bombardements immeuble Kiev 3:03
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Nicolas Tonev, édité par Solène Leroux , modifié à
La capitale ukrainienne Kiev a été touchée par des bombardements tôt ce mardi. Dans le même temps, dans la ville limitrophe d'Irpine, les habitants survivent uniquement grâce à l'aide alimentaire, stockée dans les sous-sols. L'envoyé spécial d'Europe 1, Nicolas Tonev, s'est rendu sur place.

Plusieurs explosions entendues ce matin à Kiev. La capitale ukrainienne n'est plus épargnée par les bombes russes. Nicolas Tonev, l'envoyé spécial d'Europe 1 à Kiev, raconte le réveil particulièrement violent pour les habitants. La guerre a sonné à 5h03 ce matin précisément. Selon les autorités, trois quartiers de Kiev ont été touchés dans des frappes russes. Il y a une certitude sur un quartier résidentiel de l'ouest qui se situe à proximité d'une zone extrêmement disputée entre l'armée ukrainienne et les forces russes. Les autres quartiers ne sont pas précisés pour l'instant, car les autorités essaient de ne pas donner trop d'informations, afin que les Russes ne puissent pas réajuster les tirs.

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© NICOLAS TONEV / EUROPE 1

Mais ce sont bien des zones résidentielles qui sont atteintes, ce qui confirme les impressions d'hier, de cette pression autour de la ville. Aux abords de la capitale ukrainienne désormais, on entend quasiment en permanence les bruits de bombardements. On voit les rideaux de fumée sur l'est et l'ouest et les odeurs qui, sous le vent, sont permanentes.

Un point de distribution sous-terrain

Cette pression autour de la ville, évoquée par l'envoyé spécial d'Europe 1, est également visible dans la commune voisine d'Irpine. Une ville à l'ouest de Kiev, presque désertée, où subsistent malgré tout quelques habitants. Ceux qui n'ont pas pu ou pas voulu partir et qui dépendent totalement aujourd'hui de l'aide alimentaire livrée à l'abri des bombes dans les sous-sols. À Irpine, il y a une place avec des lampadaires, quelques arbres. Ce serait presque coquet. Une femme, piéton, fantomatique sur le trottoir de droite. À gauche, des hommes en armes disparaissent entre les bâtiments. Le point de distribution est là, droit devant, engoncé sous un immeuble.

Le sous-sol laisse sortir les derniers servis. "Merci beaucoup, merci beaucoup", insiste un habitant. Pas d'éclairage dans le souterrain, le guide s'enfonce dans l'obscurité, lampe torche à la main. "On donne de la nourriture. Il y a beaucoup de gens aujourd'hui. On donne du lait pour les enfants. On a des biscuits, des conserves de viande. C'est ce qui reste d'aujourd'hui. On a aussi des pommes", détaille un des aidants. Mais "juste assez pour une journée, pas plus", assure un autre. "Il n'y a plus de carburant pour les générateurs, on a eu deux ou trois heures de fonctionnement, alors les gens sont venus recharger leurs batteries. Ils ont pris de la nourriture et sont partis."

L'intransigeance des volontaires

Les réserves sont ridicules. Quand l'aide humanitaire n'arrive pas, il n'y a plus rien à donner le lendemain ou le surlendemain. D'où l'intransigeance des responsables envers les retardataires à l'entrée du souterrain. "Il n'y a plus grand-chose, en fait ?", s'interroge une habitante. "Tu reviendras demain", répond un des volontaires. "Vous n'allez pas en mourir grand-mère, ça suffit", s'amuse-t-il. Elle ne proteste pas. Ceux qui restent ici ne protestent plus, ils tiennent.