Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 249e jour de l'invasion russe
Alors que la guerre en Ukraine entre dans son 249e jour, les exportations de céréales depuis les ports ukrainiens sont à nouveau "impossibles" en raison du blocus russe qui fait suite à une attaque de drones sur sa flotte à Sébastopol, en Crimée. L'UE craint notamment l'arrivée d'une famine suite à cette décision.
Les exportations de céréales depuis les ports ukrainiens sont à nouveau "impossibles" en raison du blocus russe, au lendemain de la suspension par Moscou de l'accord sur leur acheminement, a indiqué dimanche le ministre ukrainien de l'Infrastructure. Selon le ministre Oleksandre Koubrakov, un navire chargé de 40 tonnes de céréales aurait dû partir d'Ukraine dimanche pour l'Ethiopie, "mais à cause du blocus du couloir céréalier par la Russie, les exportations sont impossibles", a-t-il indiqué sur Twitter.
Cette décision "met en danger la principale voie d'exportation de céréales et engrais dont on a besoin pour répondre à la crise alimentaire mondiale provoquée par la guerre" en Ukraine , a insisté le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell sur Twitter.
Les informations à retenir :
- Pour Moscou, les drones qui ont attaqué en Crimée ont emprunté le corridor sécurisé voué au transport de céréales
- Le blocage des exportations de céréales inquiète à l'international, un risque de famine est évoqué
Un risque de famine
Le transport de céréales ukrainiennes était bloqué dimanche en Mer Noire après que la Russie eut suspendu l'accord sur leurs exportations, vitales pour l'approvisionnement alimentaire mondial, une décision fustigée par Kiev, Washington et l'UE. Moscou a assuré que cette décision a été prise après une attaque de drones sur ces navires en Crimée, mais l'Ukraine a dénoncé "un faux prétexte" et appelé à faire pression pour que la Russie "s'engage à nouveau à respecter ses obligations" pour cet accord conclu en juillet sous égide de l'ONU et de la Turquie, le seul entre Moscou et Kiev depuis le début du conflit.
Le Centre de coordination conjointe (JCC) chargé de superviser cet accord a confirmé qu'aucun mouvement de cargos n'avait été validé pour la journée de dimanche. Neuf cargos ont pu emprunter samedi le corridor maritime en Mer Noire et "plus de dix autres" sont prêts à en faire autant dans les deux sens.
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que la décision russe "ne datait en fait pas d'aujourd'hui". "La Russie a commencé à aggraver la pénurie mondiale de nourriture en septembre, quand elle a commencé à bloquer les mouvements des navires transportant nos productions agricoles", a-t-il affirmé. "Il s'agit d'une intention transparente de la Russie de faire peser à nouveau le spectre d'une famine à grande échelle en Afrique et en Asie", a-t-il ajouté, appelant à une "réponse internationale vigoureuse".
Selon lui, au moins 176 navires transportant plus de deux millions de tonnes de céréales étaient déjà bloqués par Moscou. Le président américain Joe Biden a jugé la décision "scandaleuse". "Il n'y avait aucune raison pour eux de faire cela", a-t-il déclaré à la presse. Le secrétaire d'État Antony Blinken a lui estimé que la Russie "utilise à nouveau la nourriture comme une arme", exacerbant dans le monde "des crises humanitaires et une insécurité alimentaire déjà graves". L'UE a exhorté la Russie à "revenir sur sa décision", qui "met en danger la principale voie d'exportation de céréales et engrais dont on a besoin pour répondre à la crise alimentaire mondiale provoquée par la guerre".
L'ONU "profondément préoccupé" par la situation
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, est "profondément préoccupé" par la situation concernant l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes suspendu par la Russie, a indiqué dimanche son porte-parole dans un communiqué.
Antonio Guterres est engagé dans "d'intenses consultations" afin que la Russie revienne sur sa décision de suspendre l'accord et a décidé, de ce fait, de reporter d'une journée son départ en vue de participer au sommet de la Ligue arabe à Alger mardi, selon la même source.
Les inspections des navires se poursuivent à Istanbul
Les inspections des cargos chargés de céréales ukrainiennes vont se poursuivre "aujourd'hui et demain" à Istanbul, a annoncé dimanche le ministère turc de la Défense, après que Moscou a suspendu sa participation à l'accord signé le 22 juillet en Turquie. "Il est prévu de poursuivre l'inspection des navires chargés de céréales qui patientent à Istanbul aujourd'hui et demain", a indiqué le ministère dans un communiqué.
Le ministère turc de la Défense a ajouté que la Russie avait fait part à Ankara de sa décision. Une source sécuritaire avait indiqué samedi à l'AFP que la Turquie n'avait pas été "officiellement notifiée". Le Centre de coordination conjointe (JCC) chargé de superviser l'accord international signé à Istanbul avait indiqué tôt dimanche qu'aucun mouvement de cargos pour le transport des céréales ukrainiennes en mer Noire n'avait été validé pour la journée de dimanche.
Le JCC, qui réunit des délégués de Russie, d'Ukraine, de Turquie et de l'Onu, comptait cette semaine plus de 170 cargos en attente d'inspection au large d'Istanbul, pour certains depuis 12 jours. L'accord, entré en vigueur le 1er août et qui arrive à échéance le 19 novembre, a permis d'exporter depuis les ports ukrainiens quelque 9,3 millions de tonnes de céréales et autres produits agricoles, selon le ministère turc de la Défense.
La Russie assure que les drones auraient emprunté le corridor voué au transport de céréales
La Russie a déclaré dimanche avoir récupéré des débris des drones utilisés pour attaquer sa flotte la veille à Sébastopol en Crimée , assurant que ces drones avaient utilisé le corridor sécurisé dévolu au transport de céréales et que l'un d'eux pouvait avoir été lancé depuis "un navire civil". "Les drones maritimes se déplaçaient dans la zone de sécurité du 'corridor des céréales'", a déclaré le ministère russe de la Défense, ajoutant avoir "remonté" des débris de drones depuis la mer.
La Russie a suspendu samedi l'accord sur les exportations de céréales des ports ukrainiens, vitales pour l'approvisionnement alimentaire mondial, après cette attaque de drones en Crimée annexée, que Moscou a imputé à l'Ukraine et à la Grande-Bretagne. Face à ces accusations, la Défense britannique a réagi en dénonçant de "fausses informations" destinées à "détourner l'attention", tandis qu'un responsable ukrainien a suggéré qu'une "manipulation négligente d'explosifs" par les forces russes était à l'origine de l'incident.
L'accord céréalier avait permis l'exportation de plusieurs millions de tonnes de céréales coincées dans les ports ukrainiens depuis le début du conflit en février. Ce blocage avait provoqué une flambée des prix alimentaires, faisant craindre des famines. Selon les autorités russes, l'attaque a eu lieu au petit matin samedi avec "neuf véhicules aériens sans pilote et sept drones maritimes autonomes", provoquant des "dégâts mineurs" sur un navire dragueur de mines et sur le barrage de confinement de la baie de Sébastopol.
Certains des drones avaient "des modules de navigations fabriqués au Canada", a ajouté dimanche le ministère russe de la Défense. L'un d'eux pourrait avoir été lancé "depuis l'un des navires civils affrétés par Kiev ou ses maîtres occidentaux pour l'exportation de produits agricoles depuis les ports maritimes de l'Ukraine", a-t-il jugé.