Indiens bloqués dans la Marne : l'avion en route vers Bombay, 276 passagers à bord

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© FRANCOIS NASCIMBENI / AFP
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avec AFP , modifié à
L'avion immobilisé depuis jeudi à l'aéroport de Vatry (Marne) a décollé lundi vers 14H40, a constaté un journaliste de l'AFP, avec 276 passagers indiens à bord sur les 303 initiaux, selon une source proche du dossier.

Outre ces deux Indiens, 25 autres, dont deux mineurs, restent pour le moment en France après avoir formulé une demande d'asile, qui va être analysée à l'aéroport Charles-de-Gaulle, a précisé la préfecture de la Marne dans un communiqué.

L'Airbus A340 de la petite compagnie roumaine Legend Airlines, bloqué à l'aéroport de Vatry (Marne) depuis jeudi après-midi après des soupçons de traite d'êtres humains, s'est envolé à destination de Bombay, a-t-elle précisé. Les deux Indiens soupçonnés d'être des passeurs, nés en 2000 et 1984, n'ont pas été mis en examen, mais placés sous le statut plus favorable de témoins assistés et sont donc ressortis libres lundi après leur interrogatoire devant un juge d'instruction parisien.

Le parquet de Paris avait demandé leur placement en détention provisoire. Me Salomé Cohen, avocate d'un des deux mis en cause a salué auprès de l'AFP "la lecture extrêmement précise et minutieuse de la juge d’instruction qui a su se défaire de la médiatisation de ce dossier".

Une information judiciaire pour aide à l'entrée et au séjour irrégulier d'étrangers sur le territoire en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs a été ouverte par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), a précisé le parquet.

"Escale technique" 

La qualification de traite des êtres humains en bande organisée n'a pas été retenue à ce stade, car les 303 Indiens seraient montés volontairement dans cet avion, selon une source proche du dossier.

La justice avait levé dimanche la saisie de l'appareil, et les autorités se sont ensuite efforcées d'"obtenir les autorisations nécessaires" à son redécollage. L'embarquement a pris plusieurs heures. Le personnel de bord est monté aux alentours de midi, puis les passagers, dont certains portant des turbans, sont arrivés par grappes, à bord de bus, et sont montés par une rampe couverte.

L'avion ne devait initialement effectuer qu'une escale technique d'une heure à Vatry, le temps de faire le plein sur son trajet reliant Dubaï (Emirats arabes unis) à Managua, capitale du Nicaragua, où des passagers entendus par la justice dimanche ont dit vouloir se rendre pour un séjour touristique.

Mais il a été immobilisé à la suite d'un "signalement anonyme" selon lequel des passagers étaient "susceptibles d'être victimes de traite des êtres humains" en bande organisée, avait indiqué le parquet de Paris à l'AFP vendredi.

"Pas normal"

Selon une source proche du dossier, ces Indiens, probablement des travailleurs aux Emirats arabes unis, pourraient avoir planifié de se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d'entrer illégalement aux Etats-Unis ou au Canada.

"On ne sait pas si c'est de la traite d'êtres humains, du trafic de migrants ou ni l'un, ni l'autre... Mais on a quand même gardé dans un aéroport, pendant trois nuits et trois jours, 303 personnes qui étaient en escale, des hommes, des femmes et des enfants. C'est surprenant", a réagi dimanche auprès de l'AFP Geneviève Colas, coordinatrice pour le Secours catholique-Caritas du Collectif contre la traite des êtres humains.

"S'ils sont vraiment victimes de traite, ce n'est pas normal de simplement les faire repartir vers un autre pays", avait jugé Mme Colas. Selon la préfecture de la Marne, des lits individuels, des toilettes et des douches avaient été installés dans la zone d'attente de l'aéroport, créée de toutes pièces pour faire face à cette situation inédite.

Le bâtonnier de Châlons-en-Champagne Me François Procureur s'était ému dimanche de "problèmes d'exiguïté et de mauvaises conditions de vie". La justice avait remis en cause dimanche la légalité de la procédure maintenant les passagers dans cette zone d'attente, la jugeant illégale pour trois premiers passagers auditionnés par un juge des libertés et de la détention.