Ukraine 1:41
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avec AFP , modifié à
Au dixième jour de l'invasion russe en Ukraine, les forces russes encerclent le port stratégique de Marioupol, dans l'est de l'Ukraine. Après avoir annoncé un cessez-le-feu pour permettre l'évacuation des civils, l'opération a été annulée et les russes ont repris l'offensive.
L'ESSENTIEL

Au dixième jour de l'invasion russe, les Ukrainiens ont reporté samedi l'évacuation des civils du port stratégique de Marioupol, invoquant des violations du cessez-le-feu par les forces russes. Ces dernières ont d'ailleurs repris les hostilités contre la ville assiégée en tout début de soirée. 

Les principales informations à retenir :

  •  Le port stratégique de Marioupol, dans l'est de l'Ukraine, est soumis à un "blocus" de l'armée russe
  •  L'offensive sur Marioupol a repris
  • Les Russes occupent le site nucléaire de Zaporijjia, la plus grande centrale atomique d'Europe

L'évacuation de Marioupol reportée

L'armée russe a repris "l'offensive" après le report de l'évacuation de civils de deux villes assiégées dans le sud-est de l'Ukraine, a déclaré samedi le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov. "En raison de la réticence de la partie ukrainienne à influencer les nationalistes ou à prolonger le cessez-le-feu, les opérations offensives ont repris depuis 18h, heure de Moscou", soit 15h GMT, a-t-il déclaré dans un message vidéo.

La Russie a annoncé plus tôt samedi un cessez-le-feu et l'ouverture de couloirs humanitaires pour évacuer les civils du port stratégique de Marioupol et de la ville de Volnovakha voisine. "Pas un seul civil n'a pu quitter Marioupol et Volnovakha le long des couloirs de sécurité annoncés. La population de ces villes est détenue par des formations nationalistes comme boucliers humains", a ajouté le porte-parole du ministère de la Défense. Il a également déclaré que des "bataillons nationalistes" avaient utilisé le cessez-le-feu pour "se regrouper et renforcer leurs positions".

Au moins 350 civils et plus de 9.000 soldats russes tués

Après dix jours de guerre, le bilan est impossible à vérifier de manière indépendante. Kiev fait état d'au moins 350 civils et plus de 9.000 soldats russes tués, sans mentionner ses pertes militaires, et Moscou évoque 2.870 morts côté ukrainien et 498 dans ses rangs. Près de 1,37 million de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février, selon les derniers décomptes de l'ONU, suscitant une forte mobilisation dans les pays frontaliers, notamment la Pologne où s'est rendu samedi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

"Les scènes qui se déroulent aujourd'hui à Marioupol et dans d'autres villes sont déchirantes", a déclaré le CICR, appelant les parties en conflit à protéger les civils en Ukraine. En 2014, Marioupol, ville de quelque 450.000 habitants située sur la mer d'Azov, avait résisté aux assauts des forces prorusses venues de Donetsk notamment.

Moscou annonce un cessez-le-feu pour l'évacuation des civils de Marioupol

La Russie a annoncé samedi un cessez-le-feu pour permettre l'évacuation des civils de deux villes de l'est de l'Ukraine, dont le port stratégique de Marioupol encerclé, après des concertations entre des représentants de Kiev et Moscou. À partir de 7 heures GMT, "la partie russe déclare un régime de silence (des armes) et l'ouverture de couloirs humanitaires pour l'évacuation des civils de Marioupol et Volnovakha", a déclaré le ministère russe de la Défense, cité par les agences de presse russes.

Le ministère a précisé que l'emplacement des couloirs humanitaires et des points de sortie avaient été déterminés en accord avec les autorités ukrainiennes, selon les agences.

"Des corps partout"

"La nuit dernière, les bombardements se sont intensifiés et rapprochés", a indiqué à l'AFP un membre de l'ONG Médecins sans frontières (MSF) encore sur place, ajoutant que les habitants manquaient de tout : eau - au point de devoir ramasser et faire fondre de la neige pour en avoir -, électricité et nourriture, les bombardements ayant détruit de nombreux magasins. Le siège de Marioupol intervient alors que les forces russes se rapprochent de la capitale Kiev, rencontrant une tenace résistance et bombardant parfois des immeubles d'habitation, notamment à Tcherniguiv, à 150 km au nord de la capitale, où des dizaines de civils ont été tués ces derniers jours.

Une équipe de l'AFP qui s'est rendue sur place samedi a constaté des scènes de dévastation dans des quartiers résidentiels - alors que Moscou dit ne pas les viser - dans cette ville de 300.000 habitants qui se vidait de ses habitants, faisant craindre un destin similaire pour Kiev une fois les batteries de missiles et l'artillerie russes aux portes de la capitale. "Il y avait des corps partout au sol. Ils faisaient la queue pour la pharmacie là, ici, et ils sont tous morts", témoigne Sergei, un survivant encore complètement désorienté par le hurlement continu des sirènes, avertissement d'une frappe imminente.

Samedi matin, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a admis que les Russes avaient avancé dans plusieurs directions, tout en affirmant qu'ils ne contrôlaient qu'une "petite portion" de territoire. Il a accusé Moscou d'avoir changé de tactique et de s'en prendre aux civils après avoir rencontré une forte résistance ukrainienne, qui a mis à mal selon lui les plans russes d'invasion des grandes villes et de renversement rapide du gouvernement du président Volodymyr Zelensky.

Ce dernier continuait à défier Moscou et a affirmé samedi que les forces ukrainiennes avaient lancé une contre-attaque autour de Kharkiv (nord), la deuxième ville du pays, théâtre des bombardements parmi les plus intenses depuis le début de la guerre. L'armée russe, qui continue de bombarder intensément les alentours de Kiev au nord-ouest et à l'est notamment, occupe depuis vendredi la centrale nucléaire de Zaporojie (sud), où des frappes de son artillerie, selon les Ukrainiens, ont provoqué un incendie - dont Moscou nie être à l'origine - faisant craindre un accident nucléaire catastrophique.

L'armée russe occupe une centrale nucléaire ukrainienne 

L'armée russe occupe depuis vendredi la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud-est de l'Ukraine, où des frappes de son artillerie, selon les Ukrainiens, ont provoqué un incendie - dont Moscou nie être à l'origine. Cette attaque contre la plus grande centrale nucléaire d'Europe constitue "une immense menace pour toute l'Europe et le monde", a réagi vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield.

"Nous avons survécu à une nuit qui aurait pu mettre un terme à l'Histoire. L'Histoire de l'Ukraine. L'Histoire de l'Europe" : une explosion à la centrale de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, aurait été l'équivalent de "six Tchernobyl", s'est alarmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui doit s'adresser samedi au Sénat américain par visioconférence.