Volodymyr Zelensky 1:30
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avec AFP / Crédit photo : DREW ANGERER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP , modifié à
Au 656e jour de l'invasion russe en Ukraine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky multiplie les réunions au Congrès et à la Maison Blanche pour éviter que les Etats-Unis ne coupent les vivres à son pays en guerre. De son côté, la Russie affirme avancer de manière significative dans le sud de l'Ukraine.
L'ESSENTIEL

Un déplacement pour rien? Volodymyr Zelensky, venu à Washington chercher l'assurance d'un soutien américain renouvelé, a buté mardi sur les divisions du Congrès. Le président ukrainien, en pull noir siglé d'un trident, l'emblème de l'Ukraine, et en pantalon kaki, a plaidé sa cause devant des élus du Sénat, une institution tenue par le parti démocrate du président Joe Biden, favorable à sa cause. Puis devant des membres de la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains, et où l'opposition à une nouvelle aide militaire à Kiev est la plus vive.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, après avoir plaidé au Congrès pour le maintien de l'aide américaine à son pays, est arrivé mardi en début d'après-midi à la Maison Blanche à Washington. Il y sera reçu par le président américain Joe Biden, avec lequel il tiendra une conférence de presse commune vers 16H15

Les informations principales : 

  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky multiplie mardi les réunions, au Congrès et à la Maison Blanche, pour éviter que Washington ne coupe les vivres à son pays en guerre.
  • L'armée russe a avancé "de manière significative" dans la région de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine partiellement occupé.
  • Volodymyr Zelensky, venu à Washington chercher l'assurance d'un soutien américain renouvelé, a buté mardi sur les divisions du Congrès.
  • Les services de renseignement américains évaluent à 315.000 le nombre de soldats russes blessés ou tués depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022.

Le chef du Sénat américain "espère" un accord "bientôt" pour une aide financière à l'Ukraine

Le chef du Sénat américain Chuck Schumer a dit mercredi "espérer" qu'un accord soit trouvé prochainement sur une enveloppe pour l'Ukraine, très débattue au Congrès, et cruciale pour ce pays en guerre. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky était à Washington mardi pour accentuer la pression sur l'allié américain, qui bute pour le moment sur la rallonge de 61 milliards de dollars réclamée par Joe Biden. Les démocrates sont favorables à cette enveloppe.

"Les négociations se poursuivent aujourd'hui entre démocrates, républicains et l'administration Biden", a déclaré le sénateur Chuck Schumer. Il a fait état de "grands progrès" dans les discussions après une réunion mardi après-midi. "J'espère que nous pourrons parvenir à un accord bientôt pour que cette rallonge soit adoptée par le Sénat", a-t-il affirmé depuis l'hémicycle. La porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre s'est elle aussi dite "encouragée" par les "progrès" réalisés dans les négociations.

Les élus américains n'ont que jusqu'à vendredi, date du début des vacances parlementaires, pour parvenir à un compromis sur la nouvelle enveloppe. Les sénateurs pourraient toutefois en théorie être rappelés de leurs circonscriptions si un texte venait à être mis sur la table. Le sénateur républicain Mitch McConnell, également un grand partisan de l'aide à l'Ukraine, s'est aussi voulu confiant mercredi. "J'ai bon espoir que nous parvenions à un accord", a-t-il assuré. 

Les forces ukrainiennes "perdent rapidement leurs positions", soutient Moscou

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré que l'armée ukrainienne perdait "rapidement" du terrain sur le front et que l'effritement du soutien occidental mettait Kiev dans "une situation difficile", dans une interview publiée mercredi. Les Etats-Unis, grand allié de l'Ukraine, "se demandent où va leur argent" car "il n'y a pas de victoire sur le champ de bataille", a-t-il déclaré au média russe Izvestia. "En plus, les forces armées ukrainiennes perdent rapidement leurs positions", a-t-il ajouté.

La Russie, encouragée par l'échec de la contre-offensive ukrainienne, multiplie les assauts sur l'ensemble du front. Mardi, elle a ainsi revendiqué une avancée "significative" dans la région méridionale de Zaporijjia. Son armée a aussi déclenché une offensive d'ampleur autour d'Avdiïvka et de Mariinka, des points chauds du front oriental, d'après les Ukrainiens. Dmitri Peskov a également jugé que des "réserves" apparaissaient dans le soutien des pays occidentaux à Kiev, même si ceux-ci "répètent encore qu'ils soutiendront l'Ukraine autant que nécessaire". Les tergiversations de ses alliés mettent l'Ukraine "dans une situation difficile", a-t-il ajouté.

"L'Ukraine peut gagner", assure Zelensky à Biden

Les troupes ukrainiennes "prouvent tous les jours que l'Ukraine peut gagner" contre la Russie, a dit Volodymyr Zelensky mardi, au début de sa réunion avec son homologue américain Joe Biden dans le Bureau ovale. Le président ukrainien est reçu à la Maison Blanche après s'être rendu au Congrès, où des élus républicains bloquent une prolongation de l'aide militaire américaine.

Le renseignement américain évalue à 315.000 le nombre de soldats russes blessés ou tués depuis le début de la guerre en Ukraine

Les services de renseignement américains évaluent à 315.000 le nombre de soldats russes blessés ou tués depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, a indiqué à l'AFP une source parlementaire américaine mardi. Ce chiffre est cité dans un document, déclassifié et transmis au Congrès, qui estime également que la Russie a perdu 2.200 chars sur les 3.500 qu'elle possédait avant le début de la guerre.

"Si nous perdons, Poutine gagnera"

A entendre le patron de la Chambre, le républicain Mike Johnson, la venue de Volodymyr Zelensky n'a pas levé les doutes du camp conservateur. Ce que l'administration Biden semble vouloir, ce sont des milliards de dollars supplémentaires sans supervision adéquate, sans réelle stratégie de victoire", a-t-il asséné après son entretien avec le chef d'Etat ukrainien, confirmant la réticence des républicains à approuver une nouvelle enveloppe de 61 milliards de dollars pour l'Ukraine, demandée par la Maison Blanche.

Le patron de la majorité démocrate au Sénat, l'autre chambre du Congrès, a lui insisté sur les enjeux de l'aide à l'Ukraine. "Si nous perdons, Poutine gagnera, et ce sera très dangereux pour les Etats-Unis", a déclaré Chuck Schumer après avoir vu Volodymyr Zelensky, et alors que la Russie revendique des avancées militaires "significatives" dans la région de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine. Le président ukrainien, dont c'est la troisième visite au Congrès américain depuis l'invasion de son pays par la Russie en février 2022, a évoqué sur le réseau social X une conversation "amicale et franche" avec les sénateurs.

Moscou "semble croire qu'une impasse militaire pendant l'hiver va saper le soutien occidental à l'Ukraine", la Russie est donc "déterminée à pousser" sur tout le front, a averti la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, Adrienne Watson. Le Congrès américain a engagé plus de 110 milliards de dollars depuis le début de l'invasion russe , mais n'a pas réussi jusqu'ici à s'entendre sur la rallonge demandée par la Maison Blanche, pour tenir au moins jusqu'à la présidentielle de novembre 2024 aux Etats-Unis.

Politique migratoire

Les démocrates sont favorables à cette nouvelle enveloppe. Les républicains n'y sont pas totalement opposés, mais ils entendent lier leur soutien à une revendication de politique intérieure de longue date: un durcissement majeur de la politique d'immigration des Etats-Unis. Le Kremlin a lui estimé mardi que toute nouvelle aide américaine était vouée au "fiasco". La Russie, qui a tourné son économie vers l'effort de guerre, pousse toujours plus fort dans l'est et le sud de l'Ukraine.

Au prix, d'après le renseignement américain, de lourdes pertes : 13.000 soldats russes morts ou blessés depuis octobre et plus de 220 véhicules perdus sur la ligne de front entre Avdiïvka et Novopavlivka, depuis que la Russie est repartie à l'assaut en octobre. L'armée russe a avancé "de manière significative" dans la région ukrainienne de Zaporijjia, partiellement occupée, a affirmé mardi le gouverneur installé par Moscou, Evguéni Balitski. Les Russes ont lancé en outre il y a deux jours une "offensive massive" autour d'Avdiïvka et Mariinka, points chauds du front oriental, a déclaré Oleksandre Tarnavsky, commandant ukrainien de la zone, assurant que ses troupes "tenaient fermement" leurs positions. L'AFP n'est pas en mesure de vérifier ces affirmations des belligérants.

La Russie, qui continue ses frappes quotidiennes à travers l'Ukraine, est aussi suspectée d'être à l'origine d'un "puissant" piratage informatique qui a paralysé le premier opérateur mobile ukrainien Kyivstar, selon les services de sécurité ukrainiens.

"A court d'argent"

Volodymyr Zelensky compte répéter aux sénateurs américains, réunis à 09H00 (14H00 GMT), que l'aide des Etats-Unis est essentielle pour arrêter Vladimir Poutine. Il doit ensuite s'entretenir avec le président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, un échange particulièrement important. Le Congrès n'a en théorie que jusqu'à vendredi -- quand commencent les vacances parlementaires -- pour parvenir à un accord sur des fonds supplémentaires. La Maison Blanche a déjà prévenu qu'elle serait "à court d'argent" d'ici la fin de l'année si rien n'était fait.

L'Ukraine craint qu'un blocage durable aux Etats-Unis puisse aussi affecter l'aide militaire européenne à Kiev, l'UE débattant elle aussi de la suite à donner à son assistance. Le nouveau Premier ministre polonais, Donald Tusk, a néanmoins appelé le monde à "une mobilisation totale" pour l'Ukraine, signal encourageant après une période de tensions avec le précédent gouvernement du pays. Le président Biden, conscient que le sentiment d'urgence s'est bien émoussé à Washington, avait demandé au Congrès de coupler sa demande d'aide pour l'Ukraine à une d'environ 14 milliards pour Israël, un allié des Etats-Unis en guerre contre le Hamas. Pour l'instant, en vain. Le dirigeant démocrate recevra son homologue ukrainien en début d'après-midi à la Maison Blanche, avant une conférence de presse commune.