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avec AFP , modifié à
Au 47e jour de l'invasion russe en Ukraine, les forces ukrainiennes ont dit se préparer à la chute de Marioupol, port stratégique du sud-est assiégé depuis plus de 40 jours par l'armée russe et largement détruit, et fortifient leurs positions dans l'est dans l'attente d'une offensive imminente de Moscou. Europe 1 fait le point sur l'évolution de la situation.
L'ESSENTIEL

Les forces ukrainiennes ont dit lundi se préparer à la chute de Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, port stratégique du sud-est assiégé depuis plus de 40 jours par l'armée russe et largement détruit, et fortifient leurs positions dans l'est dans l'attente d'une offensive imminente de Moscou. "Selon nos informations, l'ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l'est. L'attaque aura lieu très prochainement", a averti le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianik. Plus tôt, la Société Générale a annoncé son retrait de Russie.

Les principales informations : 

  • Les séparatistes pro-russes disent avoir conquis la zone du port de Marioupol
  • L'Ukraine se prépare à la chute de Marioupol
  • Le chancelier autrichien "pessimiste" après sa rencontre avec Poutine
  • Un assaut russe en préparation dans l'est
  • La Société Générale annonce son retrait de Russie

Combats à Marioupol

Le chef des séparatistes pro-russes de Donetsk a affirmé lundi que ses forces avaient conquis entièrement la zone portuaire de la ville stratégique de Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, assiégée depuis plus d'un mois. "Concernant le port de Marioupol, il est déjà sous notre contrôle", a déclaré Denis Pouchiline, cité par les agences de presse russes. Le représentant de l'armée séparatiste, Edouard Bassourine, a lui affirmé que les derniers défenseurs ukrainiens se concentraient désormais dans les immenses usines "Azovstal" et "Azovmach".

L'Ukraine se prépare à la chute de Marioupol

"Aujourd'hui sera probablement l'ultime bataille" à Marioupol "car nos munitions s'épuisent", a écrit lundi sur Facebook la 36e brigade de la marine nationale des forces armées ukrainiennes, qui combat dans cette ville. Les Russes font depuis des semaines le siège de Marioupol, dont la prise leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux sur la bande côtière le long de la mer d'Azov en reliant les régions du Donbass à la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

"Ce sera la mort pour certains d'entre nous et la captivité pour les autres. Nous ne savons pas ce qu'il va se passer, mais nous vous demandons vraiment de vous souvenir (de nous) avec un mot gentil", a demandé la 36e brigade aux Ukrainiens. "Pendant plus d'un mois, nous avons combattu sans réapprovisionnement en munitions, sans nourriture, sans eau", faisant "le possible et l'impossible", a ajouté cette unité, précisant que "la moitié" de ses membres sont blessés.

La Russie a "complètement détruit Marioupol", selon Zelensky

"Je suis le premier à trouver la force de dire" que les forces ukrainiennes ne peuvent pas libérer Marioupol, "c'est désormais impossible militairement", avait déclaré dimanche soir sur Youtube Oleksiï Arestovitch, un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky. S'adressant lundi à l'Assemblée nationale de Corée du Sud par visioconférence, Volodymyr Zelensky a affirmé que la Russie avait "complètement détruit" Marioupol, et dit redouter que des "dizaines de milliers de personnes" y aient péri. "C'était une ville d'un demi-million d'habitants. Les occupants l'ont assiégée et n'ont même pas permis d'y acheminer l'eau et les vivres. Les Russes (...) l'ont réduite en cendres".

Il a accusé la Russie de vouloir faire de cette ville martyre "un exemple", appelant la Corée du Sud à aider son pays en lui fournissant des équipements militaires, "des avions aux tanks". Les forces ukrainiennes ont par ailleurs continué ce weekend à fortifier leurs positions dans l'est, autour du Donbass et dans cette région, dont une partie est contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses. Après avoir revu ses plans à la baisse et retiré ses troupes de la région de Kiev et du nord de l'Ukraine, Moscou a fait de la conquête totale du Donbass son objectif prioritaire.

Le chancelier autrichien "pessimiste"

Le chancelier autrichien Karl Nehammer s'est dit "plutôt pessimiste" après sa rencontre avec Vladimir Poutine, qui est selon lui dans une "logique de guerre" et veut enregistrer un "succès militaire" en Ukraine.

La Société Générale cesse ses activités en Russie

La Société Générale a annoncé lundi mettre fin à ses activités en Russie via la cession de la totalité de sa participation dans Rosbank. Très impliquée dans le pays, la banque française était exposée à hauteur de 18,6 milliards d'euros, dont 15,4 milliards pour Rosbank, poids lourd du secteur bancaire russe dans lequel elle était actionnaire majoritaire. 

À l'ouverture de la Bourse de Paris, le titre Société Générale prenait plus de 5%. Le groupe a annoncé lundi matin dans un communiqué avoir signé "un accord" avec le fonds d'investissement russe Interros Capital "en vue de [lui] céder la totalité de sa participation" dans Rosbank ainsi que ses filiales d'assurance en Russie - une cession qui aura un impact négatif de 3,1 milliards d'euros dans ses comptes.

UE : discussions sur de nouvelles sanctions

Horrifiés par les exactions imputées aux forces russes en Ukraine, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont commencé lundi à discuter d'un sixième paquet de sanctions contre la Russie, mais le consensus devient de plus en plus difficile à trouver. La plupart des ministres ont plaidé pour "une approche maximaliste" face à Moscou avec l'arrêt des achats de pétrole et de gaz russes dont les Européens sont très dépendants.

Le géant du diamant Alrosa en difficulté

Le géant russe Alrosa, un des plus gros extracteurs de diamants du monde, a annoncé lundi ne pas pouvoir payer une échéance de dette d'une valeur de 11,6 millions de dollars en raison des sanctions, selon l'agence Interfax. Le groupe est sanctionné par le Royaume-Uni depuis le 24 mars et est tombé vendredi sous le coup de sanctions bloquantes américaines. L'ensemble de ces mesures punitives rend techniquement impossible le remboursement de cette dette. Le groupe n'a pas précisé s'il rembourserait en roubles ou pas du tout, mais, dans tous les cas, s'expose à un défaut.

Kharkiv a été bombardé 66 fois en 24 heures

Des bombardements à Kharkiv (nord-est) et dans sa banlieue ont fait au moins deux morts dimanche, a annoncé le gouverneur régional Oleg Sinegoubov sur Facebook. Selon lui, la ville et sa banlieue, point d'entrée stratégique des forces russes vers le Donbass, ont été bombardés 66 fois en 24 heures.

Aucun bilan récent des victimes civiles n'est disponible, mais il dépasse probablement la dizaine de milliers de morts. Les nombreux cadavres retrouvés à Boutcha, près de Kiev, ont provoqué une indignation internationale. De son côté, le Kremlin a récemment admis des "pertes importantes", mais sans les quantifier. Fin mars, Moscou avait reconnu la mort de 1.351 soldats pour 3.825 blessés, premiers chiffres depuis plus de trois semaines.

La Russie "provoque la faim dans le monde"

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a accusé lundi la Russie de "provoquer la faim dans le monde" avec la guerre en Ukraine, en détruisant les stocks de blé et en empêchant de l'exporter à l'étranger. "Ils provoquent la pénurie. Ils bombardent des villes ukrainiennes et provoquent la faim dans le monde", a déclaré le responsable espagnol à l'issue d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Luxembourg.

Le chancelier autrichien évoque une discussion "difficile" avec Poutine

"La discussion avec le président Poutine a été franche, ouverte et difficile", a déclaré Karl Nehammer après un entretien qui a duré un peu plus d'une heure et n'a pas donné lieu à une poignée de main, selon la presse autrichienne. "J'ai évoqué les graves crimes de guerre à Boutcha et dans d'autres lieux, en affirmant que tous les responsables devront être traduits en justice", a ajouté le chancelier autrichien.

"J'ai clairement fait comprendre au président russe l'urgence de mettre en place des couloirs humanitaires pour acheminer de l'eau comme de la nourriture et évacuer les femmes, les enfants et les blessés des villes assiégées", a souligné le chancelier, insistant sur le fait qu'il ne s'agissait "pas d'une visite amicale".