un responsable aéroportuaire qui n'est pas autorisé à parler aux journalistes, confirmant les données fournies par le site internet de suivi des vols Flightradar24.

Les autorités indiennes n'ont pas communiqué sur l'arrivée de l'avion, ni indiqué quand ses passagers pourraient sortir de l'aéroport. Parmi les 27 personnes restées en France figurent deux Indiens qui ont été soupçonnés d'être des passeurs. Ces deux suspects, nés en 1984 et 2000, n'ont pas été inculpés mais placés sous le statut plus favorable de témoins assistés et sont donc ressortis libres lundi après leur interrogatoire devant un juge d'instruction parisien.

25 autres voyageurs, dont cinq mineurs, ont été autorisés à rester pour le moment en France après avoir formulé une demande d'asile, qui va être étudiée à l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle, ont précisé les autorités. L'avion, parti de Dubaï aux Emirats arabes unis, avait été immobilisé par la police française jeudi lors d'une escale technique destinée à refaire le plein de carburant à Vatry, près de Paris, déclenchant un feuilleton très médiatisé.

Le parquet de Paris avait expliqué que cette décision avait été prise à la suite d'un "signalement anonyme" selon lequel des passagers étaient "susceptibles d'être victimes de traite des êtres humains" en bande organisée. L'appareil devait se rendre à Managua, la capitale du Nicaragua, où des passagers entendus par la justice dimanche ont dit vouloir se rendre pour un séjour touristique. La justice avait levé dimanche la saisie de l'appareil et les autorités se sont ensuite efforcées d'"obtenir les autorisations nécessaires" à son décollage.

"S'ils sont vraiment victimes de traite, ce n'est pas normal de simplement les faire repartir"

La qualification de traite d'êtres humains en bande organisée n'a pas été retenue pour le moment car les 303 Indiens, selon une source proche du dossier, étaient apparemment montés volontairement dans cet avion. Le parquet de Paris avait demandé le placement en détention provisoire des deux hommes soupçonnés d'être des passeurs. Ils se sont vu notifier une obligation de quitter le territoire français (OQTF), ont dit leurs avocats à l'AFP.

Me Salomé Cohen, avocate d'un des deux mis en cause, a salué auprès de l'AFP "la lecture extrêmement précise et minutieuse de la juge d'instruction qui a su se défaire de la médiatisation de ce dossier". L'enquête judiciaire porte sur des faits présumés d'aide à l'entrée et au séjour irrégulier d'étrangers sur le territoire en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs, a précisé le parquet. Selon une source proche du dossier, ces Indiens, probablement des travailleurs aux Emirats arabes unis, pourraient avoir planifié de se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d'entrer illégalement aux États-Unis ou au Canada.

"On ne sait pas si c'est de la traite d'êtres humains, du trafic de migrants ou ni l'un, ni l'autre... Mais on a quand même gardé dans un aéroport, pendant trois nuits et trois jours, 303 personnes qui étaient en escale, des hommes, des femmes et des enfants. C'est surprenant", avait estimé dimanche auprès de l'AFP Geneviève Colas, la coordinatrice pour le Secours catholique-Caritas du Collectif contre la traite des êtres humains.

"S'ils sont vraiment victimes de traite, ce n'est pas normal de simplement les faire repartir vers un autre pays", avait jugé Mme Colas.

De "mauvaises conditions de vie" à Vatry ?

Selon la préfecture de la Marne, des lits individuels, des toilettes et des douches avaient été installés dans la zone d'attente de l'aéroport, créée de toutes pièces pour faire face à cette situation inédite. Le bâtonnier de Châlons-en-Champagne Me François Procureur s'était ému dimanche de "problèmes d'exiguïté" et de "mauvaises conditions de vie". La justice avait remis en cause dimanche la légalité de la procédure maintenant les passagers dans cette zone d'attente, la jugeant illégale pour trois premiers passagers auditionnés par un juge des libertés et de la détention.

À l'issue d'un embarquement qui a pris plusieurs heures, l'Airbus A340 de la petite compagnie roumaine Legend Airlines s'est finalement envolé lundi à 14H35 (13H35 GMT). "Merci au gouvernement français et à l'aéroport de Vatry pour la résolution rapide de la situation", a réagi l'ambassade d'Inde en France sur X.